gêné, ée
part. passé (jê-né, née) de gêner
- 1Mis à la question. Gêné par ordre du juge.
- 2 Fig. Qui éprouve une vive douleur, une torture morale.
Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée Que....
[Malherbe, V, 15]Mon coeur gêné d'amour n'a vécu qu'aux ennuis
. [Régnier, Élégies]Ne t'étonne donc plus si mon âme gênée Avec impatience attend son hyménée
. [Corneille, Le Cid] - 3Qui est mal à l'aise, dans quelque chose de trop étroit. Gêné dans ses souliers.
Fig.
Tout était équivoque dans sa situation [du pape] ; les papes, depuis Grégoire VII, eurent toujours avec les empereurs cette conformité, les titres de maîtres du monde et la puissance la plus gênée
. [Voltaire, Annales de l'Empire depuis Charlemagne] - 4À qui on cause des embarras, des difficultés. Gêné dans ses desseins.
La philosophie, toujours gênée, ne put dans le seizième siècle faire autant de progrès que les beaux-arts
. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] - 5Qui est mal à son aise à l'égard de personnes ou de choses.
Ils se croiraient gênés dans cette ville immense
. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]La comtesse : Puisque vous n'avez besoin que de cela, monsieur, j'en suis ravie ; je vous l'accorde ; j'en serai moins gênée avec vous. - Lelie : Moins gênée ? ma foi, madame, il ne faut pas que vous le soyez du tout
. [Marivaux, La surprise de l'amour]Familièrement. Vous n'êtes pas gêné, se dit à quelqu'un qui en use trop librement. C'est un homme qui n'est pas gêné.
Proverbialement. Il est plus gênant que gêné.
- 6Qui a quelque chose de contraint. Démarche gênée.
La plupart des livres ressemblent à ces conversations générales et gênées, dans lesquelles on dit rarement ce qu'on pense
. [Voltaire, Loi natur. Préf.]Terme de peinture. Se dit d'un dessin contraint.
- 7Qui éprouve des embarras d'argent. C'est un ménage fort gêné.
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