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importer [2]

vi (in-por-té)

Il n'est d'usage qu'à l'infinitif et aux troisièmes personnes.

  • 1Être important, être de conséquence. Et mon trépas importe à votre sûreté. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Je suis prince et chrétien de qui l'exemple importe. [Rotrou, Bélisaire] Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte ; Et, si quelque affaire t'importe, Ne la fais pas par procureur. [La Fontaine, Fables] Allez, cet ordre importe au salut de l'empire. [Racine, Britannicus] Tout m'importe, et de tout je suis en défiance. [Voltaire, La méroppe française]
  • 2Importer de, avoir l'importance de, y aller de. En matière d'État, ne fût-ce qu'un atome, Sa perte quelquefois importe d'un royaume. [Corneille, Attila] L'on pouvait reprocher à Fernand avec beaucoup de justice, qu'il savait mal garder ses places, de négliger ainsi les bons avis qui lui étaient donnés, et de prendre le parti le moins assuré dans une nouvelle qui ne lui importait pas moins que de sa ruine. Sent. de l'Acad. sur le Cid] D'où vient donc qu'il aurait attendu si tard à donner un avis qui importait à son roi de la conservation de sa vie ! [Arn. Apol. pour les cath. I, 21] Il avait, disait-il, un procès qui lui importait de dix mille francs. [Regnard, Voyage de Pologne.]
  • 3Il se prend aussi comme verbe impersonnel. Quand l'effet est certain, il n'importe des causes. [Corneille, Sophonisbe] Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte. [La Fontaine, Fables] Mais il n'importe ; car vous ne voulez vous servir longtemps de ce raisonnement. [Pascal, Les provinciales] Dans une vie si égale il n'importe pas à cette princesse où la mort frappe : on n'y voit point d'endroit faible par où elle pût craindre d'être surprise. [Bossuet, Oraisons funèbres] Et, le remplissant [Satan] de fiel et d'amertune contre nous, elle [l'envie] le contraint d'avoir recours à la fraude, à la tromperie, à ses artifices malicieux ; il ne lui importe pas pourvu qu'il nous perde. [Bossuet, Sermons] Il ne lui importait quelles moeurs eussent ces peuples. [Montesquieu, L'esprit des lois] Un chrétien pour eux est un homme qui va au prêche tous les dimanches : quoi qu'il fasse dans l'intervalle, il n'importe pas. [Rousseau, Correspondance] C'est au temps à révéler ce qu'il importerait à l'historien de savoir. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]
  • 4Importer, s'emploie dans plusieurs locutions négatives ou interrogatives, ou avec peu, pour exprimer l'indifférence qu'on a, le peu de cas qu'on fait. N'importe, servons-la, méritons son amour. [Corneille, Sertorius] Épousez ou Didyme ou Cléante ou quelque autre, Ne m'importe pas qui, mon choix suivra le vôtre. [Corneille, Théodore et Héraclius] La pensée du peu de place que nous tenons dans ce grand univers, et combien il importe peu, à la fin du monde, qu'il y ait eu un comte de Bussy heureux ou malheureux. [Sévigné, Lett. à Bussy, 13 août 1688] Il vient, dit-il [Jésus-Christ], comme un voleur.... comme un voleur, direz-vous, indigne comparaison ! n'importe qu'elle soit indigne de lui, pourvu qu'elle nous effraye et qu'en nous effrayant elle nous sauve. [Bossuet, Oraisons funèbres] Qu'importe que vous puissiez vous en servir, si vous ne vous en servez pas ? [Bourdaloue, 9e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 177] Que m'importe, seigneur, sa haine ou sa tendresse ? [Racine, Andromaque] Qu'importe sa pitié, sa joie et sa vengeance ? [Voltaire, La méroppe française] Qu'importe, leur dit-il, que Derar soit pris ou mort ? Dieu est vivant et vous regarde, combattez. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] Plusieurs d'entre eux ne voulaient que faire un livre, n'importait quel, pourvu qu'il fût accueilli. [Rousseau, Les rêveries d'un promeneur solitaire] Espérant que vos lettres continueront à me parvenir.... ayant peut-être été ouvertes, mais n'importe pas, pourvu qu'elles parviennent. [Rousseau, Correspondance]

    Qu'importe, n'importe, avec la préposition de. Et qu'importe, après tout, d'une autre ou d'Aristie ? [Corneille, Sertorius] Et qu'importe à tous deux de Rome et de l'État ? [Corneille, Othon] Qu'importe de mon coeur si je fais mon devoir ? [Corneille, Sertorius] Terre, ne couvre pas mon sang, disait Job ; mais qu'importe du sang de Job ? [Bossuet, Sermons] Et que m'importe, hélas ! de ces vains ornements ? [Racine, Bérénice] Deux voyageurs, n'importe de leur nom, Chemin faisant dans les champs d'Arabie. [Lamotte, Fables, II, 9] Pourvu qu'on ait la conscience nette, qu'importe des discours ? [Baron, la Coquette, I, 4] Si, en général, le caractère est bon, qu'importe de quelques défauts qui s'y trouvent ? [Montesquieu, L'esprit des lois]

REMARQUE

Il faut employer de avec l'infinitif quand le second verbe se rapporte au régime : Il importe à votre frère de partir ; mais, quand le second verbe ne se rapporte pas au régime, il faut mettre que avec le subjonctif : Il importe à votre frère que vous partiez.

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