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choir

(choir), je chois, tu chois, il choit ; chu, chue, il se conjugue avec l'auxiliaire être : ils sont chus ; les autres temps et les autres personnes ne sont pas usités ; cependant Bossuet a dit : il chut, et on pourrait se servir de ce temps ; on pourrait aussi employer le futur je choirai, et sous une autre forme, je cherrai ; il faut autant que possible résister à ces désuétudes mal fondées qui frappent certains mots.
  • vi Tomber. Le Pô.... dans sa caverne profonde, S'apprête à voir en son onde Choir un autre Phaéthon. [Malherbe, II, 2] Fais choir en sacrifice au-dessus de la France Les fronts trop élevés de ces âmes d'enfer. [Malherbe, II, 12] Tout va choir en ma main, ou tomber dans la vôtre. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Et pour te faire choir je n'aurais aujourd'hui Qu'à retirer la main qui seule est ton appui. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Vous laissez choir ainsi ce glorieux courage. [Corneille, Le Cid] Et ma tête en tombant ferait choir sa couronne. [Corneille, Le Cid] Combien en trompe un tel espoir [d'une longue vie], Et combien en laisse-t-il choir Dans le plus beau de leur carrière ? [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Mais plus dans un haut rang la faveur vous a mis, Plus la crainte de choir vous doit rendre soumis. [Corneille Th. Le comte d'Essex] Pour nous saluer laissant choir son chapeau. [Régnier, Satires] Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir En badinant sur les bords de la Seine. [La Fontaine, Fables] Je l'ai laissé choir. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Nous l'avons, en dormant, madame, échappé belle ; Un monde près de nous a passé tout du long, Est chu tout au travers de notre tourbillon. [Molière, Les femmes savantes] Ainsi qu'on voit, sous cent mains diligentes, Choir les épis des moissons jaunissantes. [Voltaire, dans GIRAULT-DUVIVIER] J'ai très bien pu, par distraction, faire choir sur le bouquin la bouteille à l'encre. [Courier, Lettres de France et d'Italie] Cet insolent chut du ciel en terre. [Bossuet, II, Démons, 2]

REMARQUE

Prenez garde de choir, façon de parler bourgeoise, dit de Caillières, 1690 ; ce qui montre que, bien qu'alors les meilleurs écrivains, Corneille, Molière, La Fontaine, usassent du mot choir, les puristes l'écartaient comme vulgaire.

La forme du futur je cherrai, due à la prononciation normande de la diphthongue oi, est une des traces de la confusion des prononciations dialectiques qui s'est faite.

SYNONYME

CHOIR, TOMBER. Des auteurs de synonymes ont dit que choir désignait particulièrement un choc, un coup, une impulsion qui fait perdre l'équilibre, renverse et porte de haut en bas, tandis que tomber marque une chute d'un lieu très élevé. Distinction illusoire ; ces deux mots, venus l'un du latin, l'autre des idiomes germaniques, expriment exactement la même idée, comme on le voit dans le vers de Corneille cité plus haut : Tout va choir en ma main ou tomber en la vôtre ; et dans cet exemple de Chapelle et Bachaumont : Toute la nuit donques il plut, Et tant d'eau cette nuit il chut, Que.... La seule différence c'est que choir vieillit, tandis que tomber est en plein usage. Si l'on ne dit pas que la pluie ou la foudre choit, cela tient uniquement à la désuétude qui frappe le verbe choir ; et la preuve que rien d'intrinsèque n'empêche de le dire, c'est que nos pères le disaient.

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CHOIR. - REM. Ajoutez :

2. On trouve chet au lieu de choit : Mme de Mazarin chet en pauvreté. [D'argenson, Mém. in-8, 1860, t. II, p. 393]

3. L'exemple où Bossuet a employé le prétérit chut est ainsi conçu : Cet insolent [le démon], qui avait osé attenter sur le trône de son créateur, frappé d'un coup de foudre, chut du ciel en terre, plein de rage et de désespoir. [Bossuet, Sermons]

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