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ménager, ère [2]

adj. (mé-na-jé, jè-r')
  • 1Qui entend le ménage. Il faut, par exemple, que la raison nous rende ménagers de notre bien et de notre confiance, et il faut au contraire que la nature nous donne la bonté et la valeur. [Larochefoucauld. Max. 365]

    Économe. Loin d'ici ces personnes ménagères qui ont reçu beaucoup et qui donnent peu. [Fléchier, Panég. II, 322] Elle trouvait honteux que l'avarice n'eût point de bornes, que le luxe se répandît en superfluités infinies, et qu'il n'y eût que la charité qui fût ménagère et resserrée. [Fléchier, Oraisons funèbres] Les Syriens sont industrieux, patients, laborieux, propres, sobres et ménagers. [Fénelon, Télémaque] Je serai au comble de ma joie, si je vous vois enfin ménagères, pauvres en esprit, et épargnant pour donner, comme les avares épargnent pour amasser. [Maintenon, Lettres]

    Fig. Le sage est ménager du temps et des paroles. [La Fontaine, Fables] On doit être ménager des moyens que la nature nous donne. [Montesquieu, L'esprit des lois]

  • 2 nm et f Ménager, ménagère, celui, celle qui entend le ménage. Elle est bonne ménagère. La ménagère eut les coiffeuses. [La Fontaine, Fables] Une ménagère des champs peut être une femme charmante, aussi pleine de grâces, et de grâces plus touchantes, que toutes les petites maîtresses. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] La sage ménagère à ses humbles foyers Ranime en haletant la flamme qui sommeille. [Delille, Énéide]

    Celui, celle qui est économe. Et puis l'un [refuser un bienfait demandé] est le trait d'un mauvais homme, et l'autre [prêter une petite somme à quelqu'un qui n'est pas sûr] d'un mauvais ménager. [Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 33]

    Fig. J'apprends partout que vous [un militaire] n'êtes pas meilleur ménager de votre personne que vous l'êtes de toute autre chose. [Voiture, Lettres] Un roi dont la prudence a de meilleurs objets Est meilleur ménager du sang de ses sujets. [Corneille, Le Cid] ....Des moindres moments Bons ménagers furent nos deux amants. [La Fontaine, Gag.] Mais violent dans ses désirs, Et grand ménager de soupirs. [La Fontaine, Fianc.] Jamais homme plus doux [que Vauban], plus obligeant, mais respectueux, sans nulle politesse, et le plus avare ménager de la vie des hommes. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]

  • 3 nf Ménagère, servante qui a soin du ménage de quelqu'un. Au milieu d'eux une femme d'un esprit et d'un sens profond, mais qui, enveloppée dans son extérieur de bonhomie et de simplicité, avait plutôt l'air de la ménagère que de la maîtresse de la maison. [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants] Dans sa maturité sévère, Dans sa femme que chercha-t-il [Racine] ? Une très simple ménagère.... [Ducis, le Ménage des deux Corneille.]

    Parmi le peuple, un mari appelle quelquefois ménagère sa femme. Mais tu sais bien que notre ménagère Est la plus belle.... [La Fontaine, Troq.] Commissaire ! commissaire ! Colin bat sa ménagère. [Béranger, Bon ménage.]

  • 4 nm Ménager s'est dit autrefois pour chef de ménage. Oubliez, oubliez l'amour de ce berger, Et prenez en son lieu quelque bon ménager. [Racan, Berg. I, 3]

    Ce sens a vieilli.

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2. - REM. Au n° 4 en interprétant le vers de Racan : Et prenez en son lieu quelque bon ménager, le Dictionnaire dit que ménager signifiait anciennement chef de ménage ; c'est une erreur d'après M. Delboulle, Gloss. de la vallée d'Yères, le Havre, 1876, p. 223, par ce motif que ménager signifie encore aujourd'hui fermier en Normandie. Un bon ménager signifierait donc un bon fermier. Mais l'argument tiré de l'usage normand n'est pas décisif ; car Racan était né en Touraine.
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