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carte

nf (kar-t')
  • 1Proprement, papier, usité seulement en cette locution : carte blanche, carte sur laquelle il n'y a rien de tracé.

    Fig. Plein pouvoir. J'ai carte blanche là-dessus.... L'alla trouver, lui mit la carte blanche. [La Fontaine, Cal.] Charles donna carte blanche à son ministre. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Un roi peut ignorer ce que fera un général à qui il aura donné carte blanche. [Voltaire, Correspondance] Le duc d'Angoulême a carte blanche pour les récompenses. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Anciennement, offrir la carte blanche, provoquer en duel. Et je ne vois rien de si beau, D'aller à tout venant offrir la carte blanche ; Mais si vous commenciez lundi Ce jeu digne d'un étourdi, à peine iriez-vous au dimanche. [Regnard, Souhaits, 4]

  • 2Feuille épaisse faite de plusieurs feuilles de papier collées ensemble. On fait des ornements de plafonds avec la carte dorée. Le côté gauche n'était paré que d'un chapeau dans un étui de carte. [Scarron, Le Roman comique]

    Carton dont se servent les artificiers.

    Carte en deux, en trois, carton composé de deux, trois feuilles de gros papier gris.

    Gros carton pour former les cartouches les plus fortes.

    Terme de soierie. Mettre un dessin en carte, c'est faire sur un papier quadrillé le plan du tissu que l'on veut produire, en marquant minutieusement la place de chaque fil.

  • 3Carte à jouer, ou simplement, carte, petit carton fin en carré long, marqué d'un côté d'une figure ou d'une couleur (Voyez TAROT). Jouer aux cartes. Battre ou mêler les cartes. Donner, faire les cartes. Pourquoi voit-on des imbéciles qui y excellent [au jeu d'hombre ou d'échecs], et de très beaux génies qui n'ont pu même atteindre la médiocrité, à qui une pièce ou une carte dans les mains trouble la vue et fait perdre la contenance ! [La Bruyère, 12] Les cartes emploient le loisir de la prétendue bonne compagnie, d'un bout de l'Europe à l'autre. [Voltaire, Correspondance]

    Carte haute, celle qui est marquée d'une figure ; carte basse, celle qui n'est marquée que d'une couleur. Fausse carte, carte marquée avec laquelle on pipe au jeu, et aussi, carte entrée seule dans un jeu et qui est désavantageuse.

    Avoir cartes blanches, n'avoir aucune figure dans son jeu.

    Faire la carte, perdre la carte, gagner, perdre l'avantage attribué au joueur qui fait le plus de levées.

    Fig. On ne sait jamais avec lui de quelle carte il retourne, c'est-à-dire l'on ne sait à quoi s'en tenir, ni ce qu'il veut.

    Le dessous des cartes, le côté coloré qui reste caché quand on donne ou qu'on coupe ; et figurément, ce qu'il y a de caché dans une affaire. Une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous des cartes de toutes les choses que nous croyons voir et que nous ne voyons pas SÉV. 197. On ne voit jamais le dessous des cartes. [Voltaire, Microm. 4]

    À l'écarté et quelques autres jeux, demander cartes, demander des cartes, proposer d'écarter, de mettre de côté un certain nombre de cartes dont on n'est pas content pour en prendre de nouvelles.

    Prendre les cartes, se dit d'un joueur qui en remplace un autre. J'ai perdu ; à vous de prendre les cartes ; et fig. prendre les cartes, prendre la direction d'une affaire.

    Prendre des cartes, à certains jeux, changer les cartes que l'on a pour d'autres qui sont au talon ; et fig. prendre des cartes, se dit quand on ne se soucie pas du mécontentement de quelqu'un. Cela lui déplaît ? il en sera quitte pour prendre des cartes. Vous n'êtes pas content, eh bien ! prenez des cartes. Je répondis que, s'il n'était pas content, il n'avait qu'à prendre des cartes. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Aller aux cartes, se dit, à l'écarté, pour prendre des cartes.

    Au piquet, avoir cinq cartes, six cartes, signifie avoir cinq, six cartes de la même couleur.

    À divers jeux, payer en cartes, avoir le même point que le banquier et, par conséquent, ne pas payer l'enjeu.

    Brouiller les cartes, les mêler confusément pour empêcher de jouer une partie qu'on craint de perdre ; et fig. chercher à embrouiller les affaires. Les cartes se brouillent, les affaires s'embarrassent. Tandis que mon père était à Bordeaux, les cartes se brouillèrent à différentes reprises. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Jouer cartes sur table, jouer en laissant voir son jeu, les cartes que l'on porte, et fig. montrer ouvertement ce qu'on fait, comment on le fait, pourquoi on le fait. Bref, l'entrevue a été favorable, vous avez plu ; je joue cartes sur table, n'est-il pas vrai ? [Ch. de Bernard, La femme de 40 ans, § 3]

    Tirer les cartes, prédire l'avenir à l'aide de l'arrangement fortuit des cartes ; et figurément, je n'aime pas à tirer les cartes, à faire des prédictions sur les événements.

    Filer la carte, tricher en faisant filer et en escamotant une carte. Le mauvais politique est celui qui ne sait que filer la carte et qui tôt ou tard est reconnu. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

    Château de cartes, échafaudage de cartes que s'amusent à faire les enfants. Elle faisait des châteaux de cartes. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Et fig. Petite maison plus jolie que solide. Versailles, petit château de cartes alors, bâti par Louis XIII, ennuyé d'y avoir couché dans un méchant cabaret à rouliers. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Au pl. Les cartes, celles avec lesquelles on a joué et qu'on laisse aux domestiques qui les revendent ; et, par extension, l'argent que les joueurs laissent pour le payement des cartes. Mettre aux cartes. On dit plutôt mettre au flambeau.

    En termes de cartier, feuille de carton où il y a plusieurs cartes non coupées. Savonner les cartes.

  • 4Billet d'admission en quelque lieu, papier qui constate la qualité d'une personne. Carte d'électeur. d'étudiant, d'agent de police. Carte de spectacle, d'entrée, de présence, de sûreté, etc.
  • 5Carte de visite, petite carte sur laquelle on laisse son nom à la porte des personnes chez qui l'on va, soit qu'on ne les rencontre pas, soit qu'on veuille seulement se rappeler à leur souvenir. Les ordres que j'ai reçus m'ont obligé de partir si précipitamment que j'eus à peine le temps de porter chez vous ma carte. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Envoyer sa carte à quelqu'un, lui faire porter sa carte par politesse, et aussi quelquefois le provoquer en duel.

    Cartes d'adresse, les cartes que fait distribuer un marchand pour faire connaître sa maison.

  • 6Liste des mets qu'un restaurant offre à ses pratiques. La carte de ce restaurant est très variée.

    Restaurant à la carte, restaurant dans lequel une carte indique la nature et le prix de chaque mets. Dîner à la carte.

    La note des mets qu'on s'est fait servir dans un restaurant, dite aussi carte à payer, carte payante. L'ogre a dîné ; peuples, payez la carte. [Béranger, Aux Belges.]

    Le menu d'un dîner. Gourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner, BÉRANG. Gourm

    Par extension, un mémoire de dépenses quelconques.

  • 7 Terme de géographie. Feuille de papier sur laquelle est représentée quelque partie de la terre. Dresser, faire la carte d'un pays. Carte universelle, synonyme de mappemonde. Carte générale, la carte d'une contrée entière, par opposition aux cartes particulières qui n'en représentent que des portions. Carte topographique, celle qui donne la représentation d'une localité circonscrite.

    Absolument, la carte, l'ensemble des pays représentés par les cartes géographiques. Loin de vous Je ne puis voir sur la carte D'asile pour moi plus doux. [Béranger, Adieux à des amis.]

    Par extension, la connaissance géographique d'un pays. Étudier la carte d'Allemagne.

    Fig. La carte du pays, ou, simplement, la carte, la connaissance de ce qui meut, intéresse, agite une société, une famille. Il sut dans peu la carte du pays, Connut les bons et les méchants maris. [La Fontaine, Mandr.] Mme des Ursins savait trop la carte de la cour pour ignorer mon intimité avec M. de Beauvilliers. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Nous ne jurons de rien, mais nous savons la carte. [Montfleury, Fille capt. IV, 4]

    Fig. Perdre la carte, se troubler, perdre la tête, ne plus savoir ce qu'on dit, ce qu'on fait.

    Par extension, carte hydrographique, carte qui représente l'hydrographie d'un pays.

    Carte marine, carte qui représente les côtes et parages de la mer, pour connaître les routes et régler les estimes.

    Cartes pilotes, cartes indiquant la direction du vent en un point quelconque de l'Océan et pour chaque mois de l'année.

    Carte astronomique ou céleste, carte du ciel, carte qui représente les constellations dans la situation qu'elles ont les unes à l'égard des autres.

    Carte généalogique, carte qui représente la généalogie d'une maison, d'une famille.

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8Dans certains jeux de cartes, carte forcée, carte qu'un joueur place de manière à forcer en quelque sorte de la prendre, tout en ayant soin de laisser le choix.

Fig. Il y a là une carte forcée, je le reconnais ; mais j'aime encore mieux celle de l'impôt, qui améliore nos finances, que celle du déficit, qui les compromet. [Magne, Journ. offic. 10 mars 1874, p. 1851, 1re col.]

9 Aux XVIe et XVIIe siècle, carte de visite, pièce officielle représentant les comptes rendus et les conseils donnés, lors d'une visite dans un couvent par un supérieur. [Ste-beuve, Port-Royal, t. I p. 51, 1re éd.]
10 Cartes, dites aussi correspondances-cartes, cartes préparées par la poste et sur lesquelles on écrit à écriture découverte. [Journal officiel] (voir CARTEPOSTE au Supplément).
11Carte géographique fauve, carte géographique brune, papillons de Jour, vanessa levana, vanessa prorsa. De son nom vulgaire, inspiré des fines rayures de ses ailes, l'espèce s'appelle la carte géographique (vanessa prorsa de son nom scientifique). [E. Blanchard, Rev. des Deux-Mondes, 15 juin 1874, p. 850]
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