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nul, nulle

adj. (nul, nu-l')
  • 1Aucun avec négation. Nulle autre religion que la chrétienne n'a connu que l'homme est la plus excellente créature, et en même temps la plus misérable. [Pascal, Pensées] Nul mortel en ces lieux n'ignore un sort si triste. [Voltaire, La méroppe française] Nul péril ne l'émeut, nul respect ne le touche. [Voltaire, L'orphelin de la Chine] Aussi nul chevalier ne cherche à la défendre. [Voltaire, Tancrède]

    Il se dit aussi au pluriel. Nulles gens. Nuls frais. Nulles raisons d'État ne m'en ont fait de lois. [Corneille, Suréna] Un homme qui n'a pris nulles mesures pour un passage dont les suites sont éternelles. [Bourdaloue, Carême, Prép. à la mort, 384] Ils ne reçoivent nuls avis.... ils n'entendent nulles remontrances. [Bourdaloue, Dominic. IV, Conf. 32] Il n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants. [La Bruyère, XI] À tes devoirs par toi nuls objets préférés N'ont distrait tes esprits sous ces bosquets sacrés. [Delavigne, Le paria]

    Il se met avec sans. Déjà ce malheureux sans nuls empêchements Était prêt à sortir de nos retranchements. [Mairet, Sophonisbe] C'est moi-même, messieurs, sans nulle vanité. [Molière, Le misanthrope] Sans nuls égards pour les petits. [La Bruyère, XIV]

    Nul.... que, c'est-à-dire nul.... si ce n'est.... La princesse palatine change en un moment tout entière : nulle parure que la simplicité, nul ornement que la modestie. [Bossuet, Oraisons funèbres] J'ai rapporté environ quarante passages pour les comparer à quatorze ou quinze propositions condamnables.... et il ne s'est trouvé nulle ressemblance qu'informe et confuse entre les uns et les autres. [Bossuet, Passages éclaircis, XXVIII]

  • 2Au masc. et au sing. Nul, employé absolument, signifie nul homme. Ma retraite, Nul que Dieu seul et moi n'en connaît les chemins. [La Fontaine, Fables] Nul que moi ne s'y tient, et j'en garde la clef. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Un sage religieux qu'il appelle exprès règle les affaires de sa conscience ; il obéit, humble chrétien, à sa décision ; et nul n'a jamais douté de sa bonne foi. [Bossuet, Oraisons funèbres] ....Vous savez qu'entre tous vos aïeux Nul n'éleva si haut la grandeur ottomane. [Racine, Bajazet] Nul ne leur a plus fait [aux Romains] acheter la victoire. [Racine, Mithridate] Nul n'est content de sa fortune, Ni mécontent de son esprit. [Deshoul. Réflex. 8] Nul de nous de sang-froid, avouons-le sans honte, N'envisage la nuit. [Racine L. Épître sur l'homme] Nul à Paris ne se tient dans sa sphère. [Voltaire, Étrennes aux sots.]

    Il se dit aussi au pluriel. Que nuls ne puissent être arrêtés dans la lecture de Théophraste. [La Bruyère, Disc. sur Théoph.]

  • 3Qui est sans valeur, sans effet, qui se réduit à rien, en parlant des choses. Son amour doit se taire, ou toute excuse est nulle. [Corneille, Horace] Nous vous déclarons que les lettres qu'il vous avait envoyées contre eux en notre nom, sont nulles et de nulle valeur. [Sacy, Bible, Esth. XVI, 17] Serons-nous fort contents d'une pénitence commencée à l'agonie.... d'une pénitence nulle, douteuse si vous le voulez.... [Bossuet, Oraisons funèbres] Je ne sais voir qu'autant que je suis ému ; les objets indifférents sont nuls à mes yeux. [Rousseau, Correspondance] Ainsi ses moyens de plaire sont nuls. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

    Lettre nulle, lettre qui ne se prononce pas. L'l finale est nulle dans baril, chenil, coutil, etc.

    Son crédit est nul, son talent est nul, il n'a point de crédit, de talent.

    En parlant des personnes, qui, pour ainsi dire, n'a pas d'existence. J'avais la mortification d'être nul pour elle. [Rousseau, Les confessions] Il ne me traitait pas précisément comme son inférieur, il me regardait comme nul. [Rousseau, ib. IX] Ayant tout usé jusqu'à la débauche, il [le régent] avouait quelquefois qu'il ne goûtait plus le vin, et qu'il était devenu nul pour les femmes. [Duclos, Oeuvr. t. VI, p. 128]

    C'est un homme nul, c'est un homme sans valeur, sans mérite. Sachant que cet homme, nul par lui-même, ne pense et n'agit que par l'impulsion d'autrui. [Rousseau, Les confessions] Voilà comment, avec des sentiments quelquefois élevés et grands, il fut toujours petit et nul par sa conduite. [Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues]

    En un sens restreint. C'est un homme nul dans sa compagnie, c'est un homme qui n'a dans sa compagnie ni autorité ni considération.

  • 4 En termes de jurisprudence, nul se dit des actes qui, étant contraires aux lois pour le fond ou pour la forme, sont comme s'ils n'étaient pas. Faire déclarer nul un testament. Cette donation est nulle. Cela est nul, de toute nullité. Ce mariage est nul au jugement de tous. [Mairet, Sophonisbe]
  • 5 Terme de botanique. Qui manque entièrement. Calice nul. Graines nulles.

REMARQUE

1. Nul prend toujours la négation quand il est employé comme adjectif déterminatif, ou placé avant son substantif (exprimé ou sous-entendu) ; au contraire il ne la prend pas quand il est employé comme adjectif qualificatif : C'est un homme nul.

2. Dans le sens de pas un, nul se met avant son substantif.

3. On a critiqué ce vers-ci : Nulle paix pour l'impie, il la cherche, elle fuit. [Racine, Esther] En effet le pronom la représente non pas la paix, mais nulle paix ; toutefois le vers est très clair ; et ici la clarté suffit pour justifier la locution. Cependant, en général, la remarque est juste, et il faudrait se garder, excepté en des cas aussi clairs que celui de Racine, d'employer cette construction.

SYNONYME

NUL, AUCUN. La différence est que nul a, de soi, un sens négatif, et que aucun a, de soi, un sens positif ; il ne prend, primitivement, le sens négatif qu'avec une négation ; et c'est seulement par abus que, sans négation, il est employé quelquefois au sens de pas un.

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