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gant

nm (gan ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des gan-z en peau)
  • 1Partie de l'habillement qui, couvrant la main, couvre aussi chaque doigt séparément. Des gants, blancs. Gants d'homme. Gants de femme. Gants de Grenoble. Gants d'Espagne. Une paire de gants. Gants de cuir ouvrés et non garnis de soie, et gants parfumés d'Espagne, la douzaine de paires payera une livre, Tarif, 18 sept. 1664. Elle avait ôté ses gants. [Sévigné, 27] Les gants de Martial [nom d'un marchand] étaient fort à la mode dans ce temps-là. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Quoi ! Martial fait-il des vers ? je croyais qu'il ne faisait que des gants. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Il trouva ce conquérant [Charles XII] vêtu d'un habit de gros drap bleu, avec des boutons de cuivre doré, de grosses bottes, des gants de buffle qui lui venaient jusqu'au coude, dans une chambre sans tapisserie. [Voltaire, Histoire de Charles XII]

    Gants de peau, gants de daim, de chamois, gants de chien, gants de fil, gants de soie, de laine, etc. gants faits avec ces différentes matières.

    Gants d'ambre, gants de fleur d'orange, gants de jasmin, gants parfumés avec ces différentes odeurs.

    Gants fourrés, ceux qui sont faits de peaux auxquelles on a laissé, dans l'intérieur, le poil ou la laine de l'animal, ou ceux qui ont à l'intérieur une ouate ou un tricot quelconque recouvert par la peau.

    Gant bourré, gant dont on se sert dans les salles d'escrime.

    Terme de fauconnerie. Gant d'oiseau, gant que le fauconnier met à la main dont il porte l'oiseau.

    Prendre ses gants, se disposer à sortir. Et, voyant arriver chez lui le damoiseau, Prend fort honnêtement ses gants et son manteau. [Molière, L'école des femmes]

    Les gants jaunes, sobriquet donné quelquefois aux dandys.

  • 2Jeter le gant, se disait autrefois d'un chevalier qui jetait effectivement son gant quand il défiait au combat un autre chevalier, qui, le relevant, acceptait le combat. Le roi [Charles VI] voulait empêcher ses chevaliers de relever le gant et de ressentir ces insultes particulières. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Fig. Aujourd'hui, jeter le gant, défier quelqu'un au combat ou à toute autre lutte.

    Relever, ramasser le gant, accepter le défi.

  • 3 Fig. et familièrement. Être souple comme un gant, être d'une humeur facile, accommodante, se laisser manier sans peine. Voyez, elle se rend Plus douce qu'une épouse et plus souple qu'un gant. [Corneille, Le menteur] Tout vous rit, votre femme est souple comme un gant. [La Fontaine, Coupe.]

    Être souple comme un gant, se dit souvent en mauvaise part, en parlant d'une complaisance servile.

    Rendre quelqu'un souple comme un gant, le rendre traitable, de difficile qu'il était.

  • 4 Au pl. Gants se disait jadis pour bonne main, et se dit encore en quelques circonstances quand il s'agit de femmes ; locution qui vient de l'Espagne où l'on donne pour avoir des gants, para guantes, tandis qu'en France on donne pour boire. On dit en proverbe, quand un homme apporte une nouvelle qu'on sait déjà, qu'il n'aura pas les gants, pour : le présent qu'on donne aux messagers qui apportent quelque bonne nouvelle. [Furetière, Dict.]

    Fig. Avoir les gants d'une chose, en avoir la première idée, ou le mérite, ou le profit. M. de Bouillon me dit que je ne devais pas avoir au moins seul les gants de ma proposition. [Retz, II, 388]

    En un sens contraire. Vous n'en avez pas les gants. ....C'était pièce assez fine Pour en devoir l'exemple à d'autres gens ; J'ai grand regret de n'en avoir les gants. [La Fontaine, Troq.] Certainement il n'y a que l'art, et la nature est une chimère ; vous avez raison, me répondit M. Sidrac ; mais vous n'en avez pas les gants, cela a été dit. [Voltaire, Oreilles, 2]

    Avoir les gants d'une chose, c'est, proprement, recevoir la gratification d'une chose qu'on annonce, et n'avoir pas les gants d'une chose, c'est ne pas recevoir la gratification pour une chose qu'on annonce, attendu qu'elle a déjà été annoncée.

    Se donner les gants d'une chose, s'en attribuer l'honneur mal à propos. Se donner les gants de quelque chose : l'espagnol n'a pas cette expression ; le français a saisi d'abord le ridicule de la hâblerie, et l'a caractérisé par l'image d'un homme qui s'offre à lui-même un pourboire. [Génin, Récréat. t. I, p. 415]

  • 5Elle a perdu ses gants, s'est dit jadis, dans un langage libre, d'une fille qui a perdu sa virginité. Ceux de son temps disent que, la première fois qu'elle sortit du logis, elle trouva à dire ses gants et son pucelage. [Guez de Balzac, Correspondance] Mainte fille a perdu ses gants, Et femme au retour s'est trouvée, Qui ne sait la plupart du temps Comme la chose est arrivée. [La Fontaine, Fianc.]
  • 6Fil à gants, espèce de fil bis ou écru que l'on tirait de Lille.
  • 7Gant de Notre-Dame, nom de différentes plantes : ancolie, digitale, gantelée.

PROVERBES

L'amitié passe le gant, se disait lorsqu'en se saluant on se touchait la main sans se donner le loisir de se déganter par politesse ; le sens est : l'amitié permet le gant.

Cela me va comme un gant, c'est-à-dire très bien, parce que les gants doivent être très justes.

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8Les gants jaunes, les hommes qui portent des gants jaunes, les muscadins. Les gants jaunes, selon l'expression d'un journaliste du temps, applaudissaient à la résistance. [E. Ténot, Paris en décembre 1851, p. 220]
9 Fig. Les gants en la main, mollement, sans force ni énergie. L'entreprise n'est point petite ; il y faut aller d'autre façon que les gants en la main. [Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.]
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