chausser
- 1Mettre ses bas, sa chaussure. Chausser ses souliers, ses bottes.
Fig. Chausser le cothurne, composer une tragédie, s'exercer dans les rôles de la tragédie ; et par extension, enfler son style.
Mais quoi ! je chausse ici le cothurne tragique ; Reprenons au plus tôt le brodequin comique
. [Boileau, Satires]Chausser le brodequin, composer des comédies ; s'essayer dans les rôles de la comédie.
Terme de manége. Chausser les étriers, y enfoncer les pieds trop avant.
- 2Chausser quelqu'un, lui mettre ses bas, sa chaussure.
On dit aussi chausser à quelqu'un ses souliers.
Chausser les éperons à quelqu'un, lui mettre les éperons en le recevant chevalier.
L'officiant me chaussa les éperons en me donnant accolade
. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem]Des éperons d'or que les Yseult, les Genievre, les Oriane chaussèrent jadis à de vaillants chevaliers
. [Chateaubriand, Dern. des Abenc. 152]Fig. et familièrement. Chausser de près les éperons à quelqu'un, poursuivre de près quelqu'un qui s'enfuit.
Terme de vétérinaire. Chausser une vache, envelopper le paturon d'une vache fatiguée.
Terme de fauconnerie. Chausser la grande serre d'un oiseau, entourer l'ongle du gros doigt de l'oiseau avec un morceau de peau qui lui sert d'entrave.
- 3Faire la chaussure, en parlant du cordonnier. Ce cordonnier me chausse depuis bien des années.
Absolument. Ce cordonnier chausse bien.
Fig. N'être pas aisé à chausser, se dit d'une personne qu'il est difficile de persuader, de contenter.
Esprits ruraux volontiers sont jaloux, Et sur ce point à chausser difficiles
. [La Fontaine, Fér.] - 4Chausser bien, chausser mal, aller bien, aller mal, en parlant de la chaussure. Ce bas, ce soulier me chausse bien, ou, absolument, chausse bien.
Populairement. Cela me chausse, cela m'arrange, me convient.
- 5 Fig. et familièrement. Chausser sa tête, se mettre une idée dans la tête.
J'aurai chaussé ma tête et l'on me contraindra ! Ah ! vous verrez comme on réussira
. [Regnard, Les folies amoureuses]On dit aussi dans le même sens se chausser la tête.
Chausser une idée, s'en infatuer. Se chausser une opinion dans la tête.
- 6 Terme d'agriculture. Chausser un arbre, une plante, entourer de terre le pied pour favoriser l'accroissement.
- 7V. n. s'emploie seulement dans ces phrases : chausser à six points, à sept points, à tant de points, porter des souliers de telle ou telle longueur.
Fig. Chausser à même point, être de même humeur. On a dit aussi dans le même sens se chausser.
Toutes, au fait d'amour, se chaussent en un point
. [Régnier, Satires]Activement, en termes de musique, chausser les voix à leur point, proportionner l'étendue des chants, tant au grave qu'à l'aigu, à l'étendue des voix qui doivent les chanter.
- 8Se chausser, vpron Mettre ses bas, sa chaussure. Il ne peut plus se chausser lui-même.
Fig. Se chausser d'une opinion, s'en infatuer.
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CHAUSSER. - HIST.XVIe s. Ajoutez : Estant né dans une autre ville.... les manieres de ce pays ne me chaussent [conviennent] pas trop
. Lettre de Lionne, 23 mars 1541, à l'Arétin, dans J. DUMESNIL, Hist. des amateurs ital. p. 259]
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