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gracieux, euse

adj. (gra-si-eû, eû-z')
  • 1Qui a de la grâce. Votre esprit inquiet, triste, noir, soucieux, Ne vous produira pas des songes gracieux. [Mairet, Sophonisbe] Madame à ce discours embrassa le gracieux ignorant. [Voltaire, Jeannot et Colin] Oui, voilà son regard et ses traits gracieux. [Chénier M. J. Fénel. II, 3]

    Qui porte à l'imagination, à l'âme, des idées, des peintures douces et charmantes, en parlant des productions des lettres et des beaux-arts. Un sujet gracieux. Une fable gracieuse.

    Style gracieux, style où l'on trouve de la grâce.

    nm Le gracieux, ce qu'il y a de gracieux. Le gracieux se compose de l'élégant, du riant et du noble. Watteau a été dans le gracieux à peu près ce que Teniers a été dans le grotesque. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]

  • 2Poli, doux, civil. Il est gracieux pour tout le monde. Et l'accueil gracieux qu'il recevait de vous.... [Corneille, Horace] Et quel est cet abord ? qu'il est peu gracieux ! [Rotrou, Antigone] Et désormais gracieux, Allez à Liége, à Bruxelles, Porter les humbles nouvelles De Namur pris à vos yeux. [Boileau, Ode, Namur.] Les nouveaux magistrats songèrent à se rendre gracieux au peuple. [Le P. Catrou, dans DESFONTAINES]
  • 3Qui est de grâce, favorable. Ce qu'il y aurait eu de gracieux à cela, c'est que, supposé cet établissement fait et une paix de durée, il n'y a point d'année que les revenus du roi ne se fussent augmentés sans rien forcer ni violenter personne. [Vauban, Dîme, p. 160]

    À titre gracieux, par pure grâce, sans qu'on y soit obligé par aucune considération.

    Juridiction gracieuse, celle que les évêques exerçaient par eux-mêmes, par opposition à la juridiction contentieuse qu'ils exerçaient par leurs officiaux.

    En style de chancellerie romaine, les provisions d'un bénéfice sont expédiées en forme gracieuse quand elles dispensent l'impétrant de l'examen et du visa de l'ordinaire.

  • 4Qui accorde des grâces. Il n'est usité en ce sens que comme titre de certains souverains. La plupart des peuples du Nord disent : notre gracieux souverain ; apparemment qu'ils entendent bienfaisant. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 5 nm Le gracieux, le gracioso. Je suis le gracieux de la troupe. [Hugo, M. de l'Orme.]

REMARQUE

" Gracieux est un terme qui manquait à " notre langue, et qu'on doit à Ménage. Bouhours, " en avouant que Ménage en est l'auteur, prétend " qu'il en a fait aussi l'emploi le plus juste, en disant : Pour moi de qui les vers n'ont rien de gra" cieux, VOLT., Dict. phil. Gracieux. " On ne conçoit pas comment Voltaire a pu dire que le mot gracieux était dû à Ménage ; ce mot se trouve de tout temps dans la langue. Le fait est que gracieux, condamné par Vaugelas, par Marguerite Buffet, qui dit qu'il est hors du beau style, fut défendu par Ménage. Il a heureusement triomphé de l'opposition des puristes. Quant à Caillères, il se borne à dire : Un visage, un sourire gracieux, mot tiré de la langue des peintres et présentement du bel usage. L'Académie, dans ses remarques sur Vaugelas, n'admet gracieux que dans le sens de doux, courtois, et en termes de peinture : Il y a je ne sais quoi de gracieux dans ce tableau.

SYNONYME

GRACIEUX, AGRÉABLE. Ce qui est gracieux a de la grâce ; ce qui est agréable a de l'agrément. Or la grâce a un charme bien plus fort et bien plus pénétrant que l'agrément. La grâce peut être mise au-dessus de la beauté ; l'agrément ne l'a pu jamais.

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