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deux

(deû ; l'x se lie : deû-z hommes)
  • 1Adj. numér. des deux genres signifiant un nombre double de l'unité. Deux hommes. Deux francs. Deux et deux font quatre. Ils sont deux. Jusques à quand aurons-nous deux consciences, deux mesures, deux balances, l'une en notre faveur, l'autre à la ruine du prochain ? [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Tous deux, tous les deux, locution qui signifie soit l'un et l'autre, soit ensemble. Allons-y tous deux. Ils sont partis tous les deux. Vous me semblez tous deux fatigués du voyage. [La Fontaine, Phil. et Bauc.]

    Familièrement. N'en faire ni un ni deux, n'en pas faire à deux fois, se décider sur-le-champ. Il ne fit ni un ni deux et croqua la poire.

    On dit aussi, au féminin, n'en faire ni une ni deux, en sous-entendant le mot fois.

    Cela est clair comme deux et deux font quatre, cela est évident.

    Il n'y a pas deux voix là-dessus, tout le monde est d'accord là-dessus. Il n'y a pas deux voix sur ce personnage. [La Bruyère, VIII]

    Deux à deux, par couples. Considérez toutes les oeuvres du Très Haut, vous les trouverez ainsi deux à deux et opposées l'une à l'autre. [Sacy, Bible, Ecclésiastique, XXXIII, 15] Oh ! que ne viennent-ils, comme nous, deux à deux Habiter ici des cabanes ! [Favart, Annette et Lubin, sc. 3]

    Marcher deux à deux comme frères mineurs, marcher en rang, en bon ordre.

    En deux, en deux parties. C'est un magicien maladroit qui casse en deux sa baguette. [Diderot, Salons de peinture] Il [Burgoyne] avait conçu le dessein de réunir les troupes du Canada à celles de New-York par les rives de l'Hudson ; ce projet était grand et hardi ; s'il eût réussi, il coupait en deux l'Amérique septentrionale, et peut-être il terminait la guerre. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    De deux en deux, se dit pour exprimer un retour périodique après deux (actes ou choses). De deux en deux ans il va visiter sa terre, c'est-à-dire que, chaque fois que deux ans sont écoulés, il s'y rend.

    Donner, piquer des deux, appuyer des deux éperons à la fois, c'est-à-dire exciter le plus possible le cheval, aller le plus vite possible. Le drôle, ayant vu de loin tout le cas.... Donne des deux, gagne devant la nuit Château-Guillaume.... [La Fontaine, Orais.] Il donna des deux vers Bapaume. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Dès la première poste, le courrier donne des deux, s'échappe et arrive le premier. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Fig. Faire grande diligence. Piquer des deux pour réussir dans une affaire.

    Ce sont deux, ou, plus familièrement, ça fait deux, se dit dans la conversation pour exprimer que deux choses ne peuvent se comparer. Pour une armée, la Seine à passer ou un ruisseau ce sont deux.

    On dit dans le même sens : c'est deux. Promettre et tenir, c'est deux.

  • 2Petit nombre indéterminé. J'ai deux mots à vous dire. Il n'est qu'à deux pas d'ici. À moi, comte, deux mots. [Corneille, Le Cid]
  • 3Deuxième. Article deux. Page deux. Tome deux. Henri deux, roi de France. Catherine deux, impératrice de Russie. Puis [il] souffre un coup avec grande constance ; Au deux il dit.... [La Fontaine, Pays.]

    Dans les noms propres, où le cardinal est pris pour l'ordinal, on écrit plus ordinairement deux en chiffres : Henri II, Catherine II.

  • 4 Substantivement. Le produit de deux multiplié par deux.

    Le deux du mois, ou, simplement, le deux, le deuxième jour. Le deux de mars, de mai, ou, par abréviation, le deux mars, le deux mai. Voltaire mettait toujours la préposition de ; Racine l'omettait.

    Chiffre qui marque le nombre deux. Effacer, ajouter un deux. Ce deux est mal fait.

    Terme du jeu de cartes. Le deux de coeur, de pique, etc. la carte qui porte deux coeurs, deux piques, etc.

    Terme du jeu de dés. Le deux, la face du dé qui a deux points. Rafle de deux, coup de dés qui amène sur la face du deux tous les dés, quand on joue avec plusieurs dés.

    Terme du jeu de dominos. Le double deux, le domino sur lequel le point de deux est répété.

    Terme du jeu de trictrac. Amener le double deux, amener le deux sur chacun des deux dés.

    Terme de chasse. Le deux, sorte de plomb à tirer, moins gros que celui qui s'appelle l'un, et plus gros que celui qu'on nomme le trois. On emploie ordinairement le deux pour la chasse du lièvre.

  • 5 Terme de blason. Deux un, se dit de la disposition ordinaire de trois pièces en armoiries, dont deux sont vers le chef et une vers la pointe, comme les trois fleurs de lis de France.

REMARQUE

1. Il est difficile de se rendre un compte exact de la locution tous deux, tous les deux. Elle répond, pour le sens, à l'ancien français ambedui, nominatif, ambedeux, régime, et, par contraction, andui, andeux. Il semble que le pluriel tous joint à deux fait une sorte de contradiction ; car peut-on dire tous en parlant de deux ? Si on disait : allons-y deux, cela signifierait que nous sommes plusieurs et que deux d'entre nous vont y aller ; au lieu que allons-y tous les deux signifie que nous ne sommes que deux qui y allons l'un et l'autre. C'est pour exprimer cette nuance que, ayant perdu ambedui, on l'a remplacé en joignant tous avec deux ; adjonction qui a été facilitée par l'ancienne préposition à tout ou atout et qui signifiait ensemble. Cette locution, n'étant pas dans l'historique, paraît née dans le XVIIe siècle. Outre ambedui, qui est tout à fait ancien, on exprimait la même idée en joignant à deux le pronom personnel : allons-y nous deux ; ils y allaient eux deux ; et dans les vers de la Fontaine, cités ci-dessus, on aurait dit : Vous me semblez vous deux fatigués du voyage.

2. Faut-il distinguer, avec certains grammairiens, tous deux et tous les deux ; allons-y tous deux, signifiant allons-y ensemble ; allons-y tous les deux, signifiant allons-y l'un et l'autre ? Il y a là, comme dans plusieurs synonymes, une différence grammaticale qui disparaît dans l'usage. Tous les deux a, grammaticalement, un sens emphatique que n'a pas tous deux. Mais ce sens emphatique dû à l'article a si peu d'importance dans le langage que personne n'y fait attention et qu'ainsi les deux locutions deviennent synonymes.

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DEUX. - REM.
3La locution tous deux n'est pas aussi récente que le ferait croire le n° 1. Voir TOUT, à l'HIST. XVIe s. où se trouve la locution tous deux.
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