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affranchir

vt (a-fran-chir)
  • 1Rendre franc, exempt d'impôt. Le roi affranchit cette ville de la taille. Cette marchandise est affranchie de tous droits à l'entrée.
  • 2 En termes de féodalité, affranchir un héritage, libérer un héritage de quelque servitude, de quelque charge.
  • 3Affranchir une lettre, un paquet, en payer le port en envoyant la lettre, le paquet.
  • 4Rendre libre. Affranchir un esclave. Les noirs des colonies ont été affranchis moyennant indemnité. Thrasybule affranchit des trente tyrans la ville d'Athènes. Dieu ayant affranchi son peuple de la tyrannie des Égyptiens. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] La gloire d'affranchir le lieu de ma naissance. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] .... je veux l'affranchir ensemble et la venger. [Corneille, ib. II, 2] Et d'un si rude joug affranchissons ces lieux. [Corneille, Nicomède]
  • 5Délivrer, en général, de ce qui gêne. Affranchir d'un tribut, de la crainte, du chagrin.
  • 6Figurément. Délivrer d'un mal. Si je puis de sa honte affranchir mon époux. [Corneille, Horace] Allons donc l'affranchir de ces frivoles craintes. [Corneille, La mort de Pompée] Combats pour m'affranchir d'une condition Qui me livre à l'objet de mon aversion. [Corneille, Le Cid] J'attendais que, le temple en cendres consumé, Elle vînt m'affranchir d'une importune vie. [Racine, Athalie] J'aurai d'une rivale affranchi votre amour. [Racine, Bajazet] On affranchit Néron de la foi conjugale. [Racine, Britannicus] .... vos invincibles mains Ont de monstres sans nombre affranchi les humains. [Racine, Phèdre]
  • 7 En termes d'équitation, affranchir un fossé, sauter par delà.
  • 8Affranchir un tonneau, le nettoyer, le purifier, quand le bois est neuf.
  • 9Affranchir un animal, le châtrer.
  • 10 Terme de marine. Affranchir la pompe, lui faire jeter une quantité d'eau plus considérable que celle qui entre dans le bâtiment.
  • 11S'affranchir, vpron À Rome, les esclaves pouvaient s'affranchir à l'aide de leurs épargnes. Tel fut l'accord de la Gaule pour s'affranchir que.... Quand les âmes se seront affranchies des liens du corps. S'affranchir d'une règle. Pour s'affranchir d'un joug injustement imposé. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte] Un homme gémit de l'esclavage où il est [de ses passions] ; et un fonds d'équité, de droiture, de conscience qu'il a dans l'âme, lui fait désirer cent fois de secouer le joug et de s'affranchir d'une telle tyrannie. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 229] Il se faut affranchir des lois de votre empire. [Malherbe, V, 11] Et pour s'en affranchir, tout s'appelle vertu. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Je saurai m'affranchir, dans ces extrémités, Du secours dangereux que vous me promettez. [Racine, Iphigénie en Aulide] Tu voudrais t'affranchir du joug de mes bienfaits. [Racine, Britannicus] Et c'est pour m'affranchir de cette dépendance Que je la fuis partout, que même je l'offense. [Racine, ib. II, 2]
  • 12S'affranchir, en jardinage, se dit d'un arbre greffé, quand de l'endroit greffé se produisent des racines qui s'enfoncent en terre.

SYNONYME

AFFRANCHIR, DÉLIVRER. Affranchir, c'est rendre franc ; délivrer, c'est rendre libre. Rendre franc, c'est élever d'une condition servile à celle d'homme franc ; rendre libre, c'est ôter tout ce qui captive. Délivrer est donc beaucoup plus général et moins précis. Délivrer des esclaves peut aussi bien s'entendre d'esclaves auxquels on donne la liberté, que d'esclaves qu'on arrache au pouvoir de l'ennemi. En revanche, on ne dira pas affranchir des prisonniers, mais affranchir des esclaves, des serfs. L'affranchissement ne s'applique qu'au passage d'une condition sociale à une autre ; la délivrance s'applique à toute sortie hors d'une situation où la liberté nous est ôtée. Quant au sens métaphysique, ces deux mots se confondent beaucoup.

+

13On dit au jeu qu'une carte est affranchie, lorsqu'elle n'est plus exposée à être prise. J'ai fait prendre mon roi pour affranchir ma dame.
14On dit en grammaire comparée qu'un suffixe s'est affranchi, quand le sens particulier primitif s'en est assez effacé pour que ce suffixe puisse devenir d'un usage général. Ainsi le suffixe ment, qui ne s'applique d'abord qu'aux adjectifs à sens spirituel, devient aussi, en s'affranchissant, applicable au sens matériel, comme carrément, blanchement.

Un suffixe se forme aussi par affranchissement de deux suffixes agglutinés ; par ex. le suffixe a primitivement long de Roma, joint au suffixe no, a fait rom-a-nu-s (a long); il s'en est affranchi un suffixe composé ano (a long), qui apparaît dans urb-anus, où, autrement, le a avec accent long n'aurait aucune raison d'être.

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