fatiguer
- 1Causer de la fatigue. Fatiguer un cheval. Fatiguer l'ennemi.
Ces ouvrages avaient été achevés sans fatiguer les sujets
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Des bourreaux son courage a fatigué la main
. [Legouvé, Épich. et Nér. v, 8]Fig.
On dit qu'une poignée de chrétiens font suer les Ottomans et fatiguent leur empire
. [Montesquieu, Lettres persanes]Agiter l'Europe pour n'être pas oisif, serait le métier d'un intrigant qui fatigue la renommée un jour, parce qu'il n'a pas le crédit de vivre sur une administration bienfaisante
. [Mirabeau, Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné] - 2Causer un certain malaise comparé à la fatigue. Cette écriture fatigue les yeux. Ce long discours lui a fatigué la voix. Ce professeur a fatigué l'attention de ses auditeurs. Cette étude fatigue l'esprit.
Absolument. C'est une étude qui fatigue.
- 3Fatiguer un champ, lui faire produire une même récolte plus souvent qu'il ne faudrait.
Terme d'horticulture. Fatiguer un arbre, lui laisser trop de fruits ou trop de bois.
Terme de boulangerie. Fatiguer les levains, les prendre trop petits à proportion de la pâte dans laquelle on les fait entrer pour la faire lever.
- 4Importuner.
Ainsi donc mes bontés vous fatiguent peut-être ?
[Racine, Bérénice]Elle m'a fatigué de ce nom ennemi
. [Racine, Britannicus]Leur prompte servitude a fatigué Tibère
. [Racine, ib. IV, 4]Ce sceptre, cet empire.... fatiguent souvent leur triste possesseur
. [Racine, Esther]Je n'ose fatiguer M. le duc d'Aiguillon de cette affaire particulière ; il est assez occupé de celles du Nord
. [Voltaire, Correspondance]Dans le style élevé, fatiguer le ciel de ses voeux, de ses prières, adresser au ciel des demandes incessantes.
[Elle].... fatigue le ciel par des voeux superflus
. [Corneille, Othon]Ce fils, je l'obtins en fatiguant le ciel de voeux
. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre]Et je m'en vais pleurer leurs faveurs meurtrières Sans plus les fatiguer d'inutiles prières
. [Racine, Phèdre]Sans fatiguer le ciel par des voeux inutiles
. [Massillon, Carême, Prière 2] - 5 Familièrement. Fatiguer une salade, la retourner longtemps.
Fatiguer la terre, la retourner souvent.
J'ai dans mon voisinage des camarades qui fatiguent un terrain ingrat avec quatre boeufs
. [Voltaire, Mél. littér. à M. Dupont]Racine a dit, en un sens analogue, fatiguer la mer.
Et la rame inutile Fatigua vainement une mer immobile
. [Racine, Iphigénie en Aulide]Terme d'arts. Fatiguer un ouvrage, le retoucher avec un soin trop minutieux.
Saint Chrysostome fatigue son style à la manière d'Isocrate
. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]Fatiguer la couleur, y porter à diverses reprises le pinceau, de sorte que le coloris perd sa fraîcheur et les tons leur franchise.
- 6 vi Se donner, éprouver de la fatigue.
Quoique le roi ne fût pas en état de fatiguer
. [Vaugelas, Q. C. 427]Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage, Le sage.... lui dit.... reçois cet écu ; Tu fatigues assez pour gagner davantage
. [La Fontaine, Fables]Plus les troupes fatiguaient, plus il semblait qu'elles redoublassent de vigueur
. [Racine, Siége de Namur.] - 7 Par extension. Ce support fatigue beaucoup. Une poutre qui fatiguait rompit.
Se dit d'un vaisseau qui, violemment tourmenté par les lames, a de grands mouvements de tangage ou de roulis, et, par cette raison, éprouve, dans ses liaisons et dans sa mâture, de certains désordres qui peuvent avoir de fâcheuses conséquences pour leur solidité, JAL.
On dit que l'argent fatigue, quand il est constamment placé à intérêt.
Plus notre argent fatigue, et plus il nous rapporte
. [Regnard, Le joueur] - 8Se fatiguer, vpron Ressentir de la fatigue. Je me suis fatigué à la chasse. Mes yeux commencent à se fatiguer.
Je me fatiguerais à te tracer le cours Des outrages cruels qu'il me fait tous les jours
. [Boileau, Le lutrin]On dit aussi se fatiguer de. On se fatigue même du plaisir.
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