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gronder

vi (gron-dé)
  • 1Faire entendre une voix sourde et menaçante, en parlant des animaux. Le chien se mit à gronder.
  • 2 Par extension, murmurer, se plaindre entre ses dents, en parlant des hommes. Grondant entre mes dents, je barbote une excuse. [Régnier, Satires] Tandis que dans un coin, en grondant je m'essuye, Souvent, pour m'achever, il survient une pluie. [Boileau, Satires] Tant que le jour est long, il gronde entre ses dents. [Regnard, Les folies amoureuses] Mais le sévère satirique [Boileau] Embrassait, encore en grondant, Cet aimable et tendre lyrique [Quinault], Qui lui pardonnait en riant. [Voltaire, Le temple du goût]

    Activement. Grondant quelques paroles. [Régnier, Satires] Souvenez-vous bien de venir avec cet air qu'on nomme le bel air, peignant votre perruque, et grondant une petite chanson entre vos dents, la, la, la, la. [Molière, L'impromptu de Versailles]

  • 3Faire un bruit sourd, en parlant des choses. Ce n'est pas en vain qu'il [Dieu] lance le foudre, ni qu'il fait gronder son tonnerre. [Bossuet, Sermons] Les vents grondent, les flots se soulèvent. [Bossuet, Sermons] Dieu permit aux vents et à la mer de gronder et de s'émouvoir, et la tempête s'éleva. [Flech. le Tellier] La mer grondait sourdement. [Fénelon, Télémaque] Un bruit redoutable Gronde dans les airs ; Un voile effroyable Couvre l'univers. [Rousseau J.-b. Cantate, Circé] Adieu, chansons ! mon front chauve est ridé ; L'oiseau se tait ; l'aquilon a grondé. [Béranger, Adieu chansons] Au milieu de ces préparatifs et dans l'instant où Napoléon passait en revue, dans la première cour du Kremlin, les divisions de Ney, tout à coup le bruit se répand autour de lui que le canon gronde vers Winkowo. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Fig. Durant ces troubles [les guerres des Hussites], des gens de métier qui commençaient à gronder dès le règne précédent, se mirent plus que jamais à parler entre eux de la réforme de l'Église. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes] Dès qu'on ouït gronder l'orage qui vient de fondre sur l'Empire et la Hongrie, n'ajouta-t-elle pas à ses dévotions ordinaires une heure d'oraison par jour ? [Fléchier, Oraisons funèbres]

  • 4 vt Réprimander avec quelque humeur dans le ton, dans les paroles. Hé, ma fille, comme vous voilà faite ! Mme de la Fayette vous grondera comme un chien : coiffez-vous demain pour l'amour de moi. [Sévigné, 124] Je repassai chez Mme de Coulanges ; on me gronde de m'en revenir. [Sévigné, 307] Une mère qui l'observe, qui la gronde, qui croit la bien élever en ne lui pardonnant rien. [Fen. Éduc. filles, chap. 2] Je vous ai toujours aimé, et ne vous ai jamais manqué ; je suis en droit, par mon amitié, de vous gronder vivement, de vous reprocher votre humeur avec moi. [Voltaire, Correspondance] J'aime mieux gronder mes jardiniers que de faire ma cour aux rois. [Voltaire, Correspondance]

    Absolument. Cependant laisse ici gronder quelques censeurs. [Boileau, Epîtres] Dites-leur combien il y a de petitesse d'esprit et de bassesse à gronder pour un potage mal assaisonné, pour un rideau mal plissé, pour une chaise trop haute ou trop basse. [Fénelon, Traité de l'éducation des filles]

  • 5Se gronder, vpron Se faire à soi-même une réprimande. Je me gronde bien de ma paresse, mon cher et aimable ami ; mais j'ai été si indignement occupé de prose depuis un mois, que j'osais à peine vous parler de vers. [Voltaire, Correspondance] Laissez-le seul [le mécontent], il se gronde lui-même. [Delille, La conversation]

    Se gronder, se gronder l'un l'autre. Ils sont toujours à se quereller, à se gronder.

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