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lécher

vt (lé-ché. La syllabe lé prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je lèche, excepté au futur et au conditionnel : je lécherai, je lécherais)
  • 1Passer la langue sur quelque chose. Lécher un plat. En ce lieu où les chiens ont léché le sang de Naboth [injustement lapidé comme criminel et blasphémateur], ils lécheront ton sang. [Bossuet, Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte] Les lions venaient le flatter et lécher ses pieds. [Fénelon, Télémaque] Outre les cérémonies qui leur étaient communes avec les Grecs, ils avaient encore ceci de particulier, que les deux parties qui contractaient se faisaient des incisions aux bras et léchaient mutuellement leur sang. [Rollin, Histoire ancienne] Il [Virgile] avait coutume de se comparer à l'ours, qui, de grossiers et difformes que sont ses petits en naissant, ne vient à bout de les rendre supportables qu'à force de les lécher. [Rollin, ib. liv. XXVII, ch. I, art. 2, § 2] Le chien meurt en léchant le maître qu'il chérit. [Voltaire, Disc. 4] Il [le duc de Russie] conduisait le tribut à pied devant l'ambassadeur tartare, se prosternait à ses pieds, lui présentait du lait à boire ; et, s'il en tombait sur le cou du cheval de l'ambassadeur, le prince était obligé de le lécher. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Familièrement. On s'en lèche les doigts, c'est à s'en lécher les doigts, se dit de quelque chose excellent à manger.

    Fig. Il n'a qu'à s'en lécher les barbes, se dit de celui qu'on sèvre de quelque avantage auquel il prétendait ; image sans doute empruntée au chat.

    Fig. Lécher l'ours, consumer beaucoup de temps à quelque chose. Que le juge se hâte ; N'a-t-il point assez léché l'ours ? [La Fontaine, Fables]

    Fig. Lécher la poussière, s'humilier extrêmement. On a regardé en face l'idole devant laquelle on avait léché la poussière. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

    Absolument. Il [le cheval] tire quelquefois la langue pour lécher, mais moins fréquemment que le boeuf, qui lèche beaucoup plus que le cheval, et qui cependant est moins sensible aux caresses. [Buffon, Quadrupèdes]

  • 2Les plombiers disent que les flammes lèchent bien la chaudière lorsqu'elles l'enveloppent.

    Par extension. Des langues de feu livides et mouvantes léchaient la voûte du ciel. [Chateaubriand, Les Natchez]

  • 3Fig. Terme de peinture. Finir son ouvrage avec un soin extrême et minutieux. Ce peintre lèche trop ses ouvrages.

    Il se dit des ouvrages d'esprit, dans un sens analogue. Il ne faut pas lécher ses écrits au point de les énerver.

  • 4Se lécher, vpron Passer sa langue sur soi. Les taureaux, les vaches et les boeufs sont fort sujets à se lécher, surtout dans les temps qu'ils sont en plein repos. [Buffon, Quadrupèdes]
  • 5A lèche-doigts ou doigt, loc. adv. En se léchant les doigts de quelque chose, par le plaisir qu'on y trouve. [Il] s'en donne à coeur-joie et à lèche-doigt. [Ste-beuve, Nouveaux lundis, t. I, p. 54, Veuillot.]

    Particulièrement. En petites quantités, de manière qu'on puisse seulement s'en lécher les doigts, en parlant de choses qui se mangent. Ce plat est bon, mais il n'y en a qu'à lèche-doigts.

    Fig. Depuis son mariage, le duc de Noailles la voyait [Mme de Maintenon] quand il voulait, son père avec ménagement, sa mère fort à lèche-doigt. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Les critiques vous servent de la coloquinte à pleines corbeilles et sans mélange, pour le miel vous ne l'aurez qu'à lèche-doigt. Lett. d'un Savoyard, dans DESFONTAINES]

  • 6Populairement et bassement. Un lèche-cul, un vil flatteur, un homme trop soumis.

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PROVERBE

Il n'est pas gras de lécher les murs, c'est-à-dire s'il est gras, c'est qu'il se nourrit bien.
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