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français, aise

adj. (fran-sê, sê-z')
  • 1Qui est de France. Le territoire français. Le caractère français. L'Académie française. Il semble que la bonne fortune de la langue française lui ait ménagé cette glorieuse prérogative d'être la première qui ait paru réunie en un corps si vaste et si étendu [un dictionnaire complet]. Préf. du Dict. de FURETIÈRE] Dans le siècle passé, Charles Quint, d'ailleurs ennemi mortel de la France, aimait si fort la langue française qu'il s'en servit pour haranguer les États des Pays-Bas le jour qu'il fit son abdication. ib.] Il n'y a que les coeurs français qui connaissent cette sorte de délicatesse. [Rousseau, Les confessions]

    Par extension. Être tout Français, être attaché aux intérêts de la France. Comme le sénateur [Morstein] était tout Français, son témoignage fit employer Caillières. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] J'étais Français ardent [ardent partisan des Français], et cela me rendit nouvelliste. [Rousseau, Les confessions]

    Théâtre français, théâtre de Paris consacré spécialement à la représentation des tragédies et des comédies. On dit, dans le même sens, au pluriel, les Français. Allons aux Français voir Cinna. Au sortir du concert je le mène aux Français, Où j'ai depuis huit jours une loge louée. [Boissy, Deh. tromp. III, 5]

    Les Français pour la Comédie française, ellipse née pendant la révolution. [Genlis, Mém. t. V, p. 91] C'est une erreur de Mme de Genlis, comme on le voit par l'exemple de Boissy, dont la comédie citée plus haut est de 1740.

  • 2 nm et f Celui, celle qui est née en France. Un Français. Une Française. L'on doit demeurer d'accord que les Français ont quelque chose en eux de poli, de galant, que n'ont point les autres nations. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Un homme qui aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au monde ne reconnaîtrait plus les Français ; il croirait que les Allemands ont conquis ce pays-ci. [Voltaire, Correspondance] Sous Hugues Capet, Robert, Henri et Philippe, on n'appela Français que les peuples en deçà de la Loire. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Le résultat de cette savante conversation fut qu'on devait donner le nom de Francs aux pillards, le nom de Velches aux pillés et aux sots, et celui de Français à tous les gens aimables. [Voltaire, Disc. aux Velches, Suppl.]

    Collectivement. Le Français est léger. Le Français, né malin, forma le vaudeville. [Boileau, L'art poétique]

    Roi des Français, qualification donnée à Louis XVI en 1789, d'après une distinction subtile et fausse de J. J. Rousseau qui prétendait que le nom de la terre après le mot roi, empereur, impliquait la possession absolue du sol et même des personnes. Cette qualification fut reprise par Louis-Philippe en 1830.

  • 3 nm Le français, la langue française. Apprendre, enseigner le français. La capitale de l'empire romain et de l'Église latine, où toutes les autres langues devraient se taire, quand le latin parle, Rome, dis-je, observe pourtant cette coutume dans la publication du jubilé, que deux prêtres en lisent la bulle, l'un en latin, l'autre en français sur deux chaires différentes dans l'église de Saint-Pierre du Vatican. Préf. du Dict. de FURETIÈRE] Ce qui rend encore le français plus commun, c'est la perfection où le théâtre a été porté dans cette langue ; c'est à Cinna, à Phèdre, au Misanthrope qu'elle a dû sa vogue, et non pas aux conquêtes de Louis XIV. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] On prétend que le latin était, par la vivacité des ellipses et par la variété des inversions, plus propre à l'éloquence ; le français le serait plus à la philosophie par l'ordre et la simplicité de la syntaxe. [Duclos, Gramm. Oeuv. t. IX, p. 94, dans POUGENS]

    Écrire en français, écrire correctement dans la langue française. Je me pique seulement d'écrire en français ; c'est un devoir indispensable que tout le monde a négligé depuis Racine. [Voltaire, Correspondance]

    En langage d'écolier, le bon français, la traduction plus élégante qui se fait après l'explication littérale. Mettez ce morceau en bon français. Répéter le bon français.

    Entendre le français, comprendre la langue française.

    Fig. Entendre le français, comprendre à demi-mot. Hé ! pourquoi donc ne pas parler ? que craignez-vous ? les petites filles du palais entendent le français, monsieur, je vous en réponds. [Dancourt, la Gazette, sc. 2] M. de Duras se disposait à se trouver à Versailles ; le roi lui manda de ne point venir et de ne songer qu'à sa santé il entendit le français et demeura à Paris. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Familièrement. Entendez-vous le français ? comprenez-vous mon avertissement, ma menace, etc. ?

    J'entends le français, je vous comprends parfaitement.

    En bon français, clairement, franchement, sans ménagement. Notre ennemi, c'est notre maître : Je vous le dis en bon français. [La Fontaine, Fables] Qu'est-ce donc ? qu'ai-je fait ? - Le sot, en bon français. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Adjectivement. Ce qui n'est pas clair n'est pas français.

    Cela n'est pas français, se dit d'un propos contraire à l'honneur, au sentiment national, à la galanterie.

    Adverbialement. Parler français, s'exprimer en langage français. Cet étranger parle français. On l'entend [la langue française] et on la parle dans toutes les cours de l'Europe, et il n'est point rare d'y trouver des gens qui parlent français et qui écrivent en français aussi purement que les Français mêmes. Préf. du Dict. de FURETIÈRE] Parlez grec, latin, italien au peuple, mais parlez français au sage. [Diderot, Lettre sur les sourds et muets à l'usage de ceux qui entendent et qui parlent]

    Fig. Parler français, s'expliquer clairement, intelligiblement.

    Parler français, expliquer nettement son intention sur quelque affaire. Expliquez-vous, on a bien de la peine à vous faire parler français. Ce discours était assez net, et il était difficile de parler plus français. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]

    Parler français à quelqu'un, lui parler avec autorité et d'un ton menaçant. Mme de Montespan la renvoyait [la fille de M. du Maine] quand elle l'importunait, et lui parlait extrêmement français. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 4À la française, à la manière des Français. S'habiller à la française. Il n'y a rien de si ridicule que l'italien chanté à la française, si ce n'est peut-être le français chanté à l'italienne. [Voltaire, Le temple du goût]

REMARQUE

Français s'est longtemps écrit comme François, lors même que la prononciation avait changé. On y fait l'homme d'importance, Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois, C'est proprement le mal françois. [La Fontaine, Fables] À mon gré, le Corneille est joli quelquefois ; En vérité pour moi j'aime le beau françois. [Boileau, Satires]C'est dans le XVIe siècle que la prononciation changea : on n'osa plus, selon un auteur contemporain, dont voici les termes : dire françois et françoise, sur peine d'être appelé pédant ; mais faut dire francès et francèse comme anglès et anglèse. [D'olivet, Rem. Racine, § 10] Voltaire, comme on sait, insista beaucoup pour qu'on écrivît français : On prononce aujourd'hui français, et quelques auteurs l'écrivent de même ; ils en donnent pour raison qu'il faut distinguer françois, qui signifie une nation, de François, qui est un nom propre. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Cette innovation fut combattue ; et Louis Racine, dans la préface de ses Remarques sur le théâtre de son père, dit : " Vous ne serez pas, monsieur, de ceux qui écrivent français, au lieu de françois. " D'Alembert objectait que, faisant tant que de changer, il faudrait écrire francès : On ferait peut-être bien d'ajouter que français ne représente guère mieux la prononciation, et qu'on devrait écrire francès comme procès, Lett. à Voltaire, 11 mars 1770. Toutefois l'innovation a prévalu, avec raison, puisqu'il y a toujours de l'inconvénient à écrire de même deux sons différents sans aucun moyen de les distinguer. On remarquera que jadis la diphthongue oi se prononçait plutôt ouè que oua ; de sorte que le passage de la prononciation de oi en è a été moins difficile qu'il ne le semble d'abord.

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