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livrée [1]

nf (li-vrée)
  • 1Anciennement, vêtements qu'un seigneur, un prince, un roi faisait délivrer aux membres de sa famille et aux gens de sa maison. Ces vêtements se distribuaient à certaines époques de l'année, les livraisons s'en faisaient régulièrement, depuis les princes du sang jusqu'aux plus infimes serviteurs ; on les appelait des robes [vêtement complet] de livrée, des draps de livrée, pièces d'étoffes destinées à servir d'habillement, des chapperons de livrée. [De Laborde, Notice des émaux, bijoux et objets divers exposés dans les galeries du musée du Louvre]
  • 2Habits rappelant par leurs dessins et leurs galons les armoiries du seigneur qui donne ces habits soit à ses gens soit à d'autres. Mazarin eut la hardiesse de faire porter ses livrées à une armée. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Les armoiries devenues fixes et héréditaires introduisirent en même temps les livrées. [St-foix, Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 109. dans POUGENS]

    Fig. Livrée, dans le sens de parti. Je ne puis dire de quelle livrée fut le duc de Noailles, mais il se soutint mieux que les autres, quoique avec un embarras marqué, malgré son masque ordinaire. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 3 Par extension, habits d'une couleur convenue, ordinairement galonnés, que portent les domestiques d'une même maison. Laquais en grande, en petite livrée. Ma livrée bien riche, bien leste, bien chamarrée. [D'allainval, École des bourg. II, 2] Les valets, troupe chamarrée, Troquant aujourd'hui leur livrée, Que d'habits bleus nous étalons ! [Béranger, Chansons]

    Fig. Marchand de vers, jadis poëte, Abbé, valet, vieille coquette, Vous arrivez ; Paris accourt ; Eh ! vite : une triple toilette ; Il faut unir à la cornette La livrée et le manteau court. [Chénier M. J. Petite épître à J. Delille.] La liberté !... C'est une bégueule enivrée Qui, dans la rue ou le salon, Pour le moindre bout de galon, Va criant : à bas la livrée ! [Béranger, Chansons]

    Il a porté la livrée, il a été laquais.

    Fig. Porter la livrée de quelqu'un, être complétement dans ses intérêts, lui être tout à fait dévoué. Vous m'avez donné tous vos sentiments, je porte votre livrée. [Sévigné, 13 déc. 1688]

    Homme de livrée, domestique portant livrée ; gens de livrée, les domestiques portant livrée. Il y a cent louis à chacun des principaux, et vingt à chaque homme de livrée. [Maintenon, Lettres] Les gens de livrée et ceux de la basse-cour. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

    Chez les passementiers, galon de livrée.

  • 4Collectivement. Tous les gens qui portent une livrée ; domesticité. Sosie de la livrée a passé par une petite recette à une sous-ferme, et par les concussions.... il s'est enfin, sur les ruines de plusieurs familles, élevé à quelque grade. [La Bruyère, VI] Servez bien la patrie et venez quelquefois dîner avec ma livrée. [Voltaire, L'homme aux quarante écus]

    Il se dit aussi de tous les laquais en général. La livrée se mutina.

    Fig. Battre la livrée de quelqu'un, faire la guerre à ses amis, à ses partisans. Si vous croyez qu'ils marchent un peu sur mes traces, je vous prie de ne pas battre ma livrée. [Voltaire, Correspondance] Je voyais mon clergé, mes cours de parlements, Mon trône rétabli sur ses vieux fondements, Et de la liberté la France délivrée.... Mais les républicains ont battu ma livrée. [Chénier M. J. Pie VI et Louis XVIII]

  • 5Livrée de la noce, rubans de couleur que la mariée distribue aux parents et amis pour assister aux noces ; cela ne se fait plus que dans les noces villageoises.
  • 6Livrées d'une dame, rubans pareils à ceux qu'elle porte. Les chevaliers portaient les livrées de leurs maîtresses. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]
  • 7 Fig. Marques extérieures auxquelles on peut reconnaître certaines conditions. La livrée, les livrées de la misère, de la servitude, de la faveur. Votre piété s'ennuie de porter les livrées du monde. [Bossuet, I, Vêture, 3] Conservant sous ces livrées de la pauvreté l'air le plus majestueux. [Voltaire, Taureau, 5] Et le laquais galonné qui porte la livrée du luxe insulte à votre habit, qui est la livrée de l'indigence. [Voltaire, Mél. litt. à M. Lefèvre] Il est vrai que ses lettres [de Balzac] étaient des harangues ampoulées ; il écrivait au premier cardinal de Retz : " Vous venez de prendre le sceptre des rois, et la livrée des roses, ". [Id. Louis XIV, 32]
  • 8 Terme de vénerie. Pelage que portent, durant la première année, certains quadrupèdes, et qui, se faisant remarquer par des mouchetures et des bandes régulièrement disposées, a une teinte en général plus claire que celle du fond. Ce changement de couleur, après le premier âge, est assez général dans la nature et s'étend jusqu'aux quadrupèdes qui portent alors ce qu'on appelle la livrée et qui perdent cette livrée, c'est-à-dire les premières couleurs de leur pelage, à la première mue. [Buffon, Oiseaux]

    Se dit du plumage des jeunes oiseaux. Souvent aussi elle [la teinte du plumage] dépendra du degré de froid que ces oiseaux auront éprouvé ; car on peut leur conserver toute l'année leur livrée d'été, en les tenant l'hiver dans un poêle ou dans tout autre appartement bien échauffé. [Buffon, Oiseaux]

  • 9 Terme de marchand de soierie. Fil de soie d'une certaine couleur, toujours la même chez chaque négociant, attaché à la lisière des pièces, et portant le morceau de carton carré sur lequel est écrit le numéro de la pièce.
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