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mourant, ante

adj. (mou-ran, ran-t')
  • 1Qui se meurt. Adieu, je vais traîner une mourante vie, Tant que par ta poursuite elle me soit ravie. [Corneille, Le Cid] Il était aussi vivant par l'esprit que mourant par le corps. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quel est notre aveuglement, si, toujours avançant vers notre fin et plutôt mourants que vivants.... [Bossuet, Oraisons funèbres] Presse, pleure, gémis, peins-lui Phèdre mourante. [Racine, Phèdre] Je demeurai mourante sur un tas de morts. [Voltaire, Candide, ou L'optimiste] [La veuve de Calas] dépouillée de tout son bien, était seule dans le monde, sans pain, sans espérance, et mourante de l'excès de son malheur. [Voltaire, Pol. et lég. Tolérance. Hist. abr. de Calas.] L'image de ce grand homme mourant [Voltaire] m'affecta si profondément, et m'est restée si vivement dans la tête qu'elle ne s'en effacera jamais. [D'alembert, Lett. au roi de Pr. 1er juillet 1778] Et sur un lit pompeux la portent loin du jour Mourante de douleur, et de rage, et d'amour. [Delille, Énéide]

    Terme de jurisprudence féodale. Homme vivant et mourant, homme que les gens de mainmorte étaient obligés de désigner au seigneur du fief, et à la mort duquel ils devaient certains droits seigneuriaux.

  • 2Qui a la marque d'une mort prochaine. Quel plaisir.... De cacher ma rivale à ses regards mourants ! [Racine, Andromaque] Il ouvre un oeil mourant qu'il referme soudain. [Racine, Phèdre]

    Fig. Des yeux mourants, des yeux languissants et pleins de passion. Ai-je écouté quelqu'un de tous ces soupirants Qui m'accablaient partout de leurs regards mourants ? [Corneille, Tite et Bérénice] Depuis le jour fatal que pour vous je soupire, Mes yeux se sont cent fois chargés de vous le dire ; Et cent fois, si mon mal vous pouvait émouvoir, Leur mourante langueur vous l'aurait fait savoir. [Corneille, Élégie.]

    Voix mourante, voix langoureuse et traînante.

  • 3 Fig. Mourant à, qui, par mortification, renonce à. J'ai retrouvé notre cher Corbinelli comme je l'avais laissé, un peu plus philosophe, et mourant tous les jours à quelque chose. [Sévigné, 24 nov. 1685]
  • 4 Fig. Qui s'éteint, qui cesse, qui finit. Et son courroux mourant [de Pompée assassiné] fait un dernier effort Pour reprocher aux dieux sa défaite et sa mort. [Corneille, La mort de Pompée] Qu'elle fuie avec lui ; c'est tout ce que veut d'elle Le souvenir mourant d'une flamme si belle. [Corneille, Théodore et Héraclius] Qu'il se trouve au milieu d'une étrange torture, Et qu'il y soutient mal sa mourante vigueur. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ] Avant qu'il [Antipater] y entrât [dans Athènes], Démosthène et tous ceux de son parti, qu'on pouvait regarder comme les derniers des Grecs et comme les défenseurs d'une liberté mourante, sortirent de la ville. [Rollin, Histoire ancienne] Et ce reste importun de la sédition N'est qu'un bruit passager de flots après l'orage Dont le courroux mourant frappe encor le rivage. [Voltaire, Le fanatisme, ou Mahomet le Prophète]
  • 5Qui va en pente douce, qui s'abaisse insensiblement. Une plage mourante.
  • 6Se dit de certaines couleurs pâles. Turnus ayant planté lui-même Sur la citadelle Lauront Son étendard de bleu mourant. [Scarron, Virgile travesti] Il n'en resta qu'un très petit nombre dont les feuilles étaient d'un vert pâle et mourant. [Voltaire, La princesse de Babylone]

    Terme de peinture. Tons mourants, couleurs mourantes, tons, couleurs affaiblies et dégradées.

    Terme de musique. En mourant, en passant du son fort à un son tellement faible qu'on l'entend à peine.

  • 7 nm et f Un mourant, une mourante, celui, celle dont la vie s'éteint. Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie Se plaignait à la Mort que précipitamment Elle le contraignait de partir tout à l'heure Sans avoir fait son testament. [La Fontaine, Fables] Madame.... demande d'elle-même.... la sainte onction des mourants avec un pieux empressement. [Bossuet, Oraisons funèbres] Vous savez l'horreur qu'on a de recueillir ces soupirs contagieux qui sortent du sein d'un mourant pour faire mourir ceux qui vivent. [Fléchier, Oraisons funèbres] Et l'homme aux champs de Mars couché sur la poussière, Sanglant, percé de coups, sur un tas de mourants Sert d'aliment affreux aux oiseaux dévorants. [Voltaire, Désast. Lisb.]

    Fig. Faire le mourant, du mourant, faire le langoureux. Et faisant des mourants et de l'âme saisie, Ils croient.... [Régnier, Satires]

    Dans le langage précieux du XVIIe siècle, le mourant d'une dame, son amoureux. Pour M. de Montausier, ç'a été un mourant d'une constance qui a duré plus de treize ans, TALLEM., DES RÉAUX, Historiette de Mme de Montausier.

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