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charme [1]

nm (char-m')
  • 1Effet prétendu d'un art magique qui change l'ordre naturel. Le charme se rompit ; le pilote vit le rivage tel qu'il était. [Fénelon, Télémaque] .... Un charme ordinaire a trop peu de pouvoir Sur les spectres parlants qu'il faut vous faire voir. [Corneille, Illusion, I, 3] Mais je crains des chrétiens les complots et les charmes. [Corneille, Polyeucte] Je n'ai que des attraits et vous avez des charmes [en parlant à Médée]. [Corneille, La toison d'or] Un démon.... Fit un charme si souverain Que.... [La Fontaine, Ch. imposs.] Toute l'antiquité se servait de charmes contre la morsure des serpents. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Une Thessalienne a composé des charmes. [Chénier, Élégies] On avait saigné l'enfant, sa mère lui avait mis des charmes. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem] Vous croyez donc que les déplaisirs et les plus mortelles douleurs ne se cachent pas sous la pourpre, ou qu'un royaume est un remède universel à tous les maux, un baume qui les adoucit, une charme qui les enchante ? [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 2 Par extension. Ces prières apostoliques qui, par un espèce de charme divin, suspendent les douleurs les plus violentes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il se tait et ces mots semblent être des charmes. [Corneille, Horace] Quel est ici ton charme, odieuse princesse ? [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] N'attendez point de moi de regrets ni de larmes ; Un grand coeur à ses maux applique d'autres charmes. [Corneille, La mort de Pompée] Et contre ma douleur j'aurais senti des charmes, Quand une main si chère eût essuyé mes larmes. [Corneille, Le Cid] À ma douleur je chercherai des charmes. [Racine, Bajazet] Quel charme l'attirait sur ces bords redoutés ? [Racine, Phèdre] Par quel charme secret laissé-je retenir Ce courroux si sévère et si prompt à punir ? [Racine, Mithridate] Par un charme fatal vous fûtes entraînée. [Racine, Phèdre] Ils s'aiment ! par quel charme ont-ils trompé mes yeux ? [Racine, ib.] Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts, Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers ? [Racine, Andromaque]

    Fig. Le charme est rompu, l'illusion est détruite. Il n'appartient qu'à vous de rompre le charme qui les éblouit. [Fléchier, Oraisons funèbres] Il est nécessaire que cet esprit lève le charme de l'amour-propre. [Bossuet, II, Fr. de P. 1] À peine y touchez-vous que le charme cesse. [Massillon, Car. Prosp.] Rompez le charme fatal qui vous endort. [Massillon, ib. Tiédeur, sermon 2]

  • 3Ce qui plaît, ce qui touche, ce qui attire. Reine, puisque ce titre a pour vous tant de charmes. [Corneille, Nicomède] Tous ces charmes de langage Dont on s'offre à la servir, Me l'assurent [ma dame] davantage, Au lieu de me la ravir. [Malherbe, V, 3] Pour un coeur généreux ce trépas a des charmes. [Corneille, Horace] Qui veut que dans sa mort je trouve encor des charmes. [Corneille, ib. IV, 5] Le mérite a toujours des charmes éclatants. [Corneille, Sertorius] Et s'il met à vos pieds ce charme de vos yeux [le diadème]. [Corneille, Pulchérie] Mais c'était à l'insu de leurs parents cruels ; La défense est un charme. [La Fontaine, Filles de Minée.] C'est proprement un charme [l'apologue] ; il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits. [La Fontaine, Fables] Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ? Ai-je passé le temps d'aimer ? [La Fontaine, ib. IX, 2] Sa conversation était un charme, parce qu'il savait parler à chacun selon ses talents. [Bossuet, Oraisons funèbres] Jamais personne n'a jeté des charmes dans l'amitié comme vous faites. [Sévigné, 477] Il y a un charme pour les peuples dans la vue du prince. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte] Tout cédait au charme secret de ses entretiens. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ce charme victorieux qui les entraîne. [Pascal, dans COUSIN] La simplicité qui fait le plus grand charme de la beauté. [Fen. Tél. IV] Et prête à mon discours un charme qui lui plaise. [Racine, Esther] Retiens tes cris, et, par d'indignes larmes, De cet heureux moment [la mort] ne trouble pas les charmes. [Racine, Mithridate] Dans mon désespoir trouvez-vous tant de charmes ? [Racine, Bérénice] Qu'après un long hiver le printemps a de charmes ! [Racine, Poésies, 1] Pour l'homme de bien la vertu a mille fois plus de charmes que le vice. [Massillon, Car. Avenir.] La vérité a des charmes dont un bon coeur a peine à se défendre. [Massillon, ib.] Vous plaignez mon exil, il a pour moi des charmes. [Voltaire, Œdipe] La vie a ses attraits, mais la mort a ses charmes. [Voltaire, Octave et le jeune Pompée, ou Le triumvirat] Il enchante ces lieux par un charme invincible. [Voltaire, La Henriade] Rougis-tu d'être belle, ô charme de mes yeux ? [Lamartine, Méditations poétiques]
  • 4 nm pl. En parlant d'une femme, attraits, appas. Celle dont mes ennuis avaient leur guérison S'en va porter ailleurs ses appas et ses charmes. [Malherbe, V, 7] Elle pleure en secret le mépris de ses charmes. [Racine, Andromaque] Hermione à Pyrrhus prodiguait tous ses charmes. [Racine, ib. I, 1] Il commençait à trouver des charmes dans sa personne. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Vénus avait répandu sur elle de nouveaux charmes. [Fénelon, Télémaque]

REMARQUE

1. D'après les grammairiens, ce mot ne se dit qu'au pluriel dans le sens d'attraits, d'appas, et qu'au singulier quand il signifie cette puissance secrète qui attire, ce qui plaît, ce qui touche. La première partie de la remarque est vraie ; mais la seconde ne l'est pas, comme on peut s'en assurer en parcourant les exemples. Cette distinction, qui n'a rien en soi de logique ou de grammatical, ne pourrait être qu'une affaire d'usage ; or l'usage même est contre elle.

2. Des grammairiens prétendent que charme ne se dit pas des personnes comme des choses. Cette remarque n'est pas fondée. Lamartine a très bien dit : ô charme de mes yeux. Corneille a dit charme à, par une tournure poétique, aujourd'hui archaïque : Si vous n'avez un charme à [un moyen de] vous justifier. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]

SYNONYME

1. CHARME, ENCHANTEMENT., Le charme (carmen) est une formule en vers ou en prose mesurée à laquelle on attribue la vertu de troubler l'ordre de la nature. L'enchantement (incantamentum) est l'action de prononcer cette formule. Comme à tout moment, dans le discours, on prend la cause pour l'effet ou l'antécédent pour le conséquent, la différence des deux mots disparaît, et ils sont la plupart du temps synonymes.

2. CHARMES, APPAS., On est très porté à confondre absolument ces deux termes. Mais, à une époque où l'on était plus près du sens primitif des mots, Malherbe n'a pas hésité à mettre : ses appas et ses charmes. En effet, appas se dit des beautés qui attirent ; et charmes, de celles qui agissent par une vertu occulte, magique.

+

1.
5 Aimer comme un charme, s'est dit pour aimer beaucoup, être ensorcelé par la passion. [Vadé, Oeuvr. compl. t. II, p. 303, dans CH. NISARD, Parisianismes, Paris, 1876, p. 45]

On dit se porter comme un charme, pour se porter bien, par une fausse analogie avec aimer comme un charme. [Ch. Nisard, ib.]

REMARQUE

Ajoutez :

3. Charmes, au pluriel, ne se dit qu'en parlant des femmes. Cependant Racine l'a dit, non malheureusement, d'un homme. Je plaignis Bajazet, je lui vantai ses charmes, Qui, par un soin jaloux dans l'ombre retenus, Si voisins de ses yeux, leur étaient inconnus. [Racine, Bajazet]

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