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honteux, euse

adj. (hon-teû, teû-z')
  • 1Qui cause de la honte, de l'ignominie. Cessez d'appréhender de voir rougir mes mains Du poids honteux des fers, ou du sang des Romains. [Corneille, Horace] Ton épée est à moi, mais tu serais trop vain Si ce honteux trophée avait chargé ma main. [Corneille, Le Cid] À ces honteux moyens gardez de recourir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] J'ai cru honteux d'aimer quand on n'est plus aimable. [Corneille, Sertorius] Pour écouter jamais une offre si honteuse. [Racine, Alexandre le grand] Seul d'un honteux affront votre frère blessé A-t-il droit de venger son amour offensé ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Continuez, brûlez d'une honteuse flamme. [Racine, Mithridate] Et cet aveu honteux où vous m'avez forcée. [Racine, ib. IV, 4] Je te laisse trop voir mes honteuses douleurs. [Racine, Phèdre] Nul moyen de vaincre ne paraissait honteux à Philippe : jamais Alexandre ne songea à employer la trahison. [Rollin, Histoire ancienne] Garde-toi de penser.... Que d'un maître absolu la superbe tendresse M'offre l'honneur honteux du rang de sa maîtresse. [Voltaire, Zaïre] Ce n'est pas qu'à mon âge, aux portes de ma vie, Je porte à Mahomet une honteuse envie. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète] La mort la plus honteuse est ce qu'on te prépare. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]

    Être honteux à, causer de la honte à. Toute excuse est honteuse aux esprits généreux. [Corneille, Le Cid] De sorte que, par une pure fiction, il leur [aux atomes] donne en même temps un léger mouvement de déclinaison, dont il [Épicure] n'allègue aucune raison ; ce qui est honteux à un physicien. [Rollin, Histoire ancienne]

    Il est honteux que, avec le subjonctif. Il est honteux qu'une pareille loi ne soit pas encore abrogée.

    Digne d'ignominie, en parlant des personnes. De nos honteux soldats les phalanges errantes à genoux ont jeté leurs armes impuissantes. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]

  • 2Qui a de la honte, de la confusion. Mais de cette faiblesse un grand coeur est honteux. [Corneille, Horace] Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris. [La Fontaine, Fables] Le corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. [La Fontaine, ib. I, 2] ...J'aurais honte à la prendre [une bague]. - Pauvre honteuse, prends sans davantage attendre. [Molière, Le dépit amoureux] L'âme, honteuse de sa servitude, vient à considérer pourquoi elle est née. [Bossuet, Oraisons funèbres] Honteux de rabaisser par cet indigne usage Les héros dont encore elles [les aigles romaines] portent l'image. [Racine, Britannicus] Qui, moi, j'aurais voulu, honteuse, méprisée, D'un peuple qui me hait soutenir la risée ? [Racine, Bérénice] Honteux de n'être encor fameux que par ses charmes, Avide de la gloire, il volait aux alarmes. [Voltaire, La Henriade]

    Honteux de soi-même, qui éprouve de la confusion pour quelque action qu'il a faite. Et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé. [Voltaire, Hist. d'un bon bramin.]

    Familièrement. N'êtes-vous pas honteux ? se dit à quelqu'un qui a commis un acte répréhensible, un acte de faiblesse, etc.

  • 3Qui éprouve facilement le sentiment de la confusion. L'amour est avec vous, et cet enfant honteux N'aime pas les témoins et se tait devant eux. [Rotrou, Hercules mourant] Il faut que les jeunes gens qui entrent dans le monde soient honteux ou étourdis ; un air capable et composé se tourne d'ordinaire en impertinence. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] Ne sois donc pas si honteuse, Annette, redresse-toi. [Favart, Annette et Lubin, sc. 10] Naturellement honteux, décontenancé, n'ayant jamais vu le monde. [Rousseau, Les confessions] Allons, mademoiselle, une contenance agréable, modeste, ne soyez pas honteuse et timide, et sachez parler à propos. [Picard, La Petite ville]

    Fig. Le Nil qui meurt si vain et qui naît si honteux. [Rotrou, Bélisaire]

    Pauvres honteux, les pauvres qui n'osent faire connaître publiquement leur misère. Et vous, pauvres, quelque nom que vous portiez, pauvres connus, pauvres honteux, malades, impotents, estropiés. [Bossuet, Oraisons funèbres] Mme de Pontchartrain était toujours en quête de pauvres honteux, de gentilshommes et de demoiselles dans le besoin. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

    Par extension, honteux se dit de celui qui n'ose avouer publiquement une opinion qu'il approuve secrètement. Si vous le présentez à quelqu'un de nos sociniens honteux, gardez-vous bien de prononcer mon nom. [D'alembert, Lett. à Volt. 27 sept. 1759]

    Qui exprime la confusion, la timidité, en parlant de l'air, des manières. Si vous aviez la bonté d'aller vous-même lui parler pour moi, vous me feriez grand plaisir, ajoutai-je d'un air niais et honteux. [Marivaux, Le paysan parvenu]

    Fig. et familièrement. Le morceau honteux, le dernier morceau qui reste dans un plat, et auquel personne n'ose toucher, de crainte qu'on ne l'accuse d'en priver les autres.

  • 4Mal honteux, maladie honteuse, la maladie syphilitique.
  • 5Les parties honteuses, les parties de la génération.

    Fig. Il est la partie honteuse de cette compagnie, de ce corps, il fait déshonneur à la compagnie, au corps dont il est membre.

    Terme d'anatomie. Artères honteuses, veines honteuses, nerfs honteux, artères, veines, nerfs qui appartiennent aux parties de la génération.

PROVERBES

Il n'y a que les honteux qui perdent, c'est-à-dire souvent on ne réussit pas faute de hardiesse.

Jamais honteux n'eut belle amie, c'est-à-dire en amour il faut être entreprenant.

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