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mort [3]

nf (mor ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas : la mor a des rigueurs ; excepté dans les locutions : la mor-t aux rats, et il a souffert mor-t et passion ; au pluriel. l's ne se lie pas : des mor affreuses ; cependant plusieurs la lient : des mor-z affreuses)
  • 1Fin de la vie. On distingue la mort naturelle et la mort accidentelle. Le peuple offre le sceptre [à qui délivrerait Thèbes du Sphinx].... De cent cruelles morts cette offre est tôt suivie. [Corneille, Oedipe] Faites du bien à votre ami avant la mort, et donnez l'aumône au pauvre selon que vous pouvez. [Sacy, Bible, Ecclésiastiq. XIV, 13] Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser. [Pascal, Pensées] La mort est plus aisée à supporter sans y penser, que la pensée de la mort sans péril. [Pascal, ib. VI, 58] Le présent ne nous satisfaisant jamais, l'espérance nous pipe, et, de malheur en malheur, nous mène jusqu'à la mort qui en est un comble éternel. [Pascal, ib. VIII, 2] Mort soudaine seule à craindre, et c'est pourquoi les confesseurs demeurent chez les grands. [Pascal, ib. XXV, 59] Nous savons que la vie, et la vie des chrétiens, est un sacrifice continuel qui ne peut être achevé que par la mort. [Pascal, Lettres] De sorte que la mort est le couronnement de la béatitude de l'âme et le commencement de la béatitude du corps. [Pascal, ib.] Je suis toujours surprise de la mort des jeunes personnes. [Sévigné, 399] La mort est affreuse quand on est dénué de tout ce qui peut nous consoler en cet état. [Sévigné, 27 déc. 1684] La mort, qui est la plus importante action de notre vie, a été aussi le plus bel endroit de la sienne. [Sévigné, 5 janv. 1687] [La reine d'Espagne, fille de Madame, et mourant très rapidement] mandant au roi qu'elle n'a point de regret à la vie, et qu'elle meurt de sa mort naturelle, quoique d'abord elle eût dit comme feu Madame, et se repentant, comme elle, de l'avoir dit. [Sévigné, 23 févr. 1689] Quel est notre aveuglement, si, toujours avançant vers notre fin, et plutôt mourants que vivants, nous attendons les derniers soupirs, pour prendre des sentiments que la seule pensée de la mort devrait nous inspirer à tous les moments de la vie ! [Bossuet, Oraisons funèbres] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il doit mourir de mort violente. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] La mort se déclare ; on ne tente plus de remèdes contre ses funestes attaques. [Bossuet, Oraisons funèbres] Au lieu de l'histoire d'une belle vie, nous sommes réduits à faire l'histoire d'une admirable mais triste mort. [Bossuet, Oraisons funèbres] Et dans les tourments inouïs de sa dernière maladie.... elle n'a eu à se repentir que d'avoir une seule fois souhaité une mort plus douce. [Bossuet, Oraisons funèbres] Qu'il [l'homme] se multiplie tant qu'il lui plaira, il ne faut toujours pour l'abattre qu'une seule mort. [Bossuet, Sermons] Alors donc [après la résurrection] l'homme sera rétabli dans son premier état, la mort mourra. [Bossuet, Méditations sur l'Évangile] Si j'allais (ah ! plutôt la mort), si j'allais vous enseigner quelque erreur, je verrais tout mon auditoire se révolter contre moi. [Bossuet, Oraisons funèbres] Ces langueurs, ces abattements, ces diminutions, que Tertullien appelle des portions de la mort, ne la lui faisaient-ils pas éprouver par avance ? [Fléchier, Oraisons funèbres] La mort de madame la Dauphine est une de ces morts précieuses qui couronnent une belle vie. [Fléchier, Oraisons funèbres] Je ne suis point fort triste, nous n'en avons point de nouveaux sujets ; mais la mort est préférable à la vie. [Maintenon, Lettres] Ces histoires de morts lamentables, tragiques. [Boileau, Satires] Les haines sont si longues et si opiniâtres que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c'est la réconciliation. [La Bruyère, XI] Qui ne craint point la mort est sûr de la donner. [Voltaire, Oreste, III, 8] Je crois, toutes réflexions faites, qu'il ne faut jamais penser à la mort ; cette pensée n'est bonne qu'à empoisonner la vie ; la grande affaire est de ne point souffrir. [Voltaire, Correspondance] Le corps meurt peu à peu et par parties ; son mouvement diminue par degrés, la vie s'éteint par nuances successives, et la mort n'est que le dernier terme de cette suite de degrés, la dernière nuance de la vie. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] La mort, ce changement d'état si marqué, si redouté, n'est dans la nature que la dernière nuance d'un état précédent. [Buffon, ib. p. 367] La mort n'est pas une chose aussi terrible que nous nous l'imaginons, nous la jugeons mal de loin, c'est un spectre qui nous épouvante à une certaine distance, et qui disparaît lorsqu'on vient à en approcher de près. [Buffon, ib. p. 371] Enfin la joie bête et ridicule de tous les fanatiques au sujet de cette mort [de Voltaire]. [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 29 juin 1778] La mort, mon fils, est un bien pour tous les hommes, elle est la nuit de ce jour inquiet qu'on appelle la vie. [Bernardin de Saint-pierre, Paul et Virginie]

    Fig. Ne sont-ce pas des morts, et des morts effroyables, Que tant de changements d'êtres si variables, Qui se disent toujours fatigués d'espérer ? [Musset, Poésies nouv. Lett. à Lamartine.]

    Belle mort, mort glorieuse. Mourir pour son pays est un si digne sort, Qu'on briguerait en foule une si belle mort. [Corneille, Horace]

    Une bonne mort, une mort au milieu des sentiments religieux et en s'acquittant de tous les devoirs de la religion. Nous espérons obtenir par elle [la Vierge] une bonne mort après une vie toute mondaine. [Bourdaloue, Assompt. de la Vierge, Myst. t. II, p. 342]

    Mort subite, mort qui survient instantanément. Les morts subites sont causées d'ordinaire par des ruptures du coeur ou des gros vaisseaux. Il disait que, loin de craindre une mort subite, c'était celle qu'il choisirait. [Duclos, Oeuvr. t. VI, p. 178]

    Donner la mort, voir DONNER, n° 6.

    Mettre à mort, voir METTRE.

    Dans le langage élevé et poétique, porter la mort, voir PORTER.

    Familièrement. Souffrir mort et passion, voir PASSION.

    Familièrement. Mourir de sa belle mort, mourir de mort naturelle. Il serait plus honnête de me laisser mourir de ma belle mort. [Voltaire, Correspondance]

    Fig. Tu dis qu'il faut brûler mon livre ; Les tiens auront un meilleur sort, Ils mourront de leur belle mort. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Être à l'article de la mort, être à l'agonie.

    Être malade à la mort, être fort malade, être près de mourir. Gens du monde, vous ne pensez pas à ces horribles profanations [de la messe] ; à la mort, vous y penserez avec confusion et saisissement. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il est plaisant que je sois si politique, en étant continuellement à la mort. [Voltaire, Correspondance] Au milieu de ce premier triomphe, le roi tomba malade à Calais ; il fut plusieurs jours à la mort. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Dès qu'on a le genre nerveux véritablement attaqué, on est porté à se croire continuellement à la mort. [Genlis, Maison rust. t. II, p. 261, dans POUGENS]

    Entre la vie et la mort, dans un fort grand péril par maladie ou par accident. Alors qu'entre la vie et la mort incertaine, Comme un fruit par son poids détaché du rameau, Notre âme est suspendue et tremble à chaque haleine.... [Lamartine, Méditations poétiques]

    Être au lit de la mort, au lit de mort, être à l'extrémité. Un pécheur qui, étendu dans le lit de la mort, commence à ne plus compter sur sa vie. [Massillon, Avent, Mort du pécheur.]

    À son lit de mort, avant de mourir, en mourant.

    Fig. Avoir la mort entre les dents, être fort vieux ou fort malade. Je vois tout l'excès du ridicule où je me jette à mon âge [en faisant une tragédie à 84 ans], la syndérèse dans le coeur, et la mort entre les dents, ou du moins entre les gencives, car de dents je n'en ai plus. [Voltaire, Correspondance]

    Avoir la mort sur les lèvres, être près de mourir, avoir la figure d'un mourant.

    Mille morts, se dit, par exagération, pour les plus grands supplices ou les plus grandes douleurs, ou les plus grands périls. La goutte lui a fait souffrir mille morts. Xipharès... à travers mille morts, ardent, victorieux, S'était fait vers son père un chemin glorieux. [Racine, Mithridate] Plutôt de mille morts dussiez-vous me punir.... [Racine, ib. III, 5]

    Vouloir mal de mort, vouloir beaucoup de mal à quelqu'un. Je me veux mal de mort d'être de votre race. [Molière, Les femmes savantes]

    La mort exécute le vif, les héritiers du créancier mort peuvent faire exécuter l'obligé qui vit.

    Pères de la Mort, s'est dit d'hommes religieux ou de moines qui se vouaient à l'assistance des moribonds. À Paris, on appelait particulièrement ainsi les augustins déchaussés ou Petits pères.

    Hussards de la mort, nom donné à certains régiments de hussards qui portaient pour insignes une tête et des os de mort, et qui, disait-on, ne faisaient aucun quartier à l'ennemi.

  • 2Dans le style soutenu, la mort est souvent personnifiée. La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier, La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. [Malherbe, VI, 18] La mort ne surprend point le sage, Il est toujours prêt à partir. [La Fontaine, Fables] Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur. [La Fontaine, ib.] Ce que vous dites sur la liberté que prend la mort d'interrompre la fortune est incomparable. [Sévigné, 8 juin 1676] Un tel homme voyant approcher la mort.... lui montre lui-même l'endroit où elle doit frapper : Ô mort, lui dit-il d'un visage ferme, tu ne me feras aucun mal.... achève donc, Ô mort favorable, et rends-moi bientôt à mon maître. [Bossuet, Oraisons funèbres] Sans menacer, sans avertir, la mort se fait sentir tout entière dès le premier coup. [Bossuet, Oraisons funèbres] Laissons donc au sage mépriser tous les états de cette vie, puisqu'enfin, de quelque côté qu'on s'y tourne, on voit toujours la mort en face qui couvre de ténèbres nos plus beaux jours. [Bossuet, ib.] Il s'affaiblissait, ce grand prince, mais la mort cachait ses approches. [Bossuet, Oraisons funèbres] La grandeur et la gloire ! pourrons-nous encore entendre ces noms dans ce triomphe de la mort ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Madame fut douce envers la mort, comme elle l'était envers tout le monde. [Bossuet, ib.] [Les princes] dégradés à jamais par les mains de la mort. [Bossuet, ib.] Elle se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans l'avoir presque envisagée. [Bossuet, Oraisons funèbres] La voilà, malgré ce grand coeur, cette princesse si admirée et si chérie ! la voilà telle que la mort nous l'a faite ! [Bossuet, Oraisons funèbres] La mort a rejoint ce qu'elle avait séparé. [Fléchier, Oraisons funèbres] Ô mort, cruelle mort, que ne lui laissais-tu plus longtemps le plaisir de voir le fruit de ses travaux ? [Fléchier, Oraisons funèbres]Il serait bon à aller quérir, à aller chercher la mort, se dit d'un homme lent en tout ce qu'il fait.
  • 3La Mort, personnification de la mort, personnage mythologique que l'on représente le plus souvent sous la forme d'un squelette armé d'une faux (on met une majuscule). Un malheureux appelait tous les jours La Mort à son secours : Ô Mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. La Mort crut, en venant, l'obliger en effet. [La Fontaine, Fables] Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie, Se plaignait à la Mort que précipitamment Elle le contraignait de partir tout à l'heure. [La Fontaine, ib. VIII, 1] Un fantôme s'élance sur le seuil des portes inexorables, c'est la Mort ; elle se montre comme une tache obscure sur les cachots qui brûlent derrière elle ; son squelette laisse passer des rayons livides de la lumière infernale. [Chateaubriand, Les martyrs, ou Le triomphe de la religion chrétienne]
  • 4Dans le langage de l'Écriture, les ombres de la mort, la mort (voir OMBRE).
  • 5Mort d'homme, se dit des accidents, des rixes où quelqu'un est tué. En ces occasions l'on frappe, l'on assomme, Et pour moins, bien souvent, il arrive mort d'homme. [Hauteroche, Les apparences trompeuses] Il y a ici mort d'homme et supposition. [Dancourt, Mari retrouvé, sc. 22] Et si je n'avais pas apaisé la querelle, Il serait arrivé mort d'homme ou de femelle. [Regnard, Les Ménechmes]

    Crime de mort, crime emportant la peine de mort ; coupable de mort, coupable méritant la mort (locutions qui ne se disent plus beaucoup). C'était un crime de mort de paraître en la présence du roi [sans être appelé]. [Racine L. Rem. Esth. I, 3] Quand Assuérus y était [dans la chambre du trône], quiconque y entrait sans être appelé était coupable de mort. [Racine L. ib. II, 1]

  • 6La peine capitale. Il vota la mort. Abolir la peine de mort. Toutes les voix allaient à la mort, ont été à la mort.

    Cette affaire va à la mort, elle doit finir par un arrêt de mort.

    Sentence, arrêt de mort, condamnation qui porte la peine de mort.

    Testament de mort, déclaration que fait un condamné avant son supplice.

    Par extension. Testament de mort, écrit qui atteste les derniers sentiments d'une personne.

  • 7 Terme de droit. Mort civile, cessation de toute participation aux droits civils.
  • 8La mort éternelle, la mort de l'âme, la seconde mort, la condamnation des pécheurs aux peines de l'enfer. Quand il [le livre de l'Apocalypse] les condamne tous [les timides] à la seconde mort, à cette mort si terrible et si étrange, à ce lac ardent de feu et de soufre. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour] Craignez les occasions prochaines ; car qui aime son péril, il aime sa mort. [Bossuet, Sermons] Des infidélités légères qui ne donnent pas la mort à l'âme. [Massillon, Carême, Tiédeur, 1] Tous les péchés ne sont pas des péchés à la mort. [Massillon, ib.]

    Mort de l'âme, la perte de la grâce sanctifiante par le péché mortel.

    Mort morale, état de l'âme où tout sentiment moral est éteint. Pour garantir le jeune infortuné de cette mort morale dont il était si près, il commença par réveiller en lui l'amour-propre et l'estime de soi-même. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

  • 9La mort au monde, la retraite loin du monde, soit dans une maison religieuse, soit chez soi et dans la demeure privée. Faites bien comprendre à nos soeurs en quoi consiste la mort au monde. [Maintenon, Lettres]

    Par extension. Je ne connais personne qui ait autant de besoin que vous, monseigneur, d'une mort continuelle à tout intérêt et à toute passion. [Maintenon, Lettres]

    Mort mystique de l'âme, détachement général du péché.

  • 10 Fig. Extinction, destruction, ruine. Le monopole est la mort de l'industrie. Je veux, dans un seul malheur, déplorer toutes les calamités du genre humain, et, dans une seule mort, faire voir la mort et le néant de toutes les grandeurs humaines. [Bossuet, Oraisons funèbres] ...Ce marquis... qui sans cesse au jeu... Voit la vie ou la mort sortir de son cornet. [Boileau, Satires] On a ri à la mort du jansénisme et du molinisme. [Voltaire, Mél. litt. Avert. d'une éd. des pensées de Pascal.] Les moralités sont la mort de toute bonne éducation. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Les jeunes gens quelquefois se passionnent pour l'étude : c'est la mort à tout avancement. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Familièrement. La mort au beurre, se dit de mets dont la préparation demande beaucoup de beurre. Les épinards sont la mort au beurre.

  • 11 Fig. Un grand chagrin. Ce fils dénaturé lui donne la mort. Et le coup qui surprend un espoir légitime, Porte plus d'une mort au coeur de la victime. [Corneille, Andromède]

    Avoir la mort dans l'âme, dans le coeur, être très affligé. Mme de Chaulnes m'a fort conté les affaires des états... elle me paraît la mort au coeur de toutes les troupes [envoyées en Bretagne]. [Sévigné, 22 déc. 1675] Vous voyez devant vous une reine éperdue Qui, la mort dans le sein, vous demande deux mots. [Racine, Bérénice] Elle a.... la fièvre, la migraine, Tout ce qu'on peut avoir.... la mort au fond du coeur. [Lanoue, Coquette corr. V, 1]

    Familièrement. C'est une mort que d'avoir affaire à un pareil homme, que de poursuivre une telle affaire, c'est-à-dire c'est une grande peine, c'est une grande misère que de.... C'est une mort que d'attendre si longtemps.

    C'est une mort, signifie aussi : il y a de quoi rendre malade, de quoi tuer. Vous savez ce que c'est pour moi que la santé de votre chère femme ; mais vous l'avez laissée trop écrire ; c'est une mort que cet excès [Mme de Grignan venait d'accoucher]. [Sévigné, 23 févr. 1676]

    C'est ma mort, c'est la chose la plus désagréable pour moi.

  • 12 En termes de jeu, jouer à la mort de telle somme, jouer jusqu'à ce que telle somme soit perdue.
  • 13Mort aux rats, drogue dont on se sert pour faire mourir les rats ; c'est d'ordinaire une substance arsenicale. Le sulfate de baryte est employé en Angleterre comme mort aux rats. [Thenard, Traité de chimie, t. II, p. 425, dans POUGENS]

    Mort aux mouches, cobalt ou arsenic délayé dans l'eau.

    Mort aux chiens, colchique d'automne.

    Mort de safran, petite truffe parasite, rhizoctonia crocorum. DC.

    Mort au chanvre, orobanche rameuse.

    Mort aux poules, jusquiame noire.

    Mort aux vaches, renoncule scélérate.

    Mort aux poux, staphysaigre.

  • 14 Populairement. La petite mort, le frisson. J'ai la petite mort dans le dos.
  • 15Mort noire ou peste noire, nom donné à la grande peste qui dévasta le monde au milieu du XIVe siècle.
  • 16À mort, loc. adv. De manière qu'on en meure. Il fut blessé à mort.

    Fig être frappé à mort, être attaqué d'une maladie dont les symptômes annoncent une mort certaine.

    Condamner, juger à mort, condamner quelqu'un à la peine de mort.

    Combat à mort, combat qui ne doit se terminer que par la mort d'un des combattants. C'est un duel ? - à mort : ou ma vie, ou la vôtre ! [Delavigne, Marino Faliero, II, 13]

    Populairement. À mort, excessivement. Boire à mort.

    À mort ! exclamation pour menacer de mort. À mort les traîtres !

    On dit dans le même sens et dans le même emploi exclamatif : mort à ! Mort aux traîtres !

  • 17À la mort, loc. adv. Extrêmement, excessivement, en parlant de la haine, de l'ennui et d'autres sentiments analogues. Je suis ennuyée à la mort d'en entendre parler. [Sévigné, 36] Elle soutint que c'était obstination pure, que je m'ennuyais à la mort dans ma retraite. [Rousseau, Les confessions] Brutal, avare, amoureux et jaloux à l'excès de sa pupille, qui le hait à la mort. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile] Je hais la toilette à la mort. [Genlis, Théât. d'éduc. l'Enfant gâté, I, 3]
  • 18À la vie et à la mort, loc. adv. Pour toujours. Je suis votre ami à la vie et à la mort.

    Entre nous, c'est à la vie et à la mort, notre amitié durera toujours.

    Il ne me pardonnera ni à la vie ni à la mort, il ne me pardonnera jamais. Vous voyez bien ces vingt sols-là, Marianne, je ne vous les pardonnerai jamais, ni à la vie, ni à la mort. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]

    Terme de vénerie. À la mort, chiens ! cri que les chasseurs emploient pour appeler les chiens quand le cerf est pris.

  • 19Par la mort ! sorte de serment et de menace. Par la mort ! par la tête ! si je le trouve, je le veux échiner. [Molière, Les fourberies de Scapin] Quiconque remuera, par la mort, je l'assomme ! [Molière, L'école des femmes]

    Mort de ma vie, autre serment qui sert à affirmer avec une sorte d'impatience. Et mort de ma vie, la grâce saura bien vous préparer les chemins ! [Sévigné, 440] Mort de ma vie, que les gens sont sots quand ils sont amoureux ! [Brueys, Grondeur, III, 5]

PROVERBES

De tant de douleur on ne saurait faire qu'une mort.

Dieu ne veut pas la mort du pécheur, c'est-à-dire il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.

Après la mort le médecin, voir MÉDECIN.

Il y a remède à tout, hors à la mort.

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3.
20Arbre de mort, le mancenillier, BAILLON, Dict. de botan. p. 257.
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