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marquis

nm (mar-kî ; l's se lie : un mar-kî-z élégant)
  • 1Le seigneur préposé jadis à la garde des marches, des frontières d'un État. Il [Charlemagne] établit des marquis, c'est-à-dire des commandants des milices sur les frontières de ses royaumes. [Voltaire, Annales de l'Empire depuis Charlemagne] Le marquis de Brandebourg est devenu roi et grand roi ; mais aujourd'hui nos marquis italiens et français sont d'une espèce un peu différente. [Voltaire, Dictionnaire philosophique]
  • 2Plus tard, titre de dignité qu'on donnait à celui qui possédait une terre érigée en marquisat par lettres patentes. Apprenez que les marquisats ne sont bons que pour les vieux seigneurs de province qu'on ne voit pas dans les cabinets ; pour nous autres marquis de cour, nous faisons nous-mêmes notre qualité, sans avoir besoin du roi pour cela. [St-évrem. Sir Politick, III, 2] Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ; Tout petit prince a des ambassadeurs ; Tout marquis veut avoir des pages. [La Fontaine, Fables] De là les monts chacun veut être comte, Ici marquis, baron peut-être ailleurs. [La Fontaine, Fauc.] Il est d'une très ancienne noblesse, véritable marquis, et non pas de ces marquis de robe, ou marquis de hasard, qui prennent leurs titres dans une auberge et se font appeler monseigneur par les postillons qu'ils ne payent point ; il s'appelle le marquis de Saint-Aulaire. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. et familièrement. C'est un marquis de Carabas, c'est un homme qui possède ou se vante de posséder un grand nombre de terres, par allusion au conte du Chat botté, où le marquis de Carabas passe pour un très grand propriétaire. Vers son vieux castel Ce noble mortel Marche en brandissant Son sabre innocent ; Chapeau bas ! chapeau bas ! Gloire au marquis de Carabas. [Béranger, Carabas.]

    Donner dans le marquis, fréquenter des personnes d'un rang plus élevé que le sien ; et aussi prendre des airs d'une condition au-dessus de la sienne. Vous donnez furieusement dans le marquis. [Molière, L'avare]

  • 3Aujourd'hui, simple titre de noblesse confirmé ou conféré par le souverain.
  • 4Nom donné dans les comédies du XVIIe siècle à un personnage appartenant à la noblesse, mais ridicule. Molière : Vous, prenez garde à bien représenter avec moi votre rôle de marquis. - Mlle Molière : Toujours des marquis ! - Molière : Oui, toujours des marquis ; que diable voulez-vous qu'on prenne pour un caractère agréable de théâtre ? [Molière, L'impromptu de Versailles] Comme, dans toutes les comédies anciennes, on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui fasse rire les autres. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Eh bien ! marquis, tu vois, tout rit à ton mérite ; Le rang, le coeur, le bien, tout pour toi sollicite ; Tu dois être content de toi par tout pays ; On le serait à moins ; allons, saute, marquis. [Régnard, Joueur, IV, 10]
  • 5Nom donné par dérision aux jeunes gens qui prennent des airs avantageux, quelquefois avec un titre de marquisat ridicule. Les chevaliers de C sol ut [les chanteurs] doivent l'emporter sur les marquis de la capriole [les danseurs]. [Dancourt, l'Été des coquettes, sc. 7]

SYNONYME

MARQUIS, COMTE. Ce sont deux titres de noblesse sur le rang desquels on ne s'accorde pas toujours. Celui de comte est plus ancien ; il remonte à l'empire romain, et alors il venait immédiatement après le titre de duc. Plus tard le titre de marquis fut regardé comme supérieur à celui de comte ; on le voit par les couronnes : la couronne ducale étant garnie de huit feuilles ou fleurons, et la couronne de comte de pointes ornées de perles ; celle de marquis avait quatre feuilles et, entre les feuilles, des pointes ornées de perles ; elle était donc intermédiaire. On ne saurait, dit Decourchamp, dans les Souvenirs de la marquise de Créquy (t. IV, ch. 1), créer un marquis héréditaire, à moins qu'il ne soit en possession d'un domaine substitué qui réunisse deux baronnies et six châtellenies mouvantes de la tour du Louvre, et tenues du roi à un seul hommage. Un comté doit être formé d'une baronnie et de trois châtellenies, ou bien de six châtellenies d'une seule tenue. Dans les anciennes comédies, par exemple dans l'Homme singulier de Destouches, le fils d'un marquis est comte, et aussi le frère cadet d'un marquis. Et moi de tous les trois [frères] j'ai tiré de l'argent ; Le premier est, je crois, marquis, le second comte, Et l'autre chevalier. [La Fontaine, les Trois frères rivaux, sc. 1] Chevalier, dites-vous ; oh ! ne vous en déplaise, Vous serez bien comtesse. - Elle comtesse, bon ! Elle sera marquise. [La Fontaine, ib. sc. 9] Cet ordre est le même aujourd'hui. Fontanes était comte sous le premier empire ; la Restauration l'a fait marquis. Le comte de Cavour étant mort en 1861, son frère aîné le marquis de Cavour portait le cierge à côté du baldaquin (Union du 9 juin 1861). En 1863 il y eut à Londres un grand bazar de bienfaisance : les journaux anglais ont donné les noms des dames patronnesses dans cet ordre : cinq Excellences (les ambassadrices), cinq Grâces (les duchesses), six très nobles marquises, quatorze très honorables comtesses. Toutefois les rois et princes, quand ils voyagent, prennent plutôt le titre de comte que celui de marquis.

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