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mon ou ma ou mes [1]

adj. poss. qui répond au pronom personnel moi, je (mon ; l'n se lie, et la voyelle perd le son nasal : mo-n ami ou ma ou mê ; l's se lie : mê-z amis)

MON, au masc.; MA au fém. ; MES au pl. pour les deux genres

  • 1Il exprime la possession qu'a la personne qui parle. Mon bien. Ma mère. Mes malheurs. Mais j'ai suivi mon ordre [l'ordre que j'ai reçu] et n'ai point deviné... [Corneille, Suréna] Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : mon livre, mon commentaire, mon histoire ; ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue. [Pascal, Pensées] Que je ne cherche point à venger mes injures [les injures que j'ai reçues]. [Racine, Athalie] Il y a une conspiration contre moi plus forte que celle de Catilina ; soyez mes Cicérons. [Voltaire, Correspondance]
  • 2Devant un nom féminin commençant par une voyelle ou par une h muette, au singulier, l'usage veut qu'on emploie le masculin. Mon amie. Mon humeur. Prenons parti, mon âme, en de telles disgrâces. [Corneille, Horace]
  • 3Il se dit aussi en parlant à une personne ou d'une personne qu'on aime. Rends-moi mon Curiace, ou laisse agir ma flamme. [Corneille, Horace] Mon Hermione encor le tient-elle asservi ? [Racine, Andromaque] Ma Phoedime, eh ! qui peut concevoir ce miracle ? [Racine, Mithridate] Aussi bien n'ai-je point vu d'aujourd'hui ma cruelle Marine, c'est ma comtesse à moi. [Brueys, Muet, I, 10]
  • 4 Familièrement. Il se met pour désigner des objets qui ne nous appartiennent pas dans le sens précis du mot, mais avec lesquels la personne qui parle a pourtant quelque rapport d'habitude ou de mention faite précédemment, etc. Voilà mes fous. Voilà mon homme pris, et ma vieille attrapée. [Corneille, La veuve] Il [le chat] y tombe [dans un piége] en danger de mourir ; Et mon chat de crier. [La Fontaine, Fables] Notre interprète transmit en indou le discours impie de mon jeune homme. [Voltaire, Voyages de Scarmentado.] Je connais mon public : l'enthousiasme passe ; il n'y a que l'amitié qui reste. [Voltaire, Correspondance] Je renverrai mon fat, et mon affaire est faite. [Gresset, Le méchant]

    Il se dit dans le même sens devant les noms propres. Non, baron, je connais assez mon Londres, quoique je n'y sois que depuis trois semaines. [Boissy, Français à Lond. I, 1] Je ne suis pas scrupuleux ; je lis quelquefois mon Pétrone. [Diderot, Pensées sur la peinture]

  • 5Mon, ma, mes devant les adverbes ou adjectifs comparatifs forment le superlatif. Mon meilleur ami. Ma plus chère espérance. Mes moindres chagrins.

REMARQUE

1. Autrefois on disait ma devant une voyelle et on élidait l'a comme nous l'élidons dans la : m'espée, m'esperance, etc. Il en est resté seulement m'amie, m'amour. C'est dans le courant du XIVe siècle que ce solécisme a commencé à s'introduire et à prendre force d'usage ; vrai solécisme, car le féminin a toujours été ma, ta, sa, et jamais mone, tone, sone. Comment s'est-il fait ? l'ancien picard, qui disait le pour les deux genres, disait aussi pour les deux genres men au lieu de mon, ma ; il est possible que l'influence picarde, qui a été considérable, se soit fait sentir et ait causé devant les voyelles la confusion de mon et de ma.

2. Il faut dire : j'ai mal à la tête, et non pas à ma tête, parce que le pronom je montre suffisamment que c'est ma tête dont je veux parler, et que d'ailleurs on ne peut avoir mal à la tête d'un autre. Mais il faudra dire : je vois que ma jambe s'enfle, si je veux parler de ma jambe, et non pas seulement : je vois que la jambe s'enfle, parce que je peux très bien voir la jambe d'un autre s'enfler.

3. Mon, ma, mes se répètent devant chaque substantif et devant chaque adjectif, à moins que ces adjectifs n'aient à peu près le même sens. On dit donc : Mon père et ma mère sont venus ; Je lui ai montré mes beaux et mes vilains habits. Mais on dit : Je lui ai montré mes beaux et brillants équipages. Il est évident dans le dernier exemple que les adjectifs beaux et brillants sont appliqués au même substantif.

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