effaroucher
- 1Effrayer, faire fuir, en parlant des animaux. Effaroucher du gibier.
Les cris effrayants de l'armée ennemie, joints à une grêle de traits et de pierres lancées de divers côtés par les archers et les frondeurs, les troublaient [les éléphants], les effarouchaient, les mettaient en fureur, et souvent les obligeaient de se tourner contre leurs propres troupes
. [Rollin, Histoire ancienne] - 2Mettre en crainte et en défiance.
Il faut, si vous m'en croyez, n'effaroucher personne
. [Molière, L'avare]Phelippeaux acheva d'effaroucher son père par tous les détails qu'il lui rapporta
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]C'était la funeste régence de Brunehault qui avait surtout effarouché la nation
. [Montesquieu, L'esprit des lois]Trop d'éclat l'effarouche ; il voit d'un oeil sévère Dans le bien qu'on lui fait le mal qu'on peut lui faire
. [Voltaire, Brutus]Absolument.
Un homme de talent, s'il est austère, il effarouche
. [La Bruyère, XII]Fig. Effaroucher les pigeons, éloigner d'une maison les personnes qui y apportent profit.
- 3 Fig. Rendre quelqu'un moins traitable, le choquer.
Et ceux que vos rigueurs ne font qu'effaroucher
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Et je n'ai plus un coeur que le crime effarouche
. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis]Ils [les épicuriens] n'ont reconnu des dieux que par bienséance, pour ne pas effaroucher la canaille d'Athènes
. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]Un front cicatrisé par la guerre et le temps Effarouchait en vain mon coeur et mes beaux ans
. [Voltaire, Soph. I, 3]Elle ne fut ni surprise de sa conquête ni effarouchée d'une prompte déclaration
. [Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 3, dans POUGENS] - 4S'effaroucher, vpron Être effarouché. Ce cheval s'est effarouché.
Fig.
Mon coeur s'en effarouche, et j'en frémis d'horreur
. [Corneille, Horace]Vous lui cachez, madame, un secret qui le touche ; Je crains qu'en l'apprenant son coeur ne s'effarouche
. [Corneille, Nicomède]Ne t'effarouche pas d'un feu dont je fais gloire
. [Corneille, Suréna]C'est un étrange fait qu'avec tant de lumières Vous vous effarouchiez toujours sur ces matières
. [Molière, L'école des femmes]Les hypocrites n'ont point entendu raillerie ; ils se sont effarouchés d'abord et ont trouvé étrange que j'eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]Je sais que vos attraits, encor dans leur printemps, Pourraient s'effaroucher de l'hiver de mes ans
. [Voltaire, La méroppe française]Le lecteur se scandalise et s'effarouche de tout
. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]Il se dit aussi des sentiments.
Que ton ambition ne s'effarouche pas
. [Corneille, Pertharite, roi des Lombards]Je connais sa vertu prompte à s'effaroucher
. [Racine, Bajazet]
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