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fort, orte

adj. (for, for-t' ; le t ne se lie pas : un homme for et hardi ; au pluriel, l's ne se lie pas : des hommes for et hardis ; cependant quelques-uns lient cette s : des hommes for-z et hardis ; quand fort est employé pour le superlatif absolu, le t se lie : elle est for-t aimable ; il se lie aussi dans la locution fort et ferme : for-tè-fèr-m')

Résumé

  • 1° Qui a beaucoup de force.
  • 2° Qui a pour soi la force matérielle.
  • 3° Redoutable par le nombre, l'armement, etc.
  • 4° Capable, par la grosseur, de résister.
  • 5° Grand et puissant de corps.
  • 6° Considérable en son genre, en parlant des choses.
  • 7° Qui est en quelque excès sur la juste mesure.
  • 8° Qui a une longue portée, en parlant de la vision.
  • 9° Dont le son est plein, très marqué.
  • 10° Qui a une grande ténacité.
  • 11° Dru, rangé près à près.
  • 12° Rude, difficile.
  • 13° Chargé, en parlant d'une couleur, d'une liqueur.
  • 14° Qui fait beaucoup d'impression sur le goût, sur l'odorat.
  • 15° Âcre au goût, désagréable à l'odorat.
  • 16° Fig. Qui a de la grandeur, de l'impétuosité, de la violence, en parlant des choses.
  • 17° Un fort marchand.
  • 18° Qui a de la force d'âme et de la fermeté.
  • 19° Habile, capable.
  • 20° Bien fondé, appuyé sur de bons principes.
  • 21° Qui joint l'énergie à la justesse, en parlant du style.
  • 22° Qui a quelque chose d'outré.
  • 23° Terme de fauconnerie.
  • 24° Terme de droit coutumier.
  • 25° nm Celui qui a une grande force musculaire.
  • 26° Celui qui a la force ou la puissance.
  • 27° La partie la plus forte, la plus résistante d'une chose.
  • 28° Il se dit en parlant des sons.
  • 29° Ce qui est en excès, en termes de monnaie.
  • 30° Le plus épais, le fourré, en termes de chasse.
  • 31° Ouvrage de terre ou de maçonnerie capable de résister à l'ennemi.
  • 32° Fig. La partie essentielle, principale d'une chose.
  • 33° Le plus haut degré, en parlant de choses physiques et morales.
  • 34° Ce qui fait la force, la supériorité d'une personne.
  • 35° Adv. D'une manière forte.
  • 36° Extrêmement, beaucoup.
  • 1Qui a beaucoup de force. Cet enfant deviendra fort. Cet oiseau a l'aile forte. J'eus beau crier et me défendre [d'être berné] ; la couverture fut apportée ; et quatre des plus forts hommes du monde furent choisis pour cela. [Voiture, Lettres] Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts Pour vous faire service à tout mettre dehors. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Comme elle [la jeunesse] se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte, et tend les voiles de toutes parts à l'espérance qui l'enfle et qui la conduit. [Bossuet, Panégyrique] Les dernières levées étaient trop jeunes et trop faibles, il est vrai ; mais l'armée avait encore beaucoup de ces hommes forts et tout d'exécution, accoutumés aux situations critiques et que rien n'étonnait. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Familièrement. Être fort comme un Turc, comme un boeuf, extrêmement fort.

    Ironiquement. Il est le plus fort, il portera les coups.

    Fort de, se dit de la partie où l'on a de la force. Fort des bras, des reins.

    Fort de, se dit aussi de la chose qui rend fort. Semblables à ces enfants drus et forts d'un bon lait qu'ils ont sucé, qui battent leur nourrice. [La Bruyère, I]

    Dans le langage biblique, le Dieu fort, Dieu. Mon âme a une soif ardente pour le Dieu fort, le Dieu vivant. [Sacy, Bible, Psaumes, XLI, 3] Et, ayant dressé là un autel, il [Jacob] y invoqua le Dieu très fort d'Israël. [Sacy, Bible, Génèse, XXXIII, 20]

    Il se dit de la force de certaines choses comparée à la force musculaire. Les gros aimants, même les plus faibles, répandent en proportion leur force à de plus grandes distances que les petits aimants les plus forts. [Buffon, Minéralogie]

  • 2 Par extension, qui a pour soi la force matérielle. Il [l'Orient] fit Vespasien chef d'un plus fort parti. [Corneille, Tite et Bérénice] La raison du plus fort est toujours la meilleure. [La Fontaine, Fables]

    Qui a pour soi la force morale, la puissance, l'influence. Vous aurez affaire à forte partie. Mon repos m'est bien cher, mais Rome est la plus forte ; Et, quelque grand malheur qui m'en doive arriver, Je consens à me perdre afin de la sauver. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Il n'a pas à combattre une forte adversaire. [Rotrou, Bélisaire] D'un Dieu plus fort que toi dépend ta destinée. [Rousseau J.-b. Cantate, Circé.] Un Dieu plus fort que toi [vertu] m'entraînait vers le crime. [Voltaire, Œdipe]

    Être bien fort, avoir beaucoup de force, de puissance, d'influence. Et c'est être bien fort que régner sur tant d'âmes. [Corneille, Nicomède] Madame, on est bien fort quand on parle soi-même. [Corneille, Agésilas] Une mère est toujours bien forte sur une fille d'un bon naturel. [Rousseau, Les confessions]

    Fort de, qui puise force et confiance dans... Mais il faut craindre un roi fort de tant de sujets. [Corneille, Médée] Fier de mes cheveux blancs et fort de ma faiblesse. [Corneille, Pulchérie] Et forte désormais de vos droits et des miens. [Corneille, Attila] Ne te tiens-tu pas fort de ma poltronnerie ? [Molière, L'amphytrion] Il regrettait ces temps si chers à son grand coeur, Où, fort de sa vertu, sans secours, sans intrigue, Lui seul avec Condé faisait trembler la ligue. [Voltaire, La Henriade] Valois plein d'espérance et fort d'un tel appui. [Voltaire, ib. IV]

    Fig. Fort de, en parlant de choses. Des traits forts de sens [d'une morale élevée]. [Lamotte, dans DESFONT] Mes vers sont durs d'accord, mais forts de chose. Vers de LAMOTTE, cité par VOLT. Temple du goût] Je lis le mémoire de Mme Scaliger : il est bien fort de chose [souligné par Voltaire], raisonné à merveille, approfondi, et de la critique la plus vraie et la plus fine. [Voltaire, Correspondance]

    Terme d'astrologie. Planète forte, planète qui a le pouvoir d'influer efficacement.

    Se faire fort (littéralement, se donner pour assez fort, se dire assez fort pour), se porter caution, s'engager à faire quelque chose. Je me fais fort d'en venir à bout. Le roi, s'il s'en fait fort, pourrait s'en trouver mal. [Corneille, Nicomède] Il se fit fort de les avoir à sa maison de campagne. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Se porter fort pour quelqu'un, répondre de son consentement, et aussi se porter garant pour lui.

    Fort dans ces cas-là est toujours invariable : elle se fait fort, ils se font fort de.... Du moins telle est la décision de l'Académie (voy. plus bas la REMARQUE).

    Main-forte. voy. ce mot à son rang alphabétique.

  • 3 Terme de guerre. Redoutable par le nombre, l'armement, la position, etc. L'ennemi était plus fort que nous. Une armée forte de trente mille hommes Une escadre forte de six vaisseaux de ligne. Votre armée est la plus forte en nombre. [Corneille, Sophonisbe] Une troupe aussi forte, un camp aussi nombreux. [Voltaire, Les Scythes] L'armée d'Alexandre, forte de trois cent mille hommes, contenait ces peuples. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Qui est en état de résister aux attaques de l'ennemi, en parlant de positions, de villes de guerre. Ville forte. La position de l'ennemi était très forte. Le palais de Sylla, notre plus fort asile. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée]

  • 4Capable, par la grosseur, par l'épaisseur, de résister au choc, au poids, en parlant des choses. De fortes murailles. Une poutre très forte. De la vaisselle d'argent très forte. Il [le rouge-gorge] place son nid près de terre sur les racines des jeunes arbres, ou sur des herbes assez fortes pour le soutenir. [Buffon, Oiseaux]

    Terme de marine. Bâtiment fort de côté, bâtiment qui incline peu par un grand vent de travers. Fort en bois, qui a les côtés épais.

    Il se dit de même des tissus, des cuirs, etc. Un cuir fort. Une étoffe très forte. Un ruban très fort.

    Coffre-fort, voir COFFRE.

  • 5Grand et puissant de corps. Un homme grand et fort. Un fort cheval.

    On dit de même : Avoir la main forte, le pied fort. Il a le nez un peu fort. Placez la main autrement, et l'on ne s'apercevra plus qu'elle est un peu trop forte et trop caractérisée. [Diderot, Salons de peinture] L'Hercule de Glycon a le cou très fort relativement à la tête et aux jambes. [Diderot, Pensées sur la peinture]

  • 6Qui est considérable en son genre, en parlant des choses. C'est une forte maison, on y fait beaucoup de dépense. Recevoir un fort salaire. Une forte dose. Un fort détachement. La plupart des matelots accourant où la paye était la plus forte. [Rollin, Histoire ancienne] Colbert attira d'Italie Dominique Cassini, Huyghens de Hollande, et Roëmer de Danemark par de fortes pensions. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Deux cents talents ! la somme est forte, mais allez dire à votre maître que, pour me tenter, ce ne serait pas trop de sa couronne. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

    Un ordinaire fort, une table servie copieusement chaque jour.

    Une forte entrée, une entrée copieuse. On dit dans le même sens un plat fort, un plat copieux.

  • 7Qui est en quelque excès sur la juste mesure. Je soupçonne que ces mesures données par M. Mikhéli sont trop fortes, d'autant qu'elles excèdent de moitié celles qu'ont données MM. Cassini, Scheuchzer et Mariotti qui pourraient bien être trop faibles. [Buffon, Théorie de la terre]

    Monnaie forte, monnaie évaluée sur un pied avantageux à celui qui la reçoit en payement. Le roi [Charles XII] répandit au hasard mille bourses, qui font quinze cent mille francs de notre argent en monnaie forte. [Voltaire, Charles X'II, 6]

    Denier fort, voy. DENIER n° 3 et n° 8.

  • 8Qui a une longue portée, en parlant de la vision. Une forte lunette. Après avoir fait répéter cette expérience à d'autres dont les yeux étaient meilleurs et plus forts que les miens. [Buffon, Hist. min. t. VII, p. 321, dans POUGENS]
  • 9Voix forte, voix pleine et qui se fait bien entendre. Il [Télémaque] appelle à lui d'une voix forte les chefs de l'armée. [Fénelon, Télémaque]

    Terme de grammaire. Articulation forte, celle pour laquelle il faut fermer exactement la bouche pour la prononcer ; plus l'interception est exacte, plus l'articulation sera forte. pa, ta, ka, sont des articulations fortes ; ba, da, ga, sont des articulations faibles.

    Temps fort, en fait de musique, voir TEMPS.

  • 10Qui a une grande ténacité. Colle forte, voir COLLE.

    Terre forte, terre grasse, argileuse, tenace et difficile à labourer. J'ai fait tirer de chacun de ces arbres une solive de 22 pieds, sur 5 pouces d'équarrissage ; la première solive qui venait du terrain fort pesait 281 livres ; l'autre qui venait du terrain sablonneux ne pesait que 232 livres. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière]

  • 11Touffu, dru, rangé près à près. Les blés sont forts cette année. Un bois extrêmement fort. Une forte haie l'empêcha de passer.
  • 12Rude, difficile. Un ressort qui est très fort. Une forte tâche. Ils trouvèrent une montagne forte à monter. Il n'est tigre d'Asie, il n'est lion d'Afrique, Ni monstre si funeste et si fort à dompter. [Rotrou, Bélisaire]

    Ce cheval a la bouche forte, il a la bouche dure.

    Un cheval fort en bouche, cheval qui résiste au mors.

  • 13Chargé, en parlant d'une couleur, d'une liqueur. Bouillon fort. Cette lessive est trop forte. Des teintes plus fortes.
  • 14Qui fait beaucoup d'impression sur le goût, l'odorat. Ce tabac est très fort. De fortes épices.

    Liqueurs fortes, liqueurs alcooliques. L'on n'a d'autre intempérance à leur reprocher qu'une passion démesurée pour les liqueurs fortes. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] Le grand muphti, désespéré de voir les mosquées abandonnées, décida que cette boisson [le café] était comprise dans la loi de Mahomet, qui proscrit les liqueurs fortes. [Raynal, ib. III, 12]

    Eau-forte, nom de l'acide azotique. Ils cherchent à réveiller leur goût déjà éteint par les eaux-de-vie et par toutes ces liqueurs les plus violentes, il ne manque à leur débauche que de boire de l'eau-forte. [La Bruyère, VIII]

    Graver à l'eau-forte, graver sur une planche de cuivre à l'aide de l'eau-forte.

    Eau-forte, estampe tirée sur une planche qui a été préparée à l'eau-forte. Une belle eau-forte.

  • 15Âcre au goût, désagréable à l'odorat. Du beurre fort. Ceux de qui l'haleine est bien forte, Ou bien, pour parler d'autre sorte, Dont l'haleine sent les poireaux. [Scarron, Virgile travesti] La chair du faon est bonne à manger, celle de la biche et du daguet n'est pas absolument mauvaise, mais celle des cerfs a toujours un goût désagréable et fort. [Buffon, Quadrupèdes]
  • 16 Fig. Qui a de la grandeur, de l'impétuosité, de la violence, en parlant des choses. Une forte maladie. Son pouls est fort et élevé. Forte gelée. Le vent a été fort toute la nuit. Forte douleur. Donner une médecine trop forte. Forte chaleur.

    En parlant de la mer, grosse, houleuse. Une forte mer.

    Il se dit, dans un sens analogue, des choses morales. La vérité même ne serait pas assez forte contre vous. [Guez de Balzac, Correspondance] Si d'un triste devoir la juste violence.... Prescrit à ton amour une si forte loi Qu'il te rend sans défense à qui combat pour moi. [Corneille, Le Cid] Qu'en présence des rois les vérités sont fortes ! Que, pour sortir d'un coeur, elles trouvent de portes ! [Corneille, Nicomède] Il est assez nouveau qu'un homme de son âge Ait des charmes si forts pour un jeune courage. [Corneille, Sertorius] Et ce qu'ils ont osé contre leur servitude N'en a rendu le joug que plus fort et plus rude. [Corneille, ib.] Votre nom pour ce choix est plus fort que le mien. [Corneille, Pulchérie] De la plus forte ardeur vous portez vos esprits Jusqu'à l'indifférence et peut-être au mépris. [Corneille, Polyeucte] As-tu donc pour la vie une haine si forte ? [Corneille, ib. V, 2] Le premier sang versé rend sa fureur plus forte. [Corneille, Nicomède] À moins d'une secrète et forte antipathie. [Corneille, Sertorius] Ta forte passion est d'être brave et leste. [Molière, L'école des femmes] M'en acquitter vers elle est ma plus forte envie. [Corneille Th. Ariane] Je répétai deux ou trois fois la proposition accordée, ajoutant toujours quelque circonstance plus forte, mais évidemment contenue dans ce qui était accordé. [Bossuet, Conférence avec Claude, 2] Qui peut vous inspirer une haine si forte ? [Racine, Athalie] Ceux que des noeuds si forts n'ont pas su retenir. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis] J'étais comme enlevée ; il y avait quelque chose de trop fort pour moi dans la rapidité des événements qui me déplaçaient, qui me transportaient. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***] Mon amour est plus fort, plus grand que mes bienfaits. [Voltaire, Zaïre] Ce nouveau mouvement dans mon coeur est trop fort. [Voltaire, La mort de César] Et sur votre vaillance J'ai fondé dès longtemps ma plus forte espérance. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] Pour murmurer jamais ma tendresse est trop forte. [Ducis, Abufar ou La Famille arabe]

    Cela est plus fort que moi, je n'y puis résister, en parlant d'une passion, d'une habitude qu'on ne peut vaincre.

  • 17Un fort marchand, un marchand qui fait de grandes affaires. On consulta enfin deux forts laboureurs et deux bons marchands de blé, et il y eut le lendemain plus de pain au marché qu'on n'en voulait. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 18Qui a de la force d'âme, de la fermeté. La femme forte de l'Écriture. Ô dieux ! que de faiblesse en une âme si forte ! [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Une femme forte, pleine d'aumônes et de bonnes oeuvres, précédée, malgré ses désirs, par celui que tant de fois elle avait cru devancer. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vous avez une âme forte à qui je dis quelquefois des vérités fortes. [Voltaire, Correspondance] Fort contre vos raisons, faible contre ses pleurs. [Voltaire, Brutus] Nous ne pouvons jamais nous affranchir de la nécessité d'avoir un suprême empire sur nous-mêmes ; si nous ne sommes pas fortes contre le vice, nous sommes obligées de l'être contre la honte. [Genlis, Mme de Maintenon, t. I, p. 150, dans POUGENS]

    Il se dit, en un même sens, de certaines choses morales ou intellectuelles. Voyons donc ce dernier combat [l'agonie] ; mais encore un coup affermissons-nous ; ne mêlons point de faiblesse à une si forte action, et ne déshonorons pas par nos larmes une si belle victoire. [Bossuet, Oraisons funèbres] On n'entendit plus parler de cette éducation forte et sévère de la jeunesse persane. [Rollin, Histoire ancienne] Je conviens que le sujet n'est guère théâtral pour nous qui, ayant beaucoup plus de goût, de décence, de connaissance du théâtre que les Anglais, n'avons généralement pas des moeurs si fortes. [Voltaire, Catilina, ou Rome sauvée] Les Mogols n'avaient plus rien de ces moeurs fortes qu'ils avaient apportées de leurs montagnes. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    On dit quelquefois qu'une oeuvre littéraire est forte, quand elle exprime surtout des sentiments de fermeté et de courage, etc. On joue souvent Zaïre parce qu'elle est tendre ; on ne joue pas Brutus parce que cette pièce n'est que forte. [Voltaire, Correspondance]

  • 19Habile, capable. Vous êtes plus fort que moi aux échecs. Je suis diablement fort sur l'impromptu. [Molière, Les précieuses ridicules] Vous dites que vous n'êtes pas forte sur la narration. [Sévigné, 402] Phocion était fort en raisonnement, et par là venait à bout d'abattre et de renverser la plus haute éloquence. [Rollin, Histoire ancienne] Qui peut en fourberie être si fort que toi ? [Regnard, Le légataire universel] S'il est faible en talent, il est fort en intrigue. [Picard, Méd. et rampant, I, 2] Si monsieur est neuf sur les manières de Paris, vous n'êtes pas très fort sur la géographie. [Picard, Les provinciaux à Paris]

    Absolument. Un homme fort, un homme dont l'esprit a plus d'étendue, de pénétration, de force qu'on n'en a d'ordinaire.

    Un élève fort, un élève qui sait bien ce qu'on lui enseigne. Il est fort en grec, en mathématiques. Malgré la sévérité de ce professeur, j'étudiai sous lui pendant six mois, et je devins un de ses plus forts écoliers. [Lesage, Histoire d'Estevanille Gonzalez, surnommé le garçon de bonne humeur]

    Familièrement. Il n'est pas fort, c'est-à-dire il s'en faut de beaucoup qu'il soit habile.

    Familièrement. Il est fort pour parler, il parle plus qu'il n'agit.

    Familièrement, être fort pour, signifie aussi avoir du goût pour. Il est fort pour le spectacle, pour le vin, pour jouer.

    Être fort en gueule, parler beaucoup, avoir la repartie prompte, piquante, insolente. Vous êtes, ma mie, une fille suivante, Un peu trop forte en gueule et fort impertinente. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    En parlant des ouvrages d'esprit, qui témoigne de la force, de l'habileté. Ce jeune homme a fait une composition très forte. Si ce discours vous plaît et vous semble fort, sachez qu'il est fait par un homme qui s'est mis à genoux pour prier.... [Pascal, Moyens, édit. FAUGÈRE.] Dieu veuille que ces derniers tomes soient cent fois plus forts que les premiers ! c'est ainsi qu'il faut répondre aux persécuteurs. [Voltaire, Correspondance]

    Ironiquement. Dire : quel honneur vous me faites ! Messieurs, vous êtes trop honnêtes ; Ou quelque chose d'aussi fort. [Béranger, Acad. et Cav.]

    C'est une forte tête, une tête forte, c'est un homme judicieux et sagace.

    Ironiquement, les fortes têtes de l'endroit, les notables les plus habiles d'une localité où il y a peu de lumières.

    Une tête forte, se dit aussi d'un homme qui supporte bien le vin.

    Une imagination forte, imagination qui se représente les choses avec énergie. Les hommes d'une imagination forte, comme Pascal, parlent avec une autorité despotique. [Voltaire, Correspondance]

    Avoir l'esprit fort, avoir de la vigueur, de la pénétration dans l'esprit. Montrez un esprit fort en un corps abattu. [Rotrou, Hercules mourant]

    Esprit fort, voir ESPRIT, n° 20. Si c'est le grand et le sublime de la religion qui éblouit ou qui confond les esprits forts, ils ne sont plus des esprits forts, mais de faibles génies et de petits esprits. [La Bruyère, XVI]

    Bien fondé, appuyé sur de bons principes. De forts arguments. Une objection forte. De fortes preuves. Il [Corneille] a un nom très respecté, il est mort ; voilà déjà une raison bien forte (je ne dis pas bien bonne) en sa faveur. [D'alembert, Lett. à Voltaire, 27 janv. 1762]

    À plus forte raison, voir RAISON.

  • 21Il se dit du style, des expressions, pour dire que l'énergie est jointe à la justesse. Un style fort et concis. Une éloquence forte et rapide. Madame a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelles grâces vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée, et ces fortes expressions, par lesquelles l'Écriture exagère l'inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Terme de peinture. Qui a de la précision et ne laisse rien de douteux. Contours forts.

  • 22Il se dit, en un autre sens, des expressions qui ont quelque chose d'outré, de dur, de dépassant la mesure. Le paradoxe est fort. [Molière, Les femmes savantes] L'épithète est un peu forte. [Molière, Critique de l'école des femmes] S'il faut user de termes forts, la force de la vérité me les arrache. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Le comte de Polignac a écrit au nonce une lettre un peu forte. [Maintenon, Lettres] Les éloges que Virgile, Horace et Ovide même prodiguèrent à Auguste étaient beaucoup plus forts [que les éloges prodigués à Louis XIV] ; et, si on songe aux proscriptions, ils étaient assurément bien moins mérités. [Voltaire, Frag. sur l'hist. art. XXVIII] Après Milton, après le Tasse, Parler de moi serait trop fort, Et j'attendrai que je sois mort, Pour apprendre quelle est ma place. [Voltaire, Stances, 1]

    Familièrement. Cela est fort, paraît fort, voilà qui est fort, ou c'est trop fort, c'est par trop fort, c'est un peu fort, se dit d'une chose qu'on ne peut croire, qui surprend désagréablement. Vous m'avouerez que cela est fort, locution de la cour. [De Caillières, 1690]

  • 23 Terme de fauconnerie. Volée du poing fort, action de lancer les oiseaux de poing sur le gibier.
  • 24 Terme de droit coutumier. Forte clameur, amende que payait en quelques endroits celui qui perdait un procès.
  • 25 nm Celui qui a une grande force musculaire ; il ne se dit que dans cette locution, les forts de la halle, les portefaix qui font le service de la halle au blé de Paris. De la halle on dirait deux forts : Peut-être ce sont des milords. [Béranger, Boxeurs.]

    Se dit aussi de ceux qui portent les marchandises dans les ports.

  • 26Celui qui a la force ou la puissance. Protéger le faible contre le fort. L'épouvante a surpris les forts de Moab, et tous les habitants de Chanaan ont séché de crainte. [Sacy, Bible, Exode, XV, 15] Le patient vaut mieux que le fort, et celui qui dompte son coeur vaut mieux que celui qui prend des villes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quelquefois la sagesse a maîtrisé le sort ; C'est le tyran du faible et l'esclave du fort. [Voltaire, Pélop. I, 1]

    Le pain des forts, voir PAIN.

    Dans le langage de la chaire, le fort armé, le diable. Le fort armé, c'est le démon.... Jésus-Christ a chassé ce fort armé, quand il a ébranlé le coeur endurci et qu'on a fait pénitence. [Bossuet, Sermons]

  • 27La partie la plus forte, la plus résistante d'une chose. Le fort de la voûte, d'une poutre.

    Mettre du bois sur son fort, le placer dans la position où il résiste le mieux à la charge.

    Le fort du pied, le côté qui appuie le plus sur la terre.

    Le fort de l'épée, le tiers du tranchant qui est à partir du talon, et avec lequel on pare surtout. Zadig sut parer le coup, en opposant ce qu'on appelle le fort de l'épée au faible de son adversaire. [Voltaire, Zadig, ou La destinée]

    Le mi-fort, la partie de l'épée qui vient après le fort et qui est entre ce qu'on nomme le fort et le faible.

    Fort de la pique, le milieu de cette arme.

    Fort d'une balance romaine, le côté qui est le moins éloigné du centre ou point de suspension.

    Terme de marine. Le fort d'un navire, le milieu qui en est la partie la plus enfoncée et en même temps la plus large.

    Ligne du fort, se dit, dans un navire, de la ligne jusqu'à laquelle il enfonce quand on le charge de toutes les marchandises qu'il peut porter commodément et sans péril, et qui est au-dessus de la ligne d'eau.

    Le fort et le faible, ce qu'il y a de fort et de faible dans une personne, dans une chose. Les hommes d'ailleurs, qui tous savent le fort et le faible les uns des autres, agissent aussi réciproquement comme ils croient le devoir faire. [La Bruyère, XI] Je connais le fort et le faible de tous les états de la vie. [Dancourt, Retour des officiers, sc. 6] Le fort et le faible de tous les gouvernements a été examiné de près dans les derniers temps. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Enfin après avoir examiné le fort et le faible des sciences, il fut décidé que monsieur le marquis apprendrait à danser. [Voltaire, Jeannot et Colin]

    Du fort au faible, le fort portant le faible, c'est-à-dire toute compensation faite. Quatre chevaux porteront tout cela, du fort au faible.

  • 28Se dit en parlant des sons. Il [le rossignol] saute du grave à l'aigu, du doux au fort. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]
  • 29 Terme de monnaie. Le fort, ce qui est en excès. Travailler sur le fort, tailler des flans ou espèces qui pèsent plutôt plus que moins et au delà du poids ordinaire.
  • 30 Terme de chasse. Le plus épais du bois et des buissons, où les bêtes sauvages se retirent (on voit à l'historique que fort a été employé en termes de chasse bien avant de l'être en termes de fortification). Relancer la bête dans son fort. Il entre dans le fort, se mêle avec les piqueurs. [La Bruyère, VII] Lorsque les louves sont prêtes à mettre bas, elles cherchent au fond du bois un fort, un endroit bien fourré, au milieu duquel elles aplanissent un espace assez considérable en coupant, en arrachant les épines avec les dents. [Buffon, Quadrupèdes] Autrefois on en faisait le vol à l'épervier ou au faucon ; et, dans cette petite chasse, le plus difficile était de faire partir l'oiseau [le râle d'eau] de son fort. [Buffon, Oiseaux] Les ombrages ne sont pour l'autre que des viandis, des forts. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Fig. Lorsque l'ennui pénètre dans mon fort, Priez pour moi : je suis mort, je suis mort. [Béranger, Mort viv.]

    Piquer dans le fort, pousser son cheval au galop dans le plus fourré du bois.

    Sortir du fort, rentrer au fort, se dit de la bête quand elle débuche et se rembuche. Un loup.... Sortant hors de son fort rencontre une lionne. [Régnier, Satires]

  • 31Ouvrage de terre ou de maçonnerie capable de résister aux attaques de l'ennemi. Et l'on ignore encor parmi ses ennemis L'art de reprendre un fort qu'une fois il a pris. [Corneille, Nicomède] Un fort ne se rend point qui n'est point combattu. [Rotrou, Hercules mourant] Du débris de leurs forts il couvre ses frontières. [Racine, Esther] Pour moi, loin de la ville établi dans ce fort. [Voltaire, Tancrède]

    Forts de campagne, ceux qui sont faits pour garder des passages, ou pour défendre des lignes.

    Fort à étoile, fort construit par angles rentrants et saillants, et ressemblant par sa forme à une étoile. Le fort Louis, qui défend cette partie de l'établissement, n'est qu'un misérable fort à étoile, incapable d'une résistance un peu opiniâtre. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Fort détaché, fort qui ne tient pas au corps de la place. Les forts détachés autour de Paris.

  • 32 Fig. La partie essentielle, principale d'une chose. Ce n'est pas sur moi que tombe le fort de cette accusation. [Pascal, Les provinciales] Voici le fort de l'objection. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Le fort de la dispute entre Zénon et Arcésilas roulait sur le témoignage des sens. [Rollin, Histoire ancienne]

    Le fort et le fin, ce qu'il y a de plus difficile dans un art, dans une science. Te prouver à toi-même en grec, hébreu, latin, Que tu sais de leur art et le fort et le fin. [Boileau, Satires]

    Le plus fort, ce qu'il y a de plus difficile, de plus pénible. Que reste-t-il ? le plus fort en est fait. [La Fontaine, Rich.] Voilà le plus fort passé. [Sévigné, 470]

    De son plus fort, autant que l'on peut. Que j'y courrais, et tout de mon plus fort. [La Fontaine, Herm.]

  • 33Le plus haut degré, en parlant de choses physiques. L'on ne pria les saints qu'au fort de la tempête. [Régnier, Satires] Pareille à ces éclairs qui dans le fort des ombres.... [Corneille, Horace] Pendant ce temps heureux, passé comme un éclair, Je me couchais sans feu dans le fort de l'hiver. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire] Point de glace, bon Dieu ! dans le fort de l'été, Au mois de juin.... [Boileau, Satires] Xipharès.... qu'au fort du combat une troupe rebelle.... [Racine, Mithridate] Ce fut au fort des fêtes que l'on faisait pour cette nouvelle reine, dans tout l'éclat d'une cour brillante, que le chevalier de Grammont vint contribuer à sa magnificence et à ses plaisirs. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]

    Il se dit, dans le même sens, des choses non physiques. Dans le fort de ma colère, je n'ai point fait de plaintes contre vous qui ne fussent accompagnées de louanges. [Voiture, Lettres] Ici, au contraire, il nous a fallu reprendre celle-ci [Corbie] dans le fort d'une infinité d'autres affaires qui nous pressaient de tous côtés. [Voiture, ib. 74] Et vous donne, au plus fort de vos adversités, Le sceptre que j'attends et que vous méritez. [Corneille, Médée] Au fort de ma douleur tu rappelles ma crainte. [Corneille, Polyeucte] [Il] Se jette furieux au plus fort du danger. [Rotrou, Antigone] Il ne manqua pas non plus au fort de la conversation.... d'être saisi par quatre hommes masqués. [Scarron, Le Roman comique] Leur triomphante joie, au fort d'un tel outrage. [Molière, Psyché] Toujours tu me verras, au fort de mon ennui, Mettre tout mon plaisir à te parler de lui. [Racine, Alexandre le grand]

    Ce qui fait la force, la supériorité d'une personne. La critique est son fort. Tout le fort de cet homme est la mémoire. C'est ici son fort, et l'endroit fatal où il prend de nouveaux avantages. [Guez de Balzac, Le Barbon] Le principal effet de l'émulation, c'est de nous inspirer un désir de l'emporter sur notre adversaire dans les choses où il fait son fort. [Bossuet, Sermons] Même sur le siége, qui est son fort [de Vauban] et où il décide souverainement.... [La Bruyère, XII] Il voulut provoquer Matta par son fort. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Nous inventons des réponses aux objections de l'adversaire, et nous ne songeons à lui que pour trouver le défaut de ses opinions ; d'où il arrive que nous sommes plus instruits de ce que nous appelons nos bonnes intentions que de celles où il met le fort de sa cause. [Bayle, Comment. philos. IV, 2]

    Faire fort sur, compter sur, arguer de. Je n'ai jamais trouvé, parmi nos prétendus réformés, aucun homme de bon sens qui fît fort sur cet article. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]

  • 35Fort, adv. D'une manière forte. Pousser fort. Les chirurgiens, qui, ayant lié le bras médiocrement fort, au-dessus de l'endroit où ils ouvrent la veine, font que le sang en sort plus abondamment que s'ils ne l'avaient point lié. [Descartes, Discours de la méthode] Fort, madame, frappez comme il faut. [Molière, George Dandin] Elle m'embrassa fort. [Sévigné, 12]

    Il se dit, dans le même sens, des choses morales. Mme d'Orgimont aime plus fort, mais vous aimez mieux. [Genlis, Veillées du château t. I, p. 152, dans POUGENS] Jamais l'amitié N'a parlé dans mon coeur plus fort que la pitié. [Arnault, Oscar, II, 1]

    Familièrement. De plus fort en plus fort, avec une force croissante. Il crie de plus fort en plus fort.

  • 36Extrêmement, beaucoup. Il gèle fort. Fort beau. Fort aimable. Fort heureusement. Fort bien. Fort mal. Auguste est fort troublé, l'on ignore la cause. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Et je m'étonne fort d'où vous vient cette audace. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] Vous m'obligerez fort d'en prendre le souci. [Corneille, Théodore et Héraclius] ....Je suis un valet, mais fort homme d'honneur. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Quelque fort qu'on s'en défende, Il faut y venir un jour. [Molière, La princesse d'Élide] Je trouvai ici le chevalier à mon arrivée ; nous causâmes fort, il me dit des choses particulières et très agréables. [Sévigné, 30 oct. 1680] Il est fort de nos amis, j'ai reçu de lui mille consolations cet hiver passé. [Sévigné, 8 juill. 1685] Je postulerai fort et ferme une place dans votre académie. [Voltaire, Correspondance] Du reste ils sont fort les maîtres de m'excommunier, si cela les amuse. [Rousseau, Correspondance] S'il suffit d'être homme pour nous plaire, pourquoi donc me déplaisez-vous si fort ? [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile] Madame est fort amie avec Mme de Saint-Alban. [Genlis, Théât. d'éduc. l'Intrigante, I, 1]

    Si fort, suivi d'un adjectif. Un si rare service et si fort important Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant. [Corneille, Horace]

PROVERBES

Jeunesse est forte à passer, c'est-à-dire c'est un temps difficile à passer.

Vos fortes fièvres quartaines, se disait par forme d'imprécation.

REMARQUE

1. Plusieurs grammairiens ont réclamé contre la décision qui oblige à dire : Cette femme se fait fort de fournir la somme demandée ; ils se font fort de.... Déjà, en 1668, Marguerite Buffet, Observ. p. 195, prétendait qu'il fallait dire : Elle se fait forte. La vérité est que la locution était parfaitement régulière quand fort était des deux genres ; l'ancienne langue disait uns hom fors, une femme fors. Aujourd'hui que fort fait au féminin forte, il ne reste plus là qu'un archaïsme qui mériterait sans doute d'être conservé s'il s'était transmis sans variation ; mais depuis longtemps, comme on peut voir à l'historique, l'analogie nouvelle de la langue l'a enfreint. Voilà pour le féminin ; quant au pluriel, dire : Ils se font fort et non forts, cela n'est fondé ni sur l'archaïsme ni sur la grammaire ; fort est ici adjectif et non adverbe.

2. Nodier et quelques autres ont signalé fort de.... comme un néologisme blâmable. Mais on peut voir au n° 2, que ce n'est point un néologisme. À quoi on peut ajouter que, grammaticalement, il n'y a rien à blâmer dans cette tournure.

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37Dans les raffineries de salpêtre, eaux fortes, celles qui n'ont plus qu'à passer une fois sur des terres neuves pour devenir eaux de cuite.
38De plus fort, plus fortement, avec plus de force. L'ordonnance du 20 juillet 1825, voulant assurer de plus fort l'exécution complète de la loi du 1er mai 1822. [Gazette des tribunaux]
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