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coutume

nf (kou-tu-m')
  • 1Manière à laquelle la plupart se conforment. Cela est passé en coutume. Cette vieille coutume en ces lieux établie. [Corneille, Le Cid] La coutume ne doit être suivie que parce qu'elle est coutume, et non parce qu'elle soit raisonnable. [Pascal, Vrai bien, 9] Aigris par la nécessité, emportés par les coutumes. [Massillon, Car. Prière, I] Les coutumes d'un peuple esclave sont une partie de sa servitude ; celles d'un peuple libre sont une partie de sa liberté. [Montesquieu, L'esprit des lois] Si ce n'est pas la religion, ce sont les coutumes qu'on y vénère au lieu des lois. [Montesquieu, ib. II, 4] La coutume, la loi plia mes premiers ans à la religion des heureux Musulmans. [Voltaire, Zaïre] Ces raisons ne furent jamais senties dans une cour où la coutume était la loi suprême. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] La coutume a sur les hommes une force qui n'a nullement besoin d'être appuyée de la raison. [Fontenelle, Histoire des oracles]
  • 2 Terme de jurisprudence féodale. Législation introduite par l'usage seul en certaines provinces, par opposition à droit écrit. La coutume de Normandie, de Bretagne. Le roi Pepin ordonna que partout où il n'y aurait point de loi, on suivrait la coutume, mais que la coutume ne serait pas préférée à la loi. [Montesquieu, L'esprit des lois] Bientôt les coutumes détruisirent les lois. [Montesquieu, ib. 12]

    Recueil de droit coutumier particulier à un pays. La coutume porte que.... Sans cesse feuilletant les lois et la coutume. [Boileau, Le lutrin] Cet avocat qui vient enseigner la coutume de Paris à St-Pétersbourg. [Voltaire, Correspondance] Faire une coutume générale de toutes les coutumes particulières serait une chose inconsidérée, même dans ce temps-ci où les princes ne trouvent partout que de l'obéissance. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Il s'est dit de certains péages et impôts. Payer la coutume.

    Terme de pêche. Poissons de coutume, redevance qu'on donne avant la vente au propriétaire du bateau ou au maître pêcheur.

  • 3Manière ordinaire d'agir, de se comporter, de parler, etc. Si c'est par instinct de nature Ou par coutume de m'aimer. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Sa coutume l'emporte et non pas la raison. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Contre sa coutume il ne peut me déplaire. [Corneille, Horace] Je n'en ferai pas ma coutume. [Sévigné, 24] Vous savez sa coutume, et sous quelles tendresses Sa haine sait cacher ses trompeuses adresses. [Racine, Mithridate] Le sénat aima mieux armer, contre sa coutume, 8000 esclaves que.... [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Et tout ce qu'en semblable cas On est en coutume de dire. [La Fontaine, Fiancée.]

    Avoir la coutume, faire comme chose déterminée par une coutume. Les Anglais ont la coutume de finir presque tous les actes par une comparaison. [Voltaire, Correspondance]

    Avoir coutume, faire d'ordinaire. Les gens qui ont coutume d'exagérer perdent bientôt toute créance. [L'abbé Régnier, dans BOUHOURS, Nouv. rem.] Une dame de la première qualité se défit de tous les vains ornements dont elle avait coutume de se parer. [Bouhours, Nouv. rem.]

    De coutume, loc. adv. À l'ordinaire. Il en use comme de coutume. Il se porte mieux que de coutume. Et qu'étant loin de moi, quelque ombre d'amertume Vous fit trouver les jours plus longs que de coutume. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis]

    Avoir de coutume, locution vieillie pour avoir coutume. Pour vous ôter l'envie de nous faire courir toutes les nuits comme vous aviez de coutume. [Molière, Les fourberies de Scapin] Plus librement que je n'ai de coutume. [Descartes, Ép.]

  • 4 Fig. En parlant des choses. Ce pommier a coutume de donner du fruit. Cette cheminée a coutume de fumer.

PROVERBES

C'est la coutume de Lorris, les battus payent l'amende, se dit quand un homme qui a sujet de se plaindre est encore condamné.

Une fois n'est pas coutume.

SYNONYME

1° COUTUME, HABITUDE. Coutume est objectif, c'est-à-dire indique une manière d'être générale à laquelle nous nous conformons. Au contraire, habitude est subjectif, c'est-à-dire indique une manière d'être qui nous est personnelle et qui détermine nos actions. L'habitude devient un besoin ; mais la coutume ne le devient jamais. Cependant on dira également : j'ai la coutume ou j'ai l'habitude de prendre du café, avec cette nuance cependant que avoir la coutume exprime seulement le fait que je prends ordinairement du café, tandis que avoir l'habitude exprime qu'un certain besoin s'y joint.

2° J'AI COUTUME, J'AI LA COUTUME. J'ai coutume de fumer, veut dire je fume d'ordinaire ; j'ai la coutume de fumer, veut dire que cela est entré dans mes coutumes. C'est cette nuance délicate il est vrai mais réelle qui fait que avoir coutume peut se dire des choses, tandis que avoir la coutume ne peut pas s'en dire. La rivière a coutume de déborder à cette époque de l'année ; mais elle n'en a pas la coutume.

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