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air [2]

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  • 1Apparence extérieure. D'abord on ne l'avait point regardé, à cause de ses habits simples et négligés, de sa contenance modeste, de son silence presque continuel, de son air froid et réservé. [Fénelon, Télémaque] Ne vous y fiez pas, elle a, ma foi, les yeux fripons ; je lui trouve l'air bien coquet. [Boileau, Héros de romans.] Les blessures du visage y donnent d'ordinaire certain air violent et guerrier qui ne sied pas mal. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Je ne suis point d'avis qu'on vous peigne en amazone ; vous avez l'air trop doux. [Fontenelle, Lett. XLI] Elle a l'air bien furibond. [Voltaire, L'Écoss. I, 5] Elle avait l'air timide, embarrassé. [Voltaire, L'Enf. prod. IV, 7] Qu'elle est laide à présent, et qu'elle a l'air mauvais ! [Regnard, Dém. amour. IV, 7] De grâce, dites-moi, parlant sincèrement, Sous l'habit de Vénus aurais-je l'air charmant ? [Regnard, ib.] Mon-Dieu ! qu'elle est jolie et qu'elle a l'air mignon ! [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Je l'ai vu ; son même air, son même habit de lin. [Racine, Athalie] J'admirais sa douceur, son air noble et modeste. [Racine, ib.] Elle a l'air doux et semble assez docile. [Col. D'harlev, Célib. III, 10] Un inconnu qui avait un air majestueux. [Fénelon, Télémaque] Votre père me regardait avec un air de compassion. [Fénelon, ib. X] Protésilas reprenant son air sévère et hautain. [Fénelon, Télémaque]
  • 2Un air de famille, une sorte de ressemblance. Avoir un faux air de quelqu'un. Vous avez un peu de l'air de Mme de Sottenville. [Sévigné, 153] Elle a de l'air du coadjuteur. [Sévigné, 86]
  • 3Manière, façon. Il est vrai, madame, que ce jeune prince a fait voir une adresse peu commune, et que l'air dont il a paru a été quelque chose de surprenant. [Molière, La princesse d'Élide] Parlez, Don Juan, et voyons de quel air vous saurez vous justifier. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Et traitent du même air l'honnête homme et le fat. [Molière, Le misanthrope] Au contraire, j'agis d'un air tout différent. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Vous preniez tout l'air d'un méchant garnement. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Les gens de mon air. [Molière, Le misanthrope] Et je me vis à demeurer d'accord Que l'air dont vous viviez vous faisait un peu tort. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Et l'école du monde en l'air dont il faut vivre Instruit mieux à mon gré que ne fait aucun livre. [Molière, L'école des maris] L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris ; il s'est aussi répandu dans les provinces. [Molière, Les précieuses ridicules] Et voyez cependant de quel air on m'écrit. [Corneille, Sertorius] Promenades où il n'y ait ni dissipation dans les airs ni indécence dans les habits. [Fléchier, Sermons de morale] Ces dévotions superficielles qui retranchent à l'extérieur quelques airs mondains et qui laissent au coeur la liberté de ses désirs. [Fléchier, Panég. II, p. 315] Qu'est-ce que ces airs de franchise, de simplicité, de cordialité, que nous affectons quelquefois en parlant au prochain, et lui disant certaines vérités très désagréables ? [Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 299] Ils disent d'un air envenimé ce qui n'avait été dit qu'avec des intentions innocentes. [Massillon, Pard.] Rien ne l'égalait [Louis XIV] ni pour les grâces de sa personne, ni pour la grandeur de son air. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Ce fut d'un air et d'un regard à lui faire croire que c'était Vénus avec toutes ses grâces qui venait de lui parler. [Hamilton, ib. 8] Elle connut à l'air et aux manières de son mari.... [Hamilton, ib.] Il n'y avait point à la cour d'homme de meilleur air. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il me lâcha par la ville pour perdre l'air de la campagne. [Hamilton, ib. 3] J'avais tellement l'air de la cour et du monde.... [Hamilton, ib. 3] Elle n'aura point un air de gouvernante. [Bossuet, Lett. abb. 108] Elles auront assez de l'air d'une dame de province. [Sévigné, 220] Il a pris le mauvais air des officiers subalternes. [Sévigné, 336] Le roi l'avait regardée d'un bon air. [Sévigné, 523]
  • 4Accueil. Elle nous fit un air honnête. [Sévigné, 419] Vous avez vu l'air gracieux que S. M. m'a fait. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]
  • 5 En termes de peinture et de sculpture, un air de tête, des airs de tête, l'attitude d'une tête. Pour former ce vif coloris, ces attitudes si variées, ces airs de tête si passionnés. [Fénelon, Traité de l'existence de Dieu]
  • 6Le bel air, les manières élégantes. J'ai vu les personnes du bel air. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Apprendre le bel air des choses. [Molière, Les précieuses ridicules] Croyant introduire le bel air en traitant les Anglais d'étrangers. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Les beaux esprits et les gens du bel air traiteront d'imbécile un homme qui professe le désintéressement. [Diderot, Disc. prélim.] Ce n'est plus la mode du bel air. [Sévigné, 42] Votre frère est dans le bel air. [Sévigné, 42] Un chapeau du bel air. [Sévigné, 156] Quand on la voit habillée du bel air. [Sévigné, 282] Ils ont pourtant été d'un assez bel air. [Sévigné, 232] Tout le bel air [le beau monde] était sur le théâtre. [Sévigné, 112] Les dames, les jeunes gens, tout le bel air de la cour était pour M. de Luxembourg. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]
  • 7Le grand air, le ton du grand monde. Quels biens sur vous un prince va répandre ! D'abord viendra l'étiquette aux grands airs. [Béranger, Belges.]

    Grand air, un grand air, une belle et noble apparence. La duchesse de Bourgogne avait un grand air, une taille noble. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

    En mauvaise part, les grands airs, des manières hautaines et fastueuses. Barbezieux, avec tous ses grands airs, sentait plus l'intendant que le général d'armée. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 8Bon air, manière élégante, distinguée ; mauvais air, les manières de la mauvaise compagnie. On voit l'impudence devenue un bon air. [Massillon, Pan. Ste-Agnès.] Vous accoutumez les pécheurs à regarder la débauche comme un bon air en l'opposant au ridicule de la vertu. [Massillon, Car. Inj. du monde.] La profession d'incrédulité est presque devenue un bon air parmi nous. [Massillon, Doutes.] L'extérieur de la piété est un mauvais air dont on se cache. [Massillon, Vices.] Il y en a à Vitré qui ont fort bon air. [Sévigné, 555] Il cherchait le bon air. [Pascal, édit. Cous.] Cela n'est point du bon air. [Pascal, Préf. génér.] Il n'affecte point d'avoir son chapeau cloué sur sa tête pour montrer qu'il sait les bons airs. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Vous avez tout à fait bon air avec cet habit. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] M. le comte a tout à fait bon air. [Molière, La comtesse d'Escarbagnas] Il est bien fait, oui, ce petit pendard, il a bon air, bonne physionomie. [Molière, La princesse d'Élide]

    Absolument. Elle n'avait point de taille, encore moins d'air. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Il avait le visage fort agréable, la tête assez belle, peu de taille et moins d'air. [Hamilton, ib. 8] Au lieu de mettre de l'accent dans son parler, il y met de l'air. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Bon air, en parlant des choses. Rien n'est d'un meilleur air pour la maison que de bâtir pendant le procès. [Sévigné, 479] Un château qui a le meilleur air du monde. [Sévigné, 354] Le carrosse qu'on avait fait pour le roi n'avait pas trop bon air. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 9Sorte de manière affectée qui consiste à faire entendre ce qu'on ne témoigne pas. Faire une chose par air. Tout cela était un air pour me faire savoir qu'elle a un équipage. [Sévigné, 69] Quand je vous ai demandé si vous n'aviez point jeté mes lettres, c'était un air. [Sévigné, 98]

    Prendre, se donner des airs, de grands airs, affecter un ton, des manières au-dessus de son état. Bien loin de se donner de ces airs que prennent les gouverneurs en pareille occasion. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Vous voyez les airs qu'elle se donne. [Hamilton, ib. 8] S'étant aperçue des airs que Sydney se donnait. [Hamilton, ib. 10] Avec cela, on fait le fier, on se donne des airs. [Voltaire, L'homme aux quarante écus]

    Se donner l'air de, prendre l'air de, se montrer comme.... Pour parer mon discours et me donner l'air d'habile homme. [Molière, Le médecin malgré lui] Ces airs mystérieux qu'on se donne. [Fléchier, Oraisons funèbres] Je ne saurais me donner des airs de singularité. [Massillon, Visit.] Mme Guyon continue à se donner un air prophétique. [Bossuet, Relat.] Pour leur apprendre à prendre un air de guerre. [Sévigné, 559]

    Familièrement. Se mettre sur son air, prendre une certaine manière d'être. Enflé de ses premières prospérités, il s'était mis sur son air vainqueur pour achever cette dernière conquête. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

  • 10En parlant des choses, avoir l'air, avoir un air de, paraître. Votre dernière lettre a un air de gaieté. [Sévigné, 491] Nous voulûmes donner à cette chambre un air d'accouchement. [Sévigné, 5] Cela a toujours l'air d'un miracle. [Sévigné, 478] Quoique ces paroles aient un air de dureté bien sec. [Bossuet, Dév. I] Et ses effets soudains ont de l'air des miracles. [Molière, L'école des femmes]
  • 11 En termes de manége, allure du cheval. Airs bas, ceux où le cheval manie près de terre ; airs relevés, ceux où le cheval s'enlève davantage.
  • 12Suite de tons et de notes qui composent un chant. Il se dit aussi du chant et des paroles. Chanter des airs à boire. J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter. [Chénier, Élégies] Vivent les grands airs Du conservatoire ! [Béranger, Chansons] Que leur nom retentit dans les airs que l'on chante. [Régnier, Satires]

    N'être pas dans l'air, ne pas chanter exactement un air.

    Fig. Je connais des paroles sur cet air-là, j'ai déjà entendu les mêmes choses, les mêmes opinions, les mêmes excuses, etc.

    Fig. Avoir l'air à la danse, annoncer des dispositions à réussir dans ce qu'on fait, être disposé à faire ce dont il s'agit, être vif et dispos.

REMARQUE

1. Elle a l'air fâché ou fâchée. L'adjectif se rapporte également au sujet du verbe ou à son propre substantif. Quelques grammairiens ont voulu régler l'emploi de ces deux accords et fonder sur des nuances fines, mais arbitraires, le choix de l'un ou de l'autre ; mais l'usage a rejeté avec raison ces distinctions, et conserve à celui qui parle ou qui écrit une entière liberté. Il est toujours entendu que, pour que cette liberté existe, l'adjectif doit pouvoir se rapporter aux deux substantifs. S'il était impossible qu'il se rapportât à l'un des deux, il faudrait nécessairement l'accorder avec l'autre. Ainsi on dira : Cette femme a l'air enceinte, et non pas l'air enceint, puisque enceint n'a pas de masculin dans ce sens. Ils ont l'air fâchés de ce qu'ils viennent d'apprendre, parce que le complément de ce qu'ils viennent d'apprendre ne peut être une cause de fâcherie que pour les personnes et non pour l'air. [Jullien, p. 234] On peut ajouter que, quand le sujet est un nom de chose, il vaut mieux accorder l'adjectif avec ce nom qu'avec air. Cette poire a l'air mûre ; cette maison a l'air gaie. En effet, on ne peut que difficilement concevoir que l'air de la poire, de la maison, soit mûr ou gai. Cette proposition n'a pas l'air sérieuse. [Voltaire, Remarque sur les Horaces] Cependant quelques écrivains ont, même en ces cas, accordé l'adjectif avec air. La tuile a l'air plus propre et plus gai que le chaume. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] En voilà une [statue] qui a l'air bien grossier. [Fénelon, Fable, XXV, 3]

2. Grand air, air grand. Ce sont deux choses bien différentes. On dit d'un homme qui vit en grand seigneur : il a le grand air. On dit d'un homme dont la physionomie est noble et la mine haute, qu'il a l'air grand. [Bouhours, Remarques sur le langage]

3. De même, ne confondez pas mauvais air avec air mauvais, bon air avec air bon, etc. Il a mauvais air, il a des manières de mauvaise compagnie ; il a l'air mauvais, il paraît méchant. Il a bon air, il a des manières de bonne compagnie ; il a l'air bon, il paraît d'un bon caractère.

4. De Caillières (1690) remarque qu'à la cour on dit : Il se donne d'un air d'homme à bonne fortune ; ces sentiments-là vous donnent d'un air de vieillard ; et Bouhours, Nouv. rem. dit : " Prendre l'air, c'est ainsi qu'on parle ; prendre de l'air, comme disent quelques-uns, c'est mal dit. " Ces locutions sont mauvaises, et le de ne peut être accepté. Mais que faut-il penser de ces phrases-ci : Cela a bien de l'air d'une chimère, LE PRÉSIDENT HÉNAULT, ; et : Vous ne devez pas trouver étrange que, vous aimant comme je le fais, je sois si facile à m'alarmer sur toutes les choses qui ont de l'air d'une faute. [Racine, Lettre 19 à son fils] Féraud fait observer, à l'occasion de ces deux phrases, que ce de est inutile et contre l'usage ; en effet, ce n'est que quand on parle de la ressemblance qui existe entre les traits du visage de deux personnes, que le de s'emploie avant le mot air : Ils ont bien de l'air l'un de l'autre ; ils ont beaucoup d'air l'un de l'autre. Mais ici on doit dire que ce de est partitif, et atténue la force de l'expression dans la phrase de Racine, ainsi : sur toutes les choses qui ont de l'apparence d'une faute. Quant à l'exemple du président Hénault, le de est sans doute amené par l'adverbe de quantité bien qui le précède.

SYNONYME

AIR, MINE. Les auteurs de synonymes adjoignent d'ordinaire physionomie ; mais physionomie ne s'appliquant qu'au visage, ne peut pas être synonyme de mine et d'air qui s'appliquent à toute la personne. Mine et air sont très voisins. Ce qui paraît le plus les distinguer, c'est que mine se rapporte plutôt à l'apparence de la personne, et air plutôt aux manières et au maintien. Un homme de bonne mine, c'est un homme dont la personne est d'un bon aspect ; un homme de bon air est un homme dont les manières sont bonnes. Un malade a meilleure mine, quand des signes du retour de la santé se manifestent. Un jeune homme a meilleur air, quand il s'est habitué à la politesse du monde.

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2.
13Donner de l'air à, ressembler (locution vieillie). Bayle, note i de l'article Patin (Guy), cite un éloge de cet auteur où on lit : Feu M. Huguetan, avocat de Lyon, qui le connaissait particulièrement, trouvait qu'il donnait de l'air à Cicéron dont on voit la statue à Rome. Bayle ajoute en note : Cette phrase est fort en usage à Genève et dans ces quartiers-là.
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