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gens [1]

n pl. (jan ; l's se lie : des jan-z aimables ; quelques personnes font sentir l's : des jans' ; mais c'est une mauvaise prononciation)
  • 1Nom collectif signifiant en général un certain nombre de personnes ; dans ce sens, gens est, suivant l'emploi, tantôt masculin, tantôt féminin ; voy. les remarques. Tous les honnêtes gens. Les vieilles gens. Ce sont des gens résolus. Quelles méchantes gens ! Achillas et Photin sont gens à dédaigner. [Corneille, La mort de Pompée] Tandis que leurs soldats en des camps éloignés Prennent l'ordre sous lui de gens qu'il a gagnés. [Corneille, Attila] Les Germains comme eux deviendront Gens de rapine et d'avarice. [La Fontaine, Fables] Plus telles gens sont pleins, moins ils sont importuns. [La Fontaine, Fables] Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course. [La Fontaine, ib. III, 6] Elle ne manque incontinent de dire à son mari l'amour des deux bourgeois, Tous deux gens sots, tous deux gens à sornettes. [La Fontaine, Remois.] Ma langue est impuissante, et je voudrais avoir Celles de tous les gens du plus exquis savoir. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Il y a de sottes gens qui me veulent dire qu'il a été marchand. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Ce sont [les avocats] gens de difficultés. [Molière, Le malade imaginaire] Et je connais des gens dans Paris, plus de quatre, Qui, comme ils le font voir, aiment jusques à battre. [Molière, Les fâcheux] La délicatesse est trop grande de ne pouvoir souffrir que des gens triés. [Molière, Critique de l'école des femmes] Toute mon ambition est de rendre service aux gens de nom et de mérite. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Ces gens, dis-je, qu'on voit d'une ardeur non commune Par le chemin du ciel courir à leur fortune. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Pendant qu'avec un air assuré il s'avance pour recevoir la parole de ces braves gens. [Bossuet, Oraisons funèbres] Les trembleurs [les quackers], gens fanatiques qui croient que toutes leurs rêveries leur sont inspirées. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il [celui qui ne croit pas] se met au rang des gens désabusés, il insulte en son coeur aux faibles esprits qui ne font que suivre les autres sans rien trouver par eux-mêmes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Car, grâce au droit reçu chez les Parisiens, Gens de douce nature et maris bons chrétiens. [Boileau, Satires] Quelles gens êtes-vous ? quelles sont vos affaires ? [Racine, Les plaideurs] Il y a à la ville, comme ailleurs, de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés. [La Bruyère, VII] Certaines gens qui n'étaient tombés dans la pauvreté que par la paresse et l'intempérance. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine] Le tout exécuté par de belles femmes, par des jeunes gens bien faits qui ont de l'esprit, devant une assemblée qui a du goût. [Voltaire, Correspondance] La plupart des gens en place n'aiment point les gens de lettres. [Duclos, Mém. Rég. Oeuv. t. VI, p. 159, dans POUGENS] On demandera peut-être (car on devient curieux) combien de gens en France ont le droit ou le pouvoir d'emprisonner qui bon leur semble, sans être tenus de dire pourquoi. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Les petites gens, les gens d'une condition inférieure. Et puis, à dire vrai, les discours obligeants Touchent peu s'ils sont faits par de petites gens. [Hauteroche, Les Bourgeoises de qualité] C'est, lui dis-je, que le terme de mon père est trop ignoble, trop grossier ; il n'y a que les petites gens qui s'en servent. [Marivaux, Le paysan parvenu] Ne sais-tu pas que les petits scrupules ne conviennent qu'aux petites gens ? [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] J'ai su depuis que c'était le protocole de Monseigneur en parlant aux petites gens. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]

    De bonnes gens, des personnes qui ont de la bonté, de la bonhomie. Vous croyez cela, bonnes gens. Les autres animaux, créatures plus douces, Bonnes gens, s'étonnaient qu'il criât au secours. [La Fontaine, Fables] Y a-t-il encore au monde des Voitures et des Malherbes ? bonnes gens, je ne vous puis voir, comme dit maître François dans son livre. [La Fontaine, Lett. XXIV] De bonnes gens, qui ne vivent que pour le plaisir et pour la joie, qui ne haïssent rien que ce qu'on leur fait haïr, ne sont que ce qu'on veut qu'ils soient. [Marivaux, Le paysan parvenu]

    Bonnes gens, se dit quelquefois pour personnes d'un âge avancé. Ne seraient-ce point mes parents ? .... si les bonnes gens vivent encore, ils ne sauraient être fort éloignés du dernier moment de leur course. [La Fontaine, Psyché, I, p. 63]

    Dans le langage féodal, bonnes gens signifiait des hommes recommandables par leur conduite et par leur position. On sommait le seigneur même devant bonnes gens, et on le faisait sommer par le souverain. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    D'honnêtes gens, des personnes de probité ; des gens honnêtes, des personnes qui ont des manières civiles. Les procureurs du roi ne sont pas seulement d'honnêtes gens ; ce sont encore des gens fort honnêtes ; leur correspondance est civile. [Courier, Lettres de France et d'Italie] (voy. à HONNÊTE le sens qu'avait honnètes gens au XVIIe s.).

  • 2 Absolument. Les gens, les hommes en général. Presque rien, dit le chien, donner la chasse aux gens. [La Fontaine, Fables] Il ne faut jamais dire aux gens : Écoutez un bon mot, oyez une merveille. [La Fontaine, ib. XI, 9] On doit se regarder soi-même un peu longtemps, Avant que de songer à condamner les gens. [Molière, Le misanthrope]

    Les gens, se dit parfois, dans le langage familier, des personnes qui parlent, à qui l'on parle, ou même d'une seule personne. Et regardez un peu les gens [c'est-à-dire moi qui vous parle] sans nulle haine. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Les gens à poëme épique et à éléments de Newton [Voltaire lui-même] sont des gens opiniâtres. [Voltaire, Correspondance] Mais vous pressez les gens d'une manière étrange, Il le faut avouer. [Collin D'harleville, Le vieux célibataire] Il faut être amoureux ou avoir des affaires bien pressantes, pour venir de si bonne heure chez les gens. [Picard, Les deux Philibert]

    Se connaître en gens, discerner les caractères, les sentiments des hommes.

    Vous vous moquez des gens c'est se moquer des gens, se dit de celui qui fait des propositions déraisonnables.

    Ces gens-là se dit de personnes qui sont placées à un endroit où nous ne sommes pas. Prenez donc garde, ces gens-là qui nous voient, mais qui n'ont pu entendre ce que nous disions, vont croire que je vous pardonne. [Collé, Partie de chasse de Henri IV, I, 6]

    Ces gens-là, se dit aussi par dédain de personnes dont on parle. Et quelle estime voulez-vous que nous fassions du procédé irrégulier de ces gens-là ? [Molière, Les précieuses ridicules]

  • 3Gens suivi de la préposition de et d'un substantif ; en cet emploi, gens est toujours masculin. Ayez soin que tous deux fassent en gens de coeur. [Corneille, Le Cid] Si tant de gens de coeur font des voeux pour ta mort. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Tous deux pour leur pays sont morts en gens d'honneur. [Corneille, Horace]

    Les gens de bien, les personnes qui ont probité et honneur. Que tous les gens de bien vous parlent par ma voix. [Corneille, Horace] Nous avons ici un Bodineau qui dit sans rougir qu'il faut faire ses affaires à quelque prix que ce soit, que gens de bien n'ont pas de chausses. [Patin, Lettres choisies] Toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance.... [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] En serons-nous moins gens de bien ? aurons-nous une autre morale et d'autres principes d'honneur et de vertu ? [Voltaire, Quest. miracles, lett. 13]

    Les plus gens de bien, ceux qui ont le plus de vertu. Il fait paraître du zèle dans les choses qui ne blessent pas son ambition, et il semble même vouloir contenter les plus gens de bien. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte] Les plus gens de bien sont relâchés. [Bourdaloue, Dominicales, I, Afflict. des justes, 127] Mais les plus gens de bien n'en font pas de scrupule, dites-vous. [Massillon, Confér. Amb. des clercs.]

    Les gens du monde, les personnes qui vivent dans la société, par opposition aux personnes qui vivent dans la retraite. Loin de trembler devant les autels, on y méprise Jésus-Christ présent.... gens du monde, vous ne pensez pas à ces horribles profanations. [Bossuet, Oraisons funèbres] C'est le reproche ordinaire que font les gens du monde à ceux qui le quittent. [Rollin, Histoire ancienne]

    Gens du monde, se dit quelquefois par opposition aux gens qui ont une profession savante. Les gens du monde commettent les plus grandes bévues quand ils parlent de médecine.

    Gens de main, hommes habitués à combattre, capables de coups hardis. Mais ces paysans, mêlés d'anciens soldats, la plupart gens de main.... chargèrent les bourgeois à coups de pierres et de bâtons. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    Des gens de sac et de corde, des hommes capables des plus grands crimes et dignes des plus grands châtiments.

    Être gens à.... Être capables de. Adieu ; ne craignez rien, Achillas et Photin Ne sont pas gens à vaincre un si puissant destin. [Corneille, La mort de Pompée]

    Vous nous prenez pour des gens de l'autre monde, vous nous prenez pour des ignorants ou des niais.

    Vous nous prenez pour des gens de delà l'eau, c'est-à-dire pour des gens qui ne savent ni nouvelles ne affaires.

  • 4Gens sert à désigner certaines classes de personnes, certaines professions ; en ce sens il est toujours masculin. Les gens de finance. Gens d'Église, ceux qui composent le clergé.

    Gens d'épée, les militaires.

    Les gens de robe, ceux qui portent la robe au palais, qui rendent les jugements, plaident les causes, etc. J'y trouvai cinq ou six dames et trois messieurs, dont deux me parurent des gens de robe, et l'autre d'épée. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]

    Les gens du roi, les procureurs et avocats généraux, et ceux qu'on désignait sous les noms de procureurs ou avocats du roi. J'ai plaint les peuples qu'on abuse, J'ai chansonné les gens du roi. [Béranger, Épitaphe.]

    Il se disait, dans les ordonnances, dans les édits, des parlements et autres compagnies de justice. Les gens tenants la cour de parlement. Les gens tenants la cour des aides.

    Gens d'armes, cavaliers des anciennes compagnies d'ordonnance (écrit plus ordinairement en un seul mot ; voir GENDARME).Gens de guerre, les militaires. ....Qu'Antoine a mis à terre Ce qui dans ses vaisseaux restait de gens de guerre. [Corneille, La mort de Pompée] Sa conversation était un charme, parce qu'il savait parler à chacun selon ses talents, et non-seulement aux gens de guerre de leurs entreprises.... [Bossuet, Oraisons funèbres] On comptait [chez les Juifs] pour gens de guerre tous ceux qui étaient en âge de servir, et cet âge était fixé depuis vingt ans et au-dessus. [Fleury, Moeurs des Israél. tit. XXVI, 2e part. p. 326, dans POUGENS.]

    Gens de pied, gens de cheval, infanterie, cavalerie. Les ennemis avaient quatre cent cinquante enseignes de gens de pied, distribués en différents corps d'armée, sans compter la cavalerie. [Vertot, Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la République romaine]

    Dans l'antiquité, gens de trait, soldats qui lançaient des traits. Elle était composée de soixante et treize galères, qui portaient cinq mille combattants et environ trois mille tant archers que frondeurs et gens de trait. [Rollin, Histoire ancienne]

    Terme de marine. Les gens de mer, tous les hommes non brevetés par l'État qui font le métier de marin.

    Les gens de cour, les courtisans. Je sais des gens de cour quelle est la politique. [Corneille, Polyeucte]

    Gens d'affaires, les hommes qui s'occupent d'affaires de bourse, de banque, de commerce, de transactions diverses.

    Les gens de lettres, les hommes livrés à la culture des lettres. Il n'y a que les vrais gens de lettres qui n'aient point d'intrigues. [Voltaire, Correspondance] Celui qui, n'ayant lu que des romans ne fera que des romans ; celui qui, sans aucune littérature, aura composé au hasard quelques pièces de théâtre ; qui, dépourvu de science, aura fait quelques sermons, ne sera pas compté parmi les gens de lettres. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Aujourd'hui cette critique [des anciens textes] est moins nécessaire, et l'esprit philosophique lui a succédé ; c'est cet esprit philosophique qui semble constituer le caractère des gens de lettres ; et, quand il se joint au bon goût, il forme un littérateur accompli. [Voltaire, ib.] On est quelquefois étonné que ce qui bouleversait autrefois le monde ne le trouble plus aujourd'hui ; c'est aux véritables gens de lettres qu'on en est redevable. [Voltaire, ib.] Nos gens de lettres sont par leurs habitudes en contradiction avec le sérieux de l'histoire. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    La Société des gens de lettres, société composée de gens de lettres et s'occupant de leurs intérêts.

  • 5Ceux qui sont d'un parti ; troupe soit d'une nation en guerre, soit d'un meneur quelconque ; en ce sens il est toujours masculin. Dix de nos gens y périrent. La moitié de tes gens doit occuper la porte. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Peignez-lui bien nos gens pâles et désolés. [Corneille, La mort de Pompée] Ces mutins ont pour chef les gens de Laodice. [Corneille, Nicomède] Judas avec ses gens les poursuivit jusqu'à Gezeron et jusqu'aux campagnes d'Idumée. [Sacy, Bible, Mach. I, IV, 15] Spendius, le chef des révoltés, craignit que cette douceur affectée de Barca ne lui fît perdre beaucoup de ses gens. [Rollin, Histoire ancienne]

    Ceux qui sont d'une même société. Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner.

  • 6Les domestiques, les personnes à la suite ; en ce sens, on ne le dit guère que de cette façon : les gens de M. un tel, et, avec les adjectifs possessifs : mes gens, ses gens, vos gens, nos gens, leurs gens, etc. Alors il est d'ordinaire sans épithète qui précède, et par conséquent masculin ; mais sans doute on dirait au féminin : les maladroites gens de M. un tel. Allons donc, mon carrosse ! où est-ce qu'est mon carrosse ? mon Dieu ! qu'on est misérable d'avoir des gens comme cela ! [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Almanzor, dites aux gens de M. le marquis qu'ils aillent querir des violons. [Molière, Les précieuses ridicules] Un de mes gens la garde au coin de ce détour. [Molière, L'école des femmes] Ah ! les sottes gens que nos gens ! [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard] Élever un enfant comme devant être sans cesse entouré de ses gens. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]
  • 7Bêtes et gens, les personnes avec les chevaux, avec les mulets qui leur servent. L'espace est étroit, mais nous trouverons le moyen de loger tout le monde, bêtes et gens.

    Il n'y a ni bêtes ni gens, se dit d'un lieu désert.

PROVERBES

Il y a gens et gens, c'est-à-dire les personnes sont fort différentes.

À gens de village, trompette de bois, c'est-à-dire il faut que les choses de chacun soient proportionnées à sa condition ; cela se dit aussi pour marquer que les personnes dont on parle ne se connaissent point aux belles choses.

REMARQUE

Ce mot présente la singularité d'être tantôt masculin, tantôt féminin, suivant la place de l'adjectif ; ceci est dû à une lutte entre le genre propre de gens qui est le féminin, et le genre de l'idée qu'il exprime [hommes, individus] qui est masculin. Cette lutte a donné lieu aux règles suivantes

1. Il veut au féminin les adjectifs ou les participes qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent : de vieilles gens, des gens résolus.

2. Quand deux adjectifs s'y rapportent, celui qui précède est mis au féminin et celui qui suit, au masculin ; c'est la même chose pour les participes. Il y a de certaines gens qui sont bien sots. Certaines gens étudient toute leur vie ; à la mort, ils ont tout appris, excepté à penser. Ce sont les meilleures gens que j'aie jamais vus. On trouve dans les éditions de la Bruyère : Certaines gens que le hasard seul a placées. [La Bruyère, II] Aujourd'hui on écrirait placés.

3. L'adjectif ou le participe mis en tête du membre de phrase où gens est sujet, se met toujours au masculin. Déchus comme ils sont de leurs honneurs, ces gens n'en paraissent pas moins heureux. Instruits par l'expérience, les vieilles gens sont prudents.

4. Quand gens est précédé d'un adjectif des deux genres, on met tous au masculin ; quand il l'est d'un adjectif féminin, on met toutes au féminin : tous les honnêtes gens, toutes les vieilles gens.

5. Tous se met au masculin, lorsque gens est suivi d'une épithète ou de quelque autre mot déterminatif : tous les gens sages, tous les gens de coeur, tous ces gensci, tous ces pauvres gens.

6. Par analogie avec le cas précédent, tous devant les gens se met au masculin, quand bien même les gens n'est suivi d'aucun déterminatif. Vous autres fortes têtes, Vous voilà, vous prenez tous les gens pour des bêtes. [Gresset, Le méchant] Si, avec tous, gens n'est pas accompagné de l'article ou de ce qui en tient lieu, tous se met au féminin, quand même gens aurait après lui une qualification marquée par de. ....Le chat grippe-fromage, Triste oiseau le hibou, ronge-maille le rat, Dame belette au long corsage, Toutes gens d'esprit scélérat, Hantaient le tronc pourri d'un pin vieux et sauvage. [La Fontaine, Fables] Cependant, en cet emploi, en nuançant autrement l'idée, on peut mettre tous au masculin : Le maire, le notaire, les conseillers municipaux, tous gens bien connus, c'est comme si l'on disait : tous, gens bien connus.

8. Gens est toujours masculin quand il désigne une profession, une qualité : gens de lettres, gens de guerre, gens de cour, etc.

9. Dans le XVIIe et le XVIIIe siècle, plusieurs disaient gens avec un nombre déterminé ; ce qui d'ailleurs n'était qu'un archaïsme (voy. l'historique). Mettre des compliments d'amour suivis entre deux gens qui.... [Corneille, La veuve] Il y a là vingt gens qui sont fort assurés de n'entrer point. [Molière, L'impromptu de Versailles] Deux gens qui auraient le malheur d'être sourds, aveugles et muets. [Diderot, Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient] Mais Vaugelas, Ménage et Bouhours se sont accordés pour prononcer que cela ne valait rien et que c'était une faute de dire : dix gens, six gens, quatre gens. Cette décision est bonne, malgré les autorités, attendu que gens est un nom collectif. Mais on peut dire mille gens, quand on donne au mot mille un sens indéfini : J'ai vu mille gens sur la place. Moi, je serais cocu ? - Vous voilà bien malade ! Mille gens le sont bien, sans vous faire bravade, Qui de mine, de coeur, de biens et de maison, Ne feraient avec vous nulle comparaison. [Molière, L'école des femmes] On dit dans le même sens un millier de gens : Il y a un millier de gens qui voudraient être à votre place.

10. Si gens est précédé d'un adjectif, on pourra très bien y joindre tel nom de nombre qu'on voudra : dix jeunes gens ; trois vieilles gens ; ces quatre honnêtes gens.

11. On dit habituellement : ce sont des jeunes gens et non de jeunes gens, à cause que, l'adjectif étant accolé, jeunes gens est regardé comme un mot unique. Autrefois on disait souvent (et il n'y aurait aucune faute à le dire encore aujourd'hui) : de jeunes gens. Ses travaux et ses peines [de l'amour] Veulent de jeunes gens. [Malherbe, II, 12] Avint qu'un soir Camille régala De jeunes gens. [La Fontaine, Court.] Une exactitude qui ne convient pas à de jeunes gens. [Sévigné, 433]

12. Jeunes gens est toujours masculin.

SYNONYME

GENS, PERSONNES. Ce qui distingue ces deux mots, c'est que gens est toujours un nom collectif, et personnes, même au pluriel, un nom toujours individuel. Aussi l'on dit vingt personnes, mais non vingt gens ; et, réciproquement, on dit les gens de guerre et non les personnes de guerre.

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GENS. - REM.

4. Ajoutez : Quels est traité comme tous : Quels honnêtes gens ! et : quelles sottes gens !

5. Ces messieurs tous honnêtes gens, et non toutes.

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