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cru, crue [2]

adj. (kru, krue)
  • 1Qui n'est point cuit. De la viande crue. Des fruits crus. Préparer les viandes qu'auparavant ils dévoraient crues. [Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes]

    Fig. La sagesse toute sèche et toute crue fait mal au coeur. [Guez de Balzac, Correspondance] Ils n'en suivaient pas la doctrine toute crue. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

  • 2Qui est d'une digestion difficile. Le concombre est très cru.
  • 3De l'eau crue, eau chargée de sels et qui ne peut dissoudre le savon ni cuire les légumes. L'eau que je buvois était un peu crue et difficile à passer, comme sont la plupart des eaux des montagnes. [Rousseau, Les confessions]
  • 4Qui n'a pas encore subi de préparation. Cuir cru. Soie crue. Métaux crus, ceux qui sont tels qu'ils sortent de la mine.

    Chanvre cru, chanvre qui n'a pas été trempé dans l'eau.

  • 5Qui n'a pas encore subi une élaboration suffisante. Ces semences, tant qu'elles sont vertes et crues, demeurent attachées à l'arbre pour prendre leur maturité. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même]

    Terme de médecine. Humeurs crues, matières crues, celles qui n'ont pas reçu le degré de coction nécessaire.

  • 6Qui est à l'état de simple ébauche, en parlant des choses de l'esprit. Ce n'est encore là que sa pensée toute crue. Ronsard avait forcé notre langue par des inversions trop hardies et obscures ; c'était un langage cru et informe. [Fénelon, t. XXI, p. 191]
  • 7 Terme de peinture. Un ton cru, ton qui ne se fond pas avec les autres. Couleur crue, couleur trop tranchante. Ce ne sont point les feuilles d'un vert cru qui font les admirables paysages. [Chateaubriand, Itinéraires de Paris à Jérusalem]

    Lumière, ombre crue, se dit quand les grands clairs ne sont pas séparés des grands bruns par des gradations de nuances.

  • 8Choquant, dur, en parlant des expressions, du langage. Cela est bien cru. Je te vois accablé d'un chagrin si profond, Que j'excuse aisément ta réponse un peu crue. [Corneille, La veuve]

    À cru, d'une façon crue. Elle veut qu'en détours la chose s'enveloppe, Et ce mot dit à cru lui cause une syncope. [Regnard, Le joueur]

    Peu décent, trop libre. Ils ont tenu devant elle des discours un peu trop crus.

  • 9À cru, loc. adv. Sur la peau nue. Bottés à cru les gros milours [milords], Armés d'épieux, en habits courts. [Scarron, Virgile travesti] Il prit les bottes qui étaient au pied du lit et les ayant chaussées à cru.... s'alla mettre auprès de l'Olive. [Scarron, Le Roman comique] Leurs transparents seraient plus beaux, si elles voulaient les mettre à cru. [Sévigné, 324] N'avoir de la dévotion que ce retranchement me paraît être bottée à cru. [Sévigné, 548] Un surtout emprunté Vêtit à cru ma triste nudité. [Voltaire, Le pauvre diable]

    Monter à cru, monter un cheval sans selle ni couverture. Il fut étonné de voir Massinissa, âgé pour lors de plus de quatre-vingts ans, monté à cru sur un cheval selon la coutume de son pays, donner partout les ordres comme un jeune officier et soutenir les fatigues les plus dures. [Rollin, Histoire ancienne] Les barbares [Francs] montaient à cru des étalons sauvages. [Chateaubriand, Les martyrs, ou Le triomphe de la religion chrétienne]

    Terme d'architecture. Une construction porte à cru, quand elle repose sur le sol même, et non sur des fondements.

    Teindre sur le cru, ou teindre à demi-bain, mettre les soies à la teinture, sans qu'elles soient bien décreusées.

REMARQUE

Cet adjectif se met toujours après son substantif.

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