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bout [1]

nm (bou ; le t se lie : de bout en bout, dites : de bou-t en bout)
  • 1La portion qui termine un corps, un espace. Le bout des rames. Le bout de la queue. Les deux bouts d'une corde. Le bout du champ. Bâton à deux bouts, sorte de bâton avec lequel on peut frapper aussi bien par un bout que par l'autre. Je l'ai trouvé, seigneur, au bout de cette allée, Où la clarté du ciel semble toujours voilée. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Un architecte avait bâti une maison dans un bout de la ville de Paris. [Fénelon, III, 167] Qui n'a pas besoin de mettre les bras d'un autre au bout des siens. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Notre principal avantage est au bout de nos doigts : nos paysans ont eu l'industrie de travailler en horlogerie pour les Génevois. [Voltaire, Correspondance] [Le nain] Sur un pied danse Au bout d'un flot. [Hugo, Les orientales] Que les Romains, pressés de l'un à l'autre bout, Doutent où vous serez, et vous trouvent partout. [Racine, Mithridate]

    Fig. L'aridité des calculs est presque toujours l'ennemie mortelle de la littérature ; heureux les esprits bien faits qui touchent à la fois à ces deux bouts ! [Voltaire, Correspondance] Mon Dieu ! nous savons tout. - Quoi ? - Votre procédé de l'un à l'autre bout. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Aux deux bouts de la terre, par toute la terre. Aux deux bouts de la terre étendre mes travaux. [Corneille, Le Cid] Que cent peuples unis des bouts de l'univers. [Corneille, Horace] La guerre Que sa fureur [de Rome] envoie aux deux bouts de la terre. [Racine, Mithridate] Rassemblez-vous des bouts de l'univers. [Racine, Esther] Faites, déesse, que ma lyre.... Aux deux bouts du monde aille dire Des chansons dignes de mon roi. [Racan, Ode au roi.] Mais qu'est-il ce renom ? c'est le bruit du tonnerre Qui, volant tout à coup aux deux bouts de la terre, Dure à peine quelques instants.... [Gilbert, Le prince de Salm.] D'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout. [Béranger, Vieux habits.]

    Au bout de l'univers, dans des contrées très éloignées. Au bout de l'univers, va, cours te confiner. [Racine, Bérénice] S'il y eût eu un homme comme vous, j'eusse été le chercher au bout du monde. [Fontenelle, Apicius, Galilée.]

    Par exagération. Être logé au bout du monde, dans un quartier fort éloigné. Dans le temps que nous sommes aux deux bouts de la terre. [Sévigné, 227]

    Fig. et familièrement. C'est tout le bout du monde, c'est tout ce que la chose vaut, tout ce qui est possible. Je pars, et si je vous écris encore lundi, c'est tout le bout du monde. [Sévigné, 153]

    Terme de manége. Mettre les deux bouts en dedans, faire travailler un cheval, de manière que la tête se rapproche de la croupe.

    Bout à bout, loc. adv. À bouts se touchant. Tuyaux assemblés bout à bout.

    Fig. Les nombres sont bout à bout à la suite l'un de l'autre. [Pascal, Pensées] Quatre Mathusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce qu'un seul désire. [La Fontaine, Fables]

    Mettre bout à bout, au propre et au figuré, rapprocher et réunir de petites portions d'une chose. Mettez bout à bout ces morceaux de ruban. Si l'on mettait bout à bout toutes les heures que l'on perd, on ferait un long espace de temps.

    D'un bout à l'autre, loc. adv. Du commencement à la fin, entièrement. J'ai visité le parc d'un bout à l'autre. J'ai entendu son discours d'un bout à l'autre. Il a pu vous dire ma maladie d'un bout à l'autre. [Sévigné, 292]

    De bout en bout, loc. adv. Même sens. Le ciel est noir de bout en bout. [St-amand, Oeuvres, 78] Les cris.... qui.... Firent de bout en bout retentir les déserts. [La Fontaine, Psyché, I, p. 34] Lise de bout en bout lui conte le mystère. [La Fontaine, Comment l'esprit, etc.] Lui dit de bout en bout toute la vérité. [La Fontaine, Ch. imp.] Contez-lui votre cas De bout en bout. [La Fontaine, Fais.] Momus, alors présent, reprit de bout en bout De nos deux envoyés les harangues frivoles. [La Fontaine, Quinquina, II] Vous saurez tout cela tantôt de bout en bout. [Molière, La princesse d'Élide]

    Bout-ci, bout-là, par-ci, par-là.

    Terme de jeu de domino. Le bout ouvert, le bout de la rangée de dominos auquel on peut encore poser des dés.

    À bout portant, loc. adv. C'est-à-dire le bout de l'arme étant mis près de l'objet qu'on vise.

    Fig. On a vu le mot étrange, à bout portant, que Tonnerre, évêque comte de Noyon, lâcha au roi en plein petit couvert. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Au bout de la plume. Voir Au bout de la langue.

    Ce mot est resté au bout de la plume, il a été oublié.

  • 2Extrémité des parties du corps. Le bout du pied. Le bout de la langue. Le bout de l'oreille.

    Au bout de la langue, au bout de la plume, en parlant de ce qui est dit, écrit avec facilité. Quand ils se trouvent au bout de ma plume. [Sévigné, 299] Dès qu'un mot se trouvait au bout de sa langue ou de sa plume. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Avoir un mot sur le bout de la langue, chercher dans sa mémoire un mot qu'on croit tenir et qui ne vient pas.

    Rire du bout des dents, rire sans en avoir envie. On dit aussi rire du bout des lèvres.

    Dire quelque chose du bout des lèvres, le dire par condescendance et sans vouloir être pris au sérieux. Ce que vous m'accordâtes du bout des lèvres et que vous fîtes pour m'obliger. [Voiture, Lettres]

    Montrer le bout de l'oreille, un bout d'oreille, laisser pénétrer sa pensée, ses desseins.

    Savoir une chose sur le bout du doigt, la savoir parfaitement, de mémoire.

    Toucher du bout du doigt, toucher légèrement, au propre et au figuré.

    Toucher à une chose du bout du doigt, être près d'y arriver, de l'atteindre. On y touchait du bout du doigt, quand tout a manqué.

    Le bout du sein, ou, simplement, le bout, le mamelon. L'enfant n'a pas encore pris le bout. Elle ne peut nourrir faute de bout.

    Bout de sein, instrument de caoutchouc ou d'ivoire ramolli, destiné à former le bout du sein chez les nouvelles accouchées, ou à préserver le mamelon malade.

    Des bouts d'ailes, les extrémités des ailes de certains oiseaux bons à manger. Une terrine de bouts d'ailes.

    Des bouts d'ailes, des plumes du bout de l'aile des oies dont on se sert pour écrire.

  • 3Le bon bout, le côté par où il convient de prendre une chose. Prendre une chose par le bon bout, la prendre comme il faut. À quiconque le sait prendre par le bon bout. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Mais je les veux avoir par le bon bout. [La Fontaine, Papef.]

    Par quelque bout que vous preniez cette affaire, de quelque façon que vous l'entrepreniez. Prendre quelqu'un par tous les bouts, faire auprès de lui toutes les tentatives imaginables pour le décider, le persuader, etc.

    On ne sait par quel bout le prendre, se dit de quelqu'un dont l'humeur est revêche et difficile.

    Se mettre sur le bon bout, se mettre sur un bon pied, faire plus de dépenses. La cour ne se mit pas seule sur le bon bout ; Et le luxe passa jusqu'à la bourgeoisie ; Chacun fit de son mieux, ce n'était qu'or partout. [La Fontaine, Lettr. I]

    Terme de marine. Le bon bout, le bout du câble qui reste à bord.

    Fig. Et toujours retenez le bon bout à la main, De crainte que le temps ne détruise l'affaire. [Régnier, Satires]

  • 4Le haut bout, la place la plus honorable. À table, au plus haut bout il veut qu'il soit assis. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Fig. Cela avec Escobar les met au haut bout. [Pascal, Les provinciales] Peu de gens en leur estime Lui refusent le haut bout. [La Fontaine, Fables] Les Dominicains en Espagne, comme partout ailleurs où elle [l'inquisition] est établie, tenaient le haut bout. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Le bas bout, une des dernières places. Ils furent admis à sa table au bas bout, sans que le seigneur du château les honorât du regard. [Voltaire, Zadig, ou La destinée] Je me refuse d'être au bas bout, non parce qu'il est bout.... [Pascal, Grand. 21]

  • 5Ce qui garnit l'extrémité de certaines choses. Un bâton qui a un bout de fer, c'est-à-dire qui est ferré par le bout. Des bouts de manche, petites manches qu'on met par-dessus les manches de son habit pour les préserver. Bouts de souliers, morceau de cuir qu'on met à la semelle quand elle est usée. Bout de fleuret, le bouton qui garnit la pointe du fleuret.
  • 6Petite partie, petit morceau. Un bout de lettre. Un bout de corde. Entendre un bout de messe, un bout de sermon.

    Dans un autre sens, un bout de discours, un discours très peu étendu. Il n'a fait qu'un bout de plaidoyer. Il n'avait dans cette pièce qu'un bout de rôle.

    Un bout d'homme, un petit bout d'homme, un homme très petit.

    Des bouts de chandelle, ce qui reste d'une chandelle consumée en partie.

    Familièrement. Une économie de bouts de chandelle, une épargne mesquine et sans utilité. On dit que le contrôleur général a fait retrancher.... ces ménages de bouts de chandelle ne sont peut-être pas ce qui fait fleurir un État. [Voltaire, Correspondance]

    Bout de boudin, voir BOUDIN.

  • 7Terme, point où quelque chose cesse. Le bout de l'année. Au bout de huit jours. Le bout du chemin. Et comme au bout d'un an sa santé fut parfaite.... [Corneille, Polyeucte] On en fait revivre un au bout de vingt années.... [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Il tomba dans leurs fers au bout de sa poursuite. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Savoir discerner.... d'un bien qui s'envole un qui n'a point de bout. [Malherbe, I, 4] Je ne me suis connu qu'au bout de ma carrière. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] La moindre taupinée était mont à ses yeux ; Au bout de quelques jours le voyageur arrive.... [La Fontaine, Fables]

    Être au bout de sa carrière, toucher au terme de sa vie.

    Fig. À tout bout de champ, à tout propos.

    Bout de l'au, service funèbre qui se célèbre un an après le décès de quelqu'un. On fit à St-Denis le bout de l'an du Dauphin et de la Dauphine. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Je fais des bouts de l'an de tout. [Sévigné, 115]

    Fig. Joindre les deux bouts, avoir tout juste de quoi subsister. Le maréchal de Choiseul savait trouver les deux bouts de l'année sans dettes. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] La locution entière est : joindre les deux bouts de l'an, c'est-à-dire aller, sans dépasser son revenu, d'un bout de l'an à l'autre. Fig. Être au bout de son rôle, de son rôlet, de son rouleau, ne savoir plus que dire, que faire. Ils voient à tous moments le bout de leur esprit. [Sévigné, 432] Il se voit tous les jours au bout de son fonds. [Bossuet, II, Jos. 2]

    Il est au bout de ses écus, il a épuisé ses ressources.

    N'être pas au bout, avoir encore bien des choses pénibles à supporter.

    Et haïe au bout, locution vieillie et hors d'usage, qui se disait pour signifier : et quelque chose de plus. Il a dix mille livres de rente, et haïe au bout. Haïe paraît ici une simple exclamation pour désigner quelque chose vaguement, quelque chose qu'on ne peut ou ne veut désigner précisément.

    Jusqu'au bout, loc. adv. Jusqu'à la fin. Vous êtes généreux, soyez-le jusqu'au bout. [Corneille, Polyeucte] Sa vertu jusqu'au bout ne s'est pas démentie. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Voyons si ta constance ira jusques au bout. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Je veux voir jusqu'au bout quel sera votre coeur, Et si de me trahir il aura la noirceur. [Molière, Le misanthrope] Pousser l'examen jusqu'au bout. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Jusqu'au bout il a poussé l'outrage. [Racine, Andromaque] Suivons jusques au bout ses ordres favorables. [Racine, Britannicus]

    À bout, loc. adv. Être à bout, être épuisé. Mais je sens que bientôt ma douceur est à bout. [Racine, Athalie] Un reste de respect en pouvait être cause, Mais c'est trop me pousser, ce respect est à bout. [Molière, Le dépit amoureux] Je me trouve à bout de ma subtilité. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Sa patience et son espoir furent à bout. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Les valets enrageaient, l'époux était à bout. [La Fontaine, Fables] À bout sur un frère si extravagant [que d'Aubigné], Mme de Maintenon fit tant par St-Sulpice qu'on lui persuada de quitter ses débauches. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Terme de manége. Être à bout, se dit d'un cheval outré de fatigue.

    Terme de vénerie. Être à bout de voie, se dit d'un limier qui se perd ; et fig. ne plus savoir que faire.

    Mettre à bout, vaincre, réduire. Les Grecs.... Par mille assauts, par cent batailles, N'avaient pu mettre à bout cette fière cité. [La Fontaine, Fables] Nous mettrons autant de coeurs à bout Que nous voudrons en entreprendre. [La Fontaine, Joc.] Pour mettre à bout les plus cruelles.... [Molière, L'amphytrion]

    Mettre à bout, irriter, fatiguer, impatienter. Et tu me mets à bout par ces contes frivoles. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il met sa patience à bout. [Bossuet, Obl. 1] Il n'y a point de patience que vous ne mettiez à bout. [Pascal, Les provinciales] Sitôt qu'il aura mis ma patience à bout. [Corneille, Agésilas]

    Pousser à bout, irriter, et aussi réduire à ne pouvoir répondre, mettre à quia. Ils lui conseillent de ne le point pousser à bout. [Corneille, Le Cid] La reine.... Sachant ce que je puis, me pousse trop à bout. [Corneille, Nicomède] Faut-il pousser à bout une reine obstinée ? [Corneille, Sertorius] On pousse ma douleur et mes soupçons à bout. [Molière, Le misanthrope] Voilà donc comme parle cet amant outré et poussé à bout. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les esprits poussés à bout par tant d'injustices. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] C'est pousser l'amour à bout, que.... [Bossuet, Lett. Corn. 99] Ce raisonnement pousse à bout la subtilité de nos adversaires. [Bossuet, Déf.] comm, On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre, Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois, Inventa du sonnet les rigoureuses lois. [Boileau, L'art poétique] Poussons à bout l'ingrat. [Racine, Bajazet] Il fallait pousser à bout de tels imposteurs. [Pascal, Les provinciales]

    Pousser à bout, porter à l'extrémité, exagérer. Il pousse à bout toutes les décisions. [Bossuet, Rem.] Poussant à bout ses maximes. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Si l'on voulait pousser à bout la subtilité. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Venir à bout d'un dessein, d'une entreprise, réussir. Il croit que son remède viendra à bout de tout. [Sévigné, 412] Sans pouvoir en venir à bout. [Sévigné, 536] Ils n'entreprennent rien qu'ils n'en viennent à bout. [Régnier, Satires] En viendrons-nous à bout ? [Corneille, Le menteur] Mettez à bout l'effet qu'amour a commencé. [Rotrou, Venceslas] Thalès disait que [de toutes les choses] la plus forte était la nécessité parce qu'elle venait à bout de tout. [Fénelon, Thalès.] Le père, pour venir à bout D'une précaution sur qui roulait la vie De celui qu'il aimait.... [La Fontaine, Fables] Je ne viendrais jamais à bout De nombrer les faveurs que l'amour leur envoie. [La Fontaine, Joc.] L'Église est enfin venue à bout d'exterminer cette superstition, mais il lui a fallu du temps. [Fontenelle, Histoire des oracles]

    Venir à bout de, triompher, vaincre. Par là de nos mutins le feu roi vint à bout. [Corneille, La mort de Pompée] Je vous plains fort tous deux s'il vient à bout de moi. [Corneille, Don Sanche] Mais quand j'ai bien mangé, mon âme est ferme à tout, Et les plus grands revers n'en viendraient pas à bout. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Je me porte à merveille, quoique je fasse tout ce qu'il faut pour venir à bout de ma santé. [Diderot, Lett. à l'abbé Lemonier.] Ah ! certes celui-là l'emporte et vient à bout De toute ma raison. [Molière, Le dépit amoureux]

    Fig. Au bout du compte, loc. adv. Tout bien considéré. On vous fait de grandes promesses ; mais, au bout du compte, qu'avez-vous obtenu ?

  • 8 Terme de marine. L'avant, la proue d'un navire. Avoir le vent de bout, se dit quand le vent vient du côté de l'avant.

    Aller bout au vent, aller contre le vent.

    Donner le bout à terre, aborder droit.

    Aborder de bout au corps, aborder un bâtiment par le travers.

    Filer un câble par bout, le laisser sortir tout entier par l'écubier.

  • 9 Terme de serrurerie. Clef à bout, clef dont la tige n'est pas forée.

    Terme de graveur. Bout, outil de graveur en pierre dure.

  • 10Bouts-rimés. Voyez ce mot à son ordre alphabétique.

    Bout-saigneux. Voir BOUT-SAIGNEUX.

PROVERBES

Au bout le bout, cela durera autant que cela pourra.

Au bout du fossé la culbute, se dit de ceux qui, par insouciance ou perversion de sens, se résignent aux tristes conséquences qui résulteront de leur conduite.

Au bout de l'aune, faut le drap, c'est-à-dire toutes choses ont leur fin.

Brûler la chandelle par les deux bouts, faire des dépenses de toute espèce, et figurément, ruiner sa santé par des excès de différents genres.

SYNONYME

BOUT, EXTRÉMITÉ, FIN. Mots qui expriment l'endroit où une chose se termine. Bout diffère d'extrémité et de fin, en ce qu'il emporte toujours l'idée d'une certaine longueur, d'un bout en un mot, tandis que extrémité et fin n'expriment que la limite abstraite qui borne une chose. Le bout du doigt, c'est une portion de doigt ; l'extrémité du doigt est la surface qui termine le bout du doigt. À un autre point de vue, bout termine une étendue en longueur ; extrémité la termine en tous les sens : le bout d'un bâton ; les extrémités d'une surface ; bout fait considérer une chose dans sa longueur ; extrémité la fait considérer par rapport aux parties centrales. Tandis que bout et extrémité sont relatifs à l'étendue et à l'espace, fin l'est au temps et à la durée ; c'est l'action de finir qu'il exprime : la fin de la vie ; la fin d'un spectacle, d'un concert. Fin a rapport au commencement, comme bout a rapport à un autre bout, comme extrémité a rapport à un centre. Quand fin s'applique à l'étendue, ce qui arrive quelquefois, il exprime, à vrai dire, le temps que l'on met à parcourir cette étendue : un désert sans fin, est un désert qui ne finit pas ; un désert sans bout ou sans extrémité, ne pourrait se dire, car on ne conçoit pas qu'un désert n'ait pas un bout, si on le considère dans sa longueur, ou des extrémités, si on le considère en tous sens. On ne dit pas le bout d'un cercle ; mais, dans une place circulaire, on dirait fort bien qu'on va ou qu'on est au bout, en considérant la ligne à parcourir. Nous disons très bien aller au bout de la terre, parce que nous considérons la distance qui nous sépare d'un point ; et de même au bout du monde. On ne dirait pas au bout du globe, au bout de la sphère, parce qu'un globe, une sphère, n'étant point en longueur, n'ont pas de bout.

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