clore
Usité seulement dans les formes suivantes : je clos, tu clos, il clôt ; je clorai ; je clorais ; clos ; que je close ; clos, close.
- 1Boucher ce qui est ouvert. Clore les passages.
Je sais qu'il fit trancher et clore ce conduit Par où ce grand secours devait être introduit
. [Corneille, La mort de Pompée]Dans la vannerie, clore une corbeille, serrer l'osier avec un fer.
Clore l'oeil, la paupière, dormir.
Ne pouvant clore l'1oil, se plaignait en pleurant
. [Régnier, Dial.]Il ne connaissait plus le sommeil, et la froide main de la mort pouvait seule lui clore les yeux
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Fig. Clore la bouche à quelqu'un, l'empêcher de parler, le réduire à ne pouvoir répondre.
Mais la naïveté.... Clôt-elle pas la bouche à leur impiété ?
[Malherbe, I, 1] - 2Enclore. Clore une ville, un jardin.
- 3 Fig. Terminer. Clore un marché.
Quand j'aurai clos mon dernier jour
. [Malherbe, V, 20]Oui, seigneur, cette heure infortunée Par mes derniers soupirs clora ma destinée
. [Corneille, Nicomède]J'écris quelques pages sur votre compte ; vous clorez, s'il vous plaît, le siècle de Louis XIV ; car vous êtes né sous lui
. [Voltaire, Correspondance]Qui empêche, quand on s'aperçoit de la fuite du bonheur, de clore la vie ?
[Chateaubriand, Les Natchez]Déclarer terminé. Clore une discussion dans une assemblée.
- 4Dans les exercices de la chevalerie, clore le pas, terminer le tournoi, par opposition à ouvrir le pas, commencer le tournoi.
- 5 vi Cette porte, cette fenêtre ne clôt pas.
Lorsque le jour allait clore
. [Chateaubriand, Voyage en Amérique] - 6Se clore, vpron Être clos. Un oeil qui se clôt.
REMARQUE
Des grammairiens se sont plaints qu'on laissât sans raison tomber en désuétude plusieurs formes du verbe clore. Pourquoi en effet ne dirait-on pas : nous closons, vous closez ; l'imparfait, je closais ; le prétérit défini, je closis, et l'imparfait du subjonctif, je closisse ? Ces formes n'ont rien de rude ni d'étrange, et il serait bon que l'usage ne les abandonnât pas.
SYNONYME
CLORE, FERMER. Fermer, qui vient de firmare, rendre ferme, assurer, fortifier, s'est substitué peu à peu à tous les emplois de clore qui, venant de claudere, était, à l'origine, le mot propre. Aussi, malgré l'étymologie, n'y a-t-il guère de différence qu'en ce que le premier est d'un usage général, tandis que le second est d'un emploi restreint. Qu'on prenne toutes les locutions, et l'on verra que les nuances sont insaisissables. On ferme ou on clôt un jardin de murs ; le sommeil nous ferme ou nous clôt les yeux ; le président ferme ou clôt la discussion ; cette porte ne ferme pas bien ou ne clôt pas bien (pourtant on dira, avec une nuance : cette porte ferme bien, mais elle ne clôt pas ; c'est-à-dire les verrous en sont solides, mais elle laisse des jours). En un mot, fermer, prenant le sens de clore, s'est partout substitué à lui, excepté dans quelques locutions toutes faites : à huis clos, et non à huis fermé ; nuit close, et non nuit fermée ; le propriétaire de la maison est obligé de tenir le locataire clos et couvert, et non fermé (ici fermé ferait presque un contre-sens). En revanche, ce serait un autre contre-sens que de dire à quelqu'un de clore la porte, au lieu de fermer la porte, parce qu'on veut dire l'arrêter par le pêne ou par un loquet, non pas la clore. En somme, c'est l'effet naturel d'un mot impropre qui se substitue à un mot propre, d'en prendre la plupart des significations et pourtant de ne pas le chasser des locutions traditionnelles.
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CLORE. - HIST. XVIe s. Ajoutez : Vray est que la rigueur de l'inquisition les fait tenir [les Espagnols] clos et couverts [peu communicatifs]
. [Guy Coquille, Dialogue sur les causes des misères de la France, Oeuvres, éd. de 1666, t. I, p. 259] (voy. à CLOS 1, n° 2, un emploi semblable de clos et couvert en des auteurs plus récents).
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