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éloquence

nf (é-lo-kan-s')
  • 1Facilité à s'exprimer.
  • 2 Par antonomase. L'art, le talent d'émouvoir et de persuader par le bien dire. Vive source autrefois d'amour et d'éloquence. [Mairet, Sophonisbe] Je hais les pièces d'éloquence Hors de leur place et qui n'ont pas de fin. [La Fontaine, Fables] À ces mots, il se couche ; et chacun, étonné, Admire le grand coeur, le bon sens, l'éloquence Du sauvage ainsi prosterné. [La Fontaine, Fables] L'éloquence est un art de dire les choses de telle façon, 1° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir ; 2° qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion ; elle consiste donc dans une correspondance qu'on tâche d'établir entre l'esprit et le coeur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et de l'autre les pensées et les expressions dont on se sert. [Pascal, Pensées] L'éloquence est un don de l'âme, lequel nous rend maîtres du coeur et de l'esprit des autres. [La Bruyère, I] Que dis-je ! en ce moment Calchas, Nestor, Ulysse, De leur vaine éloquence employant l'artifice. [Racine, Iphigénie en Aulide] L'éloquence est un art sérieux et qui ne joue point un personnage ; jamais un homme de génie, pour faire parade d'éloquence, ne perdit son temps à invectiver Tarquin ou Sylla, ou à s'efforcer d'engager Alexandre à vivre en repos. [Turgot, Ébauche du 2e disc. Progrès de l'esprit humain, p. 302] Cicéron, qui d'un traître a puni l'insolence, Ne sert la liberté que par son éloquence. [Voltaire, La mort de César] Si nous avons d'autres lois de physique que celles de votre temps [le temps de Cicéron], nous n'avons point d'autre règle d'éloquence ; et voilà peut-être de quoi terminer la querelle entre les anciens et les modernes. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] Mais de la poésie usurpant les pinceaux, Et du nom de vertus sanctifiant sa prose, Par la pompe des mots l'éloquence en impose. [Gilbert, Le XVIIIe siècle] Ils ont senti que l'éloquence était une puissance dont il fallait se défier comme de toutes les autres. [Mirabeau, Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné] Venez, votre éloquence, auguste, charitable, Peut-être amollira cette âme impitoyable. [Lemerc. Frédég. et Bruneh. IV, 5] C'est après soixante ans que, par curiosité, par étude, ouvrant un livre [de J. J. Rousseau] dont les pages sont encore animées d'une éloquence qui ne passera pas.... [Villemain, Littér. Tabl. du XVIIIe siècle, 2e partie, 2e leçon.]

    Le dieu de l'éloquence, Mercure. Il [Jupiter] part avec son fils, le dieu de l'éloquence. [La Fontaine, Phil. et Bauc.]

    L'éloquence du coeur, langage éloquent, qui émeut, qui persuade, et qui est suggéré non par l'esprit, mais par le coeur. Croyais-tu que son coeur.... Pour la persuader trouvât tant d'éloquence ? [Racine, Bajazet] Ah ! que la vérité nous donne d'éloquence ! [Delavigne, Le paria]

    Par extension. La physionomie, le geste ont leur éloquence.

    On dit qu'une chose a de l'éloquence, quand l'aspect seul parle pour ainsi dire. Les faits ont leur éloquence. Puis il regagna Maloiaroslavetz, où le vice-roi lui montra les obstacles vaincus la veille ; la terre elle-même en disait assez : jamais champ de bataille ne fut d'une plus terrible éloquence. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

  • 3Il se dit d'un genre d'élocution. L'éloquence de la chaire, du barreau, de la tribune.
  • 4Eloquence est quelquefois pris dans le sens de rhétorique. Quand on parle des règles de l'éloquence, c'est d'une science qu'il s'agit, non d'un talent ou d'une disposition innée.
  • 5Dans quelques circonstances l'éloquence s'oppose à la poésie, et signifie l'ensemble des ouvrages en prose écrits dans une langue. Un cours d'éloquence latine.

SYNONYME

ÉLOQUENCE, RHÉTORIQUE. L'éloquence est proprement l'art ou le talent de parler ; la rhétorique est l'ensemble des préceptes ou des exemples qui font apprendre cet art.

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