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fossé

nm (fô-sé ; quelques personnes disent fo-sé, et H. Estienne remarque que fosse a l'o long et fossé l'o bref ; du temps de Chifflet, quelques-uns, pensant raffiner, prononçaient foussé, comme chouse au lieu de chose)
  • 1Sorte de fosse continue servant soit à l'écoulement des eaux, soit à la séparation de terrains. Les fossés que Cyrus creusait autour d'elle [Babylone]. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Au milieu de tant de périls [à la bataille de Sénef], il [le fils de Condé] voit ce grand prince [Condé] renversé dans un fossé sous un cheval tout en sang. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Fig. Le grand fossé, le tombeau. Qu'ils [nos fils] chantent à perdre haleine Sur le bord du grand fossé. [Béranger, J. des morts.]

    Fig. Faire de la terre le fossé, tirer de la chose même de quoi subvenir aux dépenses nécessaires pour l'agrandir.

    Se dit plus souvent d'un dissipateur se ruinant par des emprunts successifs dont l'un rembourse l'autre.

    Fig. et familièrement. Sauter le fossé, se risquer enfin après avoir longtemps hésité, et, plus souvent, faire par nécessité ce qu'on ne voudrait pas faire. Allons, ferme, monsieur, il faut sauter le fossé. [Dancourt, l'Été des coquettes, sc. 23]

  • 2Creux continu servant à la défense d'une place de guerre. Car par votre vertu les nôtres repoussés Vous laissèrent venir jusqu'aux bords des fossés. [Mairet, Sophonisbe] Après cela, les assiégeants [de la ville de Péronne], ayant encore tenté deux furieux assauts où ils laissèrent leurs échelles et grand nombre de leurs plus braves hommes dans les fossés.... [Mézeray, Abrégé de l'hist. de Fr. t. IV, p. 595, Amst. 1688] Ces angles, ces fossés, ces hardis boulevards. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    Fossé revêtu, celui dont l'escarpe et la contrescarpe sont revêtues d'un mur de maçonnerie en talus.

  • 3Creux pratiqué au fond de la couche de sable du moule à plomb.

PROVERBES

Au bout du fossé la culbute ; manière de faire entendre qu'on se résout aux conséquences fâcheuses que pourrait avoir une résolution hardie et imprudente (locution figurée pour laquelle il est difficile de trouver le sens physique et propre qui y a donné lieu ; elle semble signifier : quand on arrive au bout du champ où est le fossé, on le rencontre et on y culbute, ou bien bout est pris ici pour l'endroit où le fossé commence).

Ce qui tombe dans le fossé est pour le soldat, c'est-à-dire ce qu'on laisse tomber est pour celui qui le ramasse.

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4Espace vide ménagé dans la mécanique à tulle.

REMARQUE

Dans le proverbe : au bout du fossé la culbute, nous avons remarqué qu'il était difficile de comprendre le sens physique de la locution. Dans l'exemple suivant, l'écrivain l'a conçue, comme représentant une pente au bout de laquelle on rencontre le fossé et la culbute. Arrêter une administration qui a pris le mors aux dents et qui court sur une pente au bout de laquelle peut être le fossé, est une bonne et utile besogne. le Courrier du dimanche, 9 juillet 1865, p. 3, 4e col.] Cet exemple est trop récent pour rien prouver au sujet de l'origine de la locution. Pourtant il est possible qu'elle ait été d'abord : au bout le fossé et la culbute. Cela se comprend et aurait été altéré d'une manière peu intelligible. De telles altérations surviennent parfois dans les locutions proverbiales.

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