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chacun, chacune

(cha-kun, cha-ku-n' ; l'n ne se lie pas : chacun a ses passions, dites cha-kun a ses passions), pronom distrib. Chacun n'a pas de pluriel.
  • 1Chaque personne, chaque chose. Chacun prit sa part. Chacun des assistants applaudit. Chacune de ces femmes. Chacun fut de l'avis de M. le doyen. [La Fontaine, Fables] Ils allaient [deux rats] de leur oeuf manger chacun sa part. [La Fontaine, ib. X, 1] Chacune avait sa brigue et de puissants suffrages. [Racine, Esther] Chacun se disputait la gloire de l'abattre. [Racine, Andromaque] Ce n'est pas moi qui les ai mis chacun à leur place. [Massillon, Vérité de la religion.] Quatre cent vingt-six ans après le déluge, comme les peuples marchaient chacun en sa voie. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Tout cela agité, approfondi, discuté et disputé entre nous deux [le duc d'Orléans et moi] nous laissa chacun dans sa persuasion. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] On se battait pour avoir le pillage du camp ennemi ; après quoi le vainqueur et le vaincu se retiraient chacun dans sa ville. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence] Les abeilles, dans un lieu donné, tel qu'une ruche ou le creux d'un vieux arbre, bâtissent chacune leur cellule. [Buffon, Abeilles.] Chacun des juges s'était adjugé le prix, en même temps que la plupart avaient accordé le second à Thémistocle. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Les nymphes n'étaient pas inutiles : elles préparaient les autres plaisirs, chacune selon son office. [La Fontaine, Psyché, I, p. 70]
  • 2Au masc. d'une manière indéfinie, en parlant des hommes ou des femmes, toute personne, qui que ce soit, tout le monde, on. Chacun en parle. Chacun voit ceux [les maux] d'autrui d'un autre oeil que les siens. [Corneille, Horace] Chacun en liberté peut disposer du sien [bien]. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Dans le temple voisin chacun cherche un asile. [Racine, Phèdre] Comme un point de maturité que chacun cherchait en lui-même. [Fléchier, Oraisons funèbres] Chacun est prosterné Devant les plus heureux ; sont-ils dans la misère, On les plaint tout au plus.... [Destouches, Dissip. V, 15] Par les richesses, l'ambitieux se peut assouvir d'honneurs ; le voluptueux, de plaisirs chacun enfin, de ce qu'il demande. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Familièrement, au fém. Sa chacune, la femme avec qui un homme est uni. À voir chacun se joindre à sa chacune ici, J'ai des démangeaisons de mariage aussi. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Nous suivons nos désirs, et, sans pudeur aucune, Chacun comme il lui plaît avecque sa chacune. [Lafare, Réponse à une ball.]

  • 3Un chacun, pour chacun, a vieilli. Un chacun doit mourir, et la Parque felonne De ce commun devoir ne dispense personne. [Garnier, Antig. III] Vous recevrez les voeux d'un chacun. [Guez de Balzac, I, 197] Ce que fait un tout seul, tout un chacun le sache. [Régnier, Élégies] Dans l'esprit d'un chacun je le tue aujourd'hui. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Hautement d'un chacun elles blâment la vie. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] .... D'un chacun il doit être approuvé. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Un chacun est chaussé de son opinion. [Molière, L'école des femmes] Leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d'un chacun la honte de vos actions. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Voilà par sa mort un chacun satisfait. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Un chacun de ces dieux faisait un Christ à sa mode. [Bossuet, Bonté, 1] Il est vrai, à la lettre, d'un chacun de vous que vous allez être établis ou que vous l'êtes déjà pour édifier ou pour détruire. [Massillon, Confér. Excell. du sacerd.] Trouveriez-vous le maître que vous servez avec tant de zèle et de valeur, équitable, si là-dessus la fidélité d'un chacun de vous lui devenait suspecte ? [Massillon, Car. Inj. du monde.] Examinant la disposition d'un chacun. [Fléchier, Sermons de morale]

PROVERBES

Chacun pour soi, Dieu pour tous.

À chacun le sien ce n'est pas trop, c'est-à-dire il est juste qu'on rende à chacun ce qui lui appartient.

REMARQUE

1. Faut-il dire : ils ont pris chacun son chapeau ; ils sont sortis chacun de son côté ; ou bien, par le possessif du pluriel : ils ont pris chacun leur chapeau ; ils sont sortis chacun de leur côté ? L'un et l'autre se disent et sont corrects : quand on emploie son, on le fait rapporter à chacun en tant que chacun est distributif : ils ont pris, (savoir) chacun (a pris) son chapeau ; leur, quand on l'emploie, se rapporte à chacun, en tant qu'il est collectif : ils ont pris leurs chapeaux, (savoir) chacun a pris le sien. À la première et à la seconde personne, chacun exige le possessif du pluriel : nous avons pris chacun notre chapeau ; vous êtes partis chacun de votre côté. À la vérité il n'y a aucune incorrection grammaticale à dire : nous avons pris chacun son chapeau ; vous êtes partis chacun de son côté ; mais cette tournure est inusitée, JULLIEN.

2. Chacun ne se met pas devant un nom au lieu de chaque ; on ne dit pas : il sera payé par chacun an ; mais on dit : il sera payé chaque année. Autrefois chacun s'employait avec un substantif. La nomination de douze officiers par chacun an. [Perrot, Tac. 92] Qu'aussitôt que chacune soeur [des trois]. [La Fontaine, Fables]

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CHACUN. - ÉTYM. Ajoutez : Chacun vient du lat. quisque unus ; mais, comme on peut voir à CHAQUE, la transformation de quisque en cha fait une certaine difficulté. Il est bon dès lors de noter la forme cheun : XIIe s. Samuel fud juges sur le pople tute sa vie, et alad cheun an envirun Bethel, e Galgala, e Masphat. [Les quatre livres des rois] Cheun, où d'ailleurs on remarquera la chute du c suivant la règle antique, est une transition de l'i latin vers l'a qui a prévalu.

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