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dupe

nf (du-p')
  • 1Personne qui a été jouée, trompée, ou qu'il est facile de jouer, d'abuser. Isidore est entre les mains du cavalier qu'elle aime ; vous êtes pris pour dupe. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Lui qui connaît sa dupe et qui veut en jouir, Par cent dehors fardés a l'art de l'éblouir. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Et ne pense pas, toi, trouver ta dupe aussi [me tromper]. [Molière, Le dépit amoureux] Et moi, la bonne dupe à trop croire un vaurien. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Allez, vous êtes une vraie dupe. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Ne point mentir, être content du sien, C'est le plus sûr ; cependant on s'occupe à dire faux pour attraper du bien ; Que sert cela ? Jupiter n'est pas dupe. [La Fontaine, Fables] Vous le croyez votre dupe ; s'il feint de l'être, qui est plus dupe de lui ou de vous ? [La Bruyère, V] Un homme d'esprit et d'un caractère simple et droit peut tomber dans quelque piége ; il ne pense pas que personne veuille lui en dresser et le choisir pour être sa dupe. [La Bruyère, II] Il faut opter des deux, être dupe ou fripon. [Regnard, Le joueur] Le désir de gagner qui nuit et jour occupe Est un dangereux aiguillon ; Souvent, quoique l'esprit, quoique le coeur soit bon, On commence par être dupe, On finit par être fripon. [Mme Deshoulières, Réflexions diverses.] Il est très malaisé que la plupart des principaux d'un État soient malhonnêtes gens, et que les inférieurs soient gens de bien ; que ceux-là soient trompeurs, et que ceux-ci consentent à n'être que dupes. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Dupe, bien que se rapportant à un nom ou à un pronom au pluriel, se met au singulier, quand il s'agit d'un seul et même moyen employé pour tromper. Nous fûmes la dupe de son stratagème.

    Il se met au pluriel quand il s'agit de duperies successives. Nous fûmes les dupes de ses stratagèmes.

    Faire des dupes, abuser de la confiance d'un certain nombre de personnes, les tromper, leur soustraire de l'argent, etc. Si je vous rends dupe une fois, c'est pour vous empêcher d'en faire. [Imbert, Jaloux sans amour, III, 1]

    Journée des dupes, le 11 novembre 1630, jour où Richelieu, que l'on croyait disgracié, reprit son autorité auprès du roi, et, par extension, tout événement qui tourne à la confusion de ceux qui comptaient sur le succès. C'est une journée des dupes.

    Être la dupe d'une affaire, d'un marché, n'y pas trouver son compte, y perdre.

    Fig. Notre esprit est la dupe de notre coeur. [Sévigné, 278] Son coeur était souvent la dupe, plus souvent encore l'esclave de ses engagements. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Et, dupe des méchants, la générosité Offre trop d'avantage à leur iniquité. [Lemerc. Frédég. et Bruneh. III, 1]

  • 2 Adj. La suite fera voir que ces derniers ne seront pas les plus dupes. [Pascal, Les provinciales] Allez, j'étais trop dupe, et je vais ne plus l'être. [Molière, Le misanthrope]
  • 3Dupe, sorte de jeu de cartes, appelé quelquefois jeu de Florentini.

REMARQUE

La Fontaine a fait dupe masculin. Du fil et du soufflet pourtant embarrassé, Un des dupes un jour alla trouver un sage, Fabl. IX, 8. Mais c'est une faute ; dupe, comme on verra à l'historique et à l'étymologie, est le nom féminin d'un oiseau ; et l'on ne peut pas plus dire un dupe qu'on ne pourrait dire un linotte pour un homme étourdi.

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