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habile

adj. (a-bi-l')
  • 1Dispos, apte à agir, expéditif (ce qui est le sens propre). Ce copiste est habile, il aura bientôt fini. Mais demain, du matin, il vous faut être habile à vider de céans jusqu'au moindre ustensile. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    Adverbialement. Habile, habile ! dépêchez-vous.

  • 2 Par extension, en termes de jurisprudence, qui a la capacité, le droit de faire une chose. Être habile à succéder.

    Fig. et familièrement. Être habile à succéder, être vif et alerte pour ses intérêts.

    Habile à se porter héritier, se dit de l'héritier présomptif.

  • 3 Fig. Qui sait faire, capable d'appliquer ce qu'il sait. Être habile à profiter de ses avantages. Esdras vint de Babylone : il était docteur et fort habile dans la loi de Moïse, que le Seigneur Dieu avait donnée à Israël. [Sacy, Bible, Esdras, I, VII, 6] Tu prétends être fort habile ; En sais-tu tant que moi ? j'ai cent ruses au sac. [La Fontaine, Fables] Nous nous croyons bientôt les plus habiles, quand nous sommes les plus heureux. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il tenait pour maxime qu'un habile capitaine peut bien être vaincu, mais qu'il ne lui est pas permis d'être surpris. [Bossuet, Oraisons funèbres] Du plus habile chantre un bouc était le prix. [Boileau, L'art poétique] Je crois que le plus habile homme doit se rendre le maître et puis gouverner sagement. [Fénelon, Dialogues des morts] Il était habile pour assaisonner une louange délicate qui fût bien reçue des hommes les plus modestes. [Fénelon, Télémaque] L'honnête homme (au sens du XVIIe siècle ; voir HONNÊTE) tient le milieu entre l'habile homme et l'homme de bien, quoique dans une distance inégale de ces deux extrêmes ; la distance qu'il y a de l'honnête homme à l'habile homme s'affaiblit de jour à autre et est sur le point de disparaître ; l'habile homme est celui qui cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie beaucoup de choses, qui a su acquérir du bien ou en conserver. [La Bruyère, XII] L'habile homme est celui qui fait un grand usage de ce qu'il sait ; le capable peut, et l'habile exécute. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Un homme peut avoir lu tout ce qu'on a écrit sur la guerre ou même l'avoir vue, sans être habile à la faire. [Voltaire, ib.] On ne dit pas un habile poëte, un habile orateur ; et, si on le dit quelquefois d'un orateur, c'est lorsqu'il s'est tiré avec habileté, avec dextérité, d'un sujet épineux. [Voltaire, ib.] Un habile homme dans les affaires est instruit, prudent et actif ; si l'un de ces trois mérites lui manque, il n'est point habile. [Voltaire, ib.] Habile courtisan emporte un peu plus de blâme que de louange ; il veut dire trop souvent habile flatteur ; il peut aussi ne signifier qu'un homme adroit qui n'est ni bas ni méchant. [Voltaire, ib.]

    Dans un sens péjoratif, il se dit de celui qui a quelque industrie mauvaise, quelque habileté fâcheuse. Un habile fripon. Car tu ne seras pas de ces jaloux affreux, Habiles à se rendre inquiets, malheureux. [Boileau, Satires] Habile seulement à noircir les vertus. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Mal habile, voy. MALHABILE, orthographe que l'on préfère aujourd'hui.

  • 4En parlant des actions. Où il y a de l'habileté, qui témoigne de l'habileté. Cette démarche est habile. Et puisque, pour notre malheur, ce qu'il y a de plus fatal à la vie humaine, c'est-à-dire l'art militaire, est en même temps ce qu'elle a de plus ingénieux, de plus habile.... [Bossuet, Oraisons funèbres]
  • 5 nm Celui qui est habile. Il faut que les habiles soumettent leur esprit à la lettre. [Pascal, dans COUSIN] Il y a des artisans ou des habiles, dont l'esprit est aussi vaste que l'art et la science qu'ils professent. [La Bruyère, I] Vous entendez par art et par éloquence ce que tous les habiles d'entre les anciens ont entendu. [Fénelon, t. XXI, p. 86]

    Demi-habile, celui qui n'est habile qu'à moitié. Le peuple honore les personnes de grande naissance ; les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne, mais du hasard. [Pascal, Pensées]

    Les habiles, se dit quelquefois, dans un sens péjoratif, de ceux qui ont pour habileté l'intrigue. Les habiles en littérature sont ceux qui, comme les Jésuites de Pascal, ne lisent point, écrivent peu et intriguent beaucoup. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

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