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immoler

vt (i-mmo-lé)
  • 1Égorger en sacrifice. Immoler des victimes. Seigneur, vous le savez, j'ai donné ma parole ; Et, si ma fille vient, je consens qu'on l'immole. [Racine, Iphigénie en Aulide] Pour réparer cette faute, ils immolèrent à Saturne deux cents enfants des meilleures maisons de Carthage. [Rollin, Histoire ancienne] Hérodote, en décrivant les sacrifices que les Scythes offraient au dieu Mars, dit qu'ils lui immolaient des victimes humaines. [Rollin, ib. t. III, p. 76] Il n'y a guère de peuple dont la religion n'ait été inhumaine et sanglante; vous savez que les Gaulois, les Carthaginois, les Syriens, les anciens Grecs immolèrent des hommes. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Les Romains eux-mêmes tombèrent dans ce crime de religion ; et Plutarque rapporte qu'ils immolèrent deux Grecs et deux Gaulois pour expier les galanteries de trois vestales. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 2Il se dit du sacrifice sanglant et du sacrifice non sanglant de Jésus-Christ. Jésus-Christ que son amour vient d'immoler pour nous. [Massillon, Carême, Passion.] Ce nouvel Isaac monte sur la montagne mystérieuse où son amour et son obéissance vont l'immoler. [Massillon, ib.]
  • 3 Par extension, tuer, mettre à mort. En un triple chemin Laïus fut immolé. [Chénier M. J. OEdipe roi, III, 4]

    S'immoler quelqu'un, l'immoler à soi, le tuer pour soi. Votre ambition s'est immolé mon père. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]

    Immoler à, faire périr en considération de. Ils immolèrent à leur ambition toute la famille d'Alexandre. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Ils furent immolés aux jalousies de Théodoric. [Bossuet, ib. I, 11] Elle allait immoler Joad à son courroux. [Racine, Athalie] On l'immole à ma haine et non pas à l'État. [Racine, Andromaque]

  • 4 Fig. Ruiner, perdre, sacrifier quelqu'un par passion, par obéissance à une nécessité, à un devoir. Oui, vous avez raison lorsque vous m'immolez À vos ressentiments en coupable victime. [Molière, L'amphytrion] La princesse Bénédicte fut la première immolée à ces intérêts de famille. [Bossuet, Oraisons funèbres] Je vis le sacrifice agréable de l'âme humiliée sous la main de Dieu, et deux victimes royales immoler d'un commun accord leur propre coeur [la reine et Louis XIV, lors de la mort d'un enfant]. [Bossuet, Oraisons funèbres] Immoler Troie aux Grecs, au fils d'Hector la Grèce. [Racine, Andromaque] Les mauvais poëtes, ne sachant plus comment s'y prendre pour me perdre, après m'avoir immolé à Crébillon. [Voltaire, Correspondance] J'ai déchiré votre coeur, je le sais ; mais je croyais n'immoler que moi. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    Il se dit, dans le même sens, d'une chose qu'on détruit, dont on se prive, à laquelle on renonce. C'est à ses beautés Que je viens immoler toutes mes volontés. [Corneille, Polyeucte] J'immolerai ma haine à mes désirs contents. [Corneille, Sertorius] De quel front, immolant tout l'État à ma fille, Roi sans gloire, j'irais vieillir dans ma famille ? [Racine, Iphigénie en Aulide] Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême. [Racine, Athalie] À son roi qui n'est plus immolant la nature. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Faut-il à vos frayeurs immoler ma colère ? [Piron, La métromanie, ou Le poète]

  • 5 Fig. et familièrement. Immoler quelqu'un, le livrer à la risée, au ridicule.
  • 6S'immoler, vpron Se donner la mort, recevoir la mort. Permettez, ô grand roi, que de ce bras vainqueur Je m'immole à ma gloire, et non pas à ma soeur. [Corneille, Horace] Un héros pour l'État s'est lui-même immolé. [Racine, La Thébaïde, ou Les frères ennemis]

    Il se dit du sacrifice de Jésus-Christ. L'Agneau sans tache [Jésus-Christ], quand il va s'immoler sur les autels. [Fléchier, Oraisons funèbres]

  • 7 Fig. Exposer, sacrifier sa fortune, son bien-être, sa vie pour quelqu'un ou pour quelque chose. Il [Stanislas] le pressa de ne point immoler les intérêts de la Suède à ceux d'un ami malheureux qui s'immolait au bien public sans répugnance. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Quand vous saurez mon histoire, vous verrez que je suis capable aussi de m'immoler pour ce que j'aime. [Genlis, Mlle de La Fayette, p. 120, dans POUGENS]

    Par plaisanterie. Je m'immole, c'est-à-dire Je surmonte une répugnance, je cède, je fais ce que je ne voulais pas faire.

    En un autre sens. Il s'est immolé de bonne grâce, il s'est prêté à la plaisanterie, il s'est laissé railler.

    S'immoler à la risée publique, se laisser railler par le public, phrase du cardinal du Perron, répétée par Coeffeteau et critiquée par les puristes d'alors (Vaugelas la défend).

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IMMOLER. - HIST. Ajoutez :

XVe s. Après y fut Jhesus Christ immolé En croix pour nous par les faulx Juifs iniques. [Jean Joret, le Jardrin salutaire, p. 129]

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