ingratitude

• 1Vice des ingrats. Ce que [le silence] l'on eût tenu pour révérence, le serait maintenant pour ingratitude qu'il lui a plu [à Henri IV], me faisant du bien, m'inspirer, avec un vif désir de vertu, celui de me rendre digne de l'aspect du plus parfait et du plus victorieux monarque du monde. [Régnier, Épîtres] À tant de perfidie et tant d'ingratitude. [Corneille, Sertorius] ....L'ingratitude est le plus noir des vices. [Mairet, Sophonisbe] Hélas ! j'ai beau crier et me rendre incommode ; L'ingratitude et les abus N'en seront pas moins à la mode. [La Fontaine, Fables] Sous les Assyriens leur triste servitude [des Juifs] Devint le juste prix de leur ingratitude [envers Dieu]. [Racine, Esther] Il vaut mieux s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables. [La Bruyère, IV] Après les preuves touchantes, madame, que j'ai eues de votre amitié.... il y aurait à moi de l'ingratitude de n'y pas compter toujours. [Rousseau, Correspondance]
• 2 Au pl. Actes qui proviennent de ce vice. Repasse mes bontés et tes ingratitudes. [Corneille, La toison d'or] Voici un trait d'ingratitude qui ne vous déplaira, et dont je veux faire mon profit, quand je ferai mon livre sur les grandes ingratitudes. [Sévigné, 6 fév. 1671] [Elle] Me fait un long récit de mes ingratitudes. [Racine, Britannicus] Qui doit enfin terminer.... toutes les ingratitudes de votre vie. [Massillon, Carême, Rechute, 1]
• 3État d'un coeur qui ne répond pas à l'amour. C'est cet amour payé de tant d'ingratitude Qui me rend en ces lieux sa présence si rude. [Racine, Andromaque] Mon coeur désespéré d'un an d'ingratitude. [Racine, ib. III, 7]
• 4Qualité de ce qui ne répond pas à la peine qu'on prend. L'ingratitude d'un sol qui ne lui fournit rien de ce qu'exige le besoin absolu de tous les jours. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]