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jargon [1]

nm (jar-gon)
  • 1Langage corrompu. Tout ce que vous prêchez est, je crois, bel et bon ; Mais je ne saurais, moi, parler votre jargon. [Molière, Les femmes savantes] L'impudente ! appeler un jargon le langage Fondé sur la raison et sur le bel usage ! [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Vingt jargons barbares succèdent à cette belle langue latine qu'on parlait du fond de l'Illyrie au mont Atlas. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Il se dit quelquefois, avec une épithète, en un sens favorable. Vous avez l'art d'endormir ma douleur Au doux jargon de muse marotique. [Chaul. à Mme de Lassay.]

    Langage altéré que les auteurs comiques mettent dans la bouche des villageois, ou des étrangers tels que Anglais, Suisses et Allemands. Ton jargon allemand est superflu, te dis-je. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

  • 2Abusivement, une langue étrangère qu'on n'entend pas. Je ne sais quelle langue parlent ces gens-là, je n'entends pas leur jargon.

    Fig. Le langage d'amour était jargon pour elle. [La Fontaine, Coupe.]

  • 3Langage particulier que certaines gens adoptent. Comme si, par devers l'Inde, on eût eu dans l'esprit La sotte vanité de ce jargon frivole [le blason] ! [La Fontaine, Fables] Avec ce jargon un homme se croit grand philosophe, et méprise le vulgaire. [Fénelon, Dialogues des morts] Il n'a manqué à Molière que d'éviter le jargon et le barbarisme, et d'écrire purement. [La Bruyère, I] Tessé avait le jargon des femmes, assez celui du courtisan. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Elle n'avait, à le bien prendre, pour se faire valoir dans la conversation, que ce qu'on peut appeler le jargon du monde. [Marivaux, Le paysan parvenu] Chaque science, chaque étude a son jargon inintelligible, qui semble n'être inventé que pour en défendre les approches. [Voltaire, Ess. poés. épiq. ch. I] Il n'y avait pas jusqu'aux gueux qui n'eussent leurs confréries, leurs mystères, leur jargon particulier dont j'ai vu un petit dictionnaire imprimé au seizième siècle. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Molière, qui n'entendait rien au jargon de la chasse, pria le comte de Soyecourt lui-même de lui indiquer les termes dont il devait se servir. [Voltaire, Vie de Molière.] Et prenant plutôt le jargon des livres que la connaissance de leur contenu. [Rousseau, Les confessions]

    Absolument. Le jargon, langage de convention dans un certain monde, dans certaines coteries. Il faut, dans le commerce des dames, de l'esprit ou du jargon qui en ait l'apparence. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]

  • 4Langage à double entente. La reine qui entendit le jargon du cardinal. [Retz, Récit des barricades.]

    Jargon s'est pris dans le sens de langage de convention dont on se sert pour correspondre avec un ambassadeur, Mém. pour le card. de Richelieu, Cologne, 1667, p. 310 (dans cet écrit, on voit que jardin signifiait Rome).

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