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parler [1]

vi (par-lé)

Résumé

  • 1° Articuler des mots, prononcer des paroles.
  • 2° Il se dit des oiseaux imitant la voix humaine.
  • 3° S'exprimer.
  • 4° Discourir, s'énoncer par le discours, causer.
  • 5° Parler que, au sens de dire.
  • 6° Parler à, adresser la parole à.
  • 7° Parler de, prononcer des paroles relatives à.
  • 8° Se parler, se dit de personnes qui ont des entretiens ensemble, ou d'une personne qui s'adresse la parole à elle-même.
  • 9° Plaider.
  • 10° Parler bien, parler mal, dire du bien, du mal.
  • 11° Parler pour, parler contre, parler de manière à servir, à nuire.
  • 12° Expliquer ses sentiments, ses opinions, sa volonté.
  • 13° Faire connaître quelque chose qui devrait être tu.
  • 14° Recommander, appuyer.
  • 15° Faire des propositions, et, particulièrement, des propositions d'argent.
  • 16° Parler se dit des bruits qui courent dans le monde.
  • 17° Fig. Manifester ses sentiments par un autre moyen que la parole.
  • 18° Il se dit des choses inanimées qui ont ou qui semblent avoir un langage.
  • 19° Expliquer sa pensée par écrit.
  • 20° Il se dit de ce qui est exprimé dans un écrit.
  • 21° Résonner, en parlant d'instruments.
  • 22° Aboyer, en vénerie.
  • 23° Au jeu, dire ce que l'on veut faire.
  • 24° Faire parler.
  • 25° vt Dire, prononcer.
  • 26° S'exprimer en un langage.
  • 27° S'entretenir de.
  • 28° Au passif et impersonnellement.
  • 29° vpron Se parler, être parlé.
  • 30° Généralement parlant. Humainement parlant.
  • 31° Sans parler de.
  • 1Articuler des mots, prononcer des paroles. Ce malade est à l'extrémité, il ne parle plus. Parler du nez. Il veut parler, l'écorce a sa langue pressée. [La Fontaine, Philém. et Baucis.] Les jardins parlent peu si ce n'est dans mon livre. [La Fontaine, Fables] Qu'importe comme ils parlent, pourvu qu'ils me disent ce que je veux savoir ? [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Il [la Fontaine] fait parler les animaux, les arbres, les pierres, tout ce qui ne parle point. [La Bruyère, XII] Du langage c'est abuser Que de parler pour ne rien dire. [La Motte, Fabl. III, 8] Les femmes ordinairement parlent mieux que les hommes ; si l'on en croit Cicéron, cela vient de ce qu'étant moins répandues, elles conservent plus fidèlement l'accent d'une bonne éducation, et risquent moins de le corrompre par un accent étranger. [D'olivet, Prosodie franç. art. 5] On remarque que ceux [enfants] qui commencent à parler fort tard, ne parlent jamais aussi aisément que les autres ; ceux qui parlent de bonne heure sont en état d'apprendre à lire avant trois ans. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière] Le plus grand effort d'esprit est peut-être celui que nous faisons en apprenant à parler. [D'alembert, Élém. de philos. ch. 13] Son regard ne voit qu'à peine, Et sa voix [d'un enfant] ne parle pas. [Hugo, Odes et ballades]

    Parler du haut de la tête, parler d'un ton de voix très aigu.

    On a dit parler du crâne et à la petite octave, dans le même sens. Elle ne parle pas du crâne et à la petite octave. [Grimm, Correspond. t. I, p. 182]

    Parler haut, parler bas, parler à haute voix, à voix basse. Parle bas ; tu viens m'ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu'il ne faut point parler si haut à des malades. [Molière, Le malade imaginaire]

    Fig. Parler haut, parler sans ménagement, avec insolence. Il parle bien haut, mais on le fera baisser de ton.

    Parler ferme, parler avec fermeté, roideur. Vous me parlez bien ferme, et cette suffisance.... [Molière, Le misanthrope]

    Parler à l'oreille de quelqu'un, mettre sa bouche près de l'oreille de quelqu'un et lui parler bas.

    Fig. La doctrine ancienne, qui, selon l'oracle de l'Évangile, doit être prêchée jusque sur les toits, pouvait à peine parler à l'oreille. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Fig. et familièrement. Parler la bouche ouverte, s'exprimer franchement. Je vous y parlerai la bouche ouverte. [Mme Du Deffant, Lett. à Hor. Walpole, t. III, p. 307, dans POUGENS] Dame, je parle, moi, comme saint Paul, la bouche ouverte. [Comte de Caylus, (GROSLEY), les Écosseuses, Oeuv. t. x, p. 569, dans POUGENS.]

    Familièrement. Parlez donc, sorte d'interpellation qu'on emploie pour demander compte de quelque chose à quelqu'un. Parlez donc, n'avez-vous pas vu le livre que je cherche ?

    Fig. Il sait ce que parler veut dire, c'est-à-dire il entend à demi-mot, il comprend les intentions, les explications, les menaces, etc. il ne se fait pas dire deux fois la même chose.

  • 2Il se dit des oiseaux qui imitent la voix humaine. Ce perroquet parle très bien. Le vulgaire croit qu'on enseigne aux bêtes à parler : il ne sait pas que parler c'est lier les idées à des signes arbitraires qui les représentent. [Bonnet, La contemplation de la nature]

    Parler comme un perroquet, parler sans savoir ce qu'on dit, et aussi parler d'après autrui.

  • 3S'exprimer. Il condamne toutes nos expressions élevées, et prétend que nous parlions toujours terre à terre ! [Molière, L'impromptu de Versailles] Vous me trouvez bon visage et vous désirez de m'en féliciter ; dites je vous trouve bon visage : mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair, et d'ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? qu'importe, Acis, est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? [La Bruyère, Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les mÅ“urs de ce siècle]

    Pour ainsi parler, locution usitée pour adoucir une expression trop forte, trop figurée. Par les soins d'un si grand roi [Louis XIV], la France entière n'est plus, pour ainsi parler, qu'une seule forteresse qui montre de tous côtés un front redoutable. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    Pour parler avec, expression employée quand on cite quelque écrivain considérable, quelque autorité. Pour parler avec Montaigne.

  • 4Discourir, s'énoncer par le discours, causer. Parler en public. Parler sur des matières difficiles. Quand une personne qui parle beaucoup se rencontre tête à tête avec une autre qui ne parle guère, et qui ne lui répond pas, elle en parle davantage. [Scarron, Le Roman comique] Il est bon de parler, et meilleur de se taire ; Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. [La Fontaine, Fables] D'un langage nouveau J'ai fait parler le loup, et répondre l'agneau. [La Fontaine, ib. II, 1] Il brûle de parler, bien plus que nous d'entendre. [Molière, La princesse d'Élide] Il y en a qui parlent bien et qui n'écrivent pas bien ; c'est que le lieu, l'assistance les échauffent, et tirent de leur esprit plus qu'ils n'y trouvent sans cette chaleur. [Pascal, Pensées] La noblesse de ses expressions [de Louis XIV] vient de celle de ses sentiments.... pendant qu'il parle avec tant de force, une douceur surprenante lui ouvre les coeurs. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il y a des gens qui parlent un moment avant que d'avoir pensé. [La Bruyère, v.] Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou, si vous parlez beaucoup, dites peu de chose. [La Bruyère, VIII] Il pense et il parle tout à la fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense ; aussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite. [La Bruyère, XI] Elle a trouvé moyen de parler longtemps sans rien dire, et elle vous a engagé à lui expliquer tout ce qu'elle désire savoir. [Fénelon, Télémaque] Il avait de plus une grande facilité naturelle de parler, à laquelle il joignait le rare mérite de n'en abuser jamais. [Fontenelle, Dodart.] Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Parler beaucoup et bien, disait-il, est d'un bel esprit ; peu et bien, d'un sage ; beaucoup et mal, d'un fat ; peu et mal, d'un sot. [D'alembert, Éloges, Terrasson.] Penser devient un art, et cet art est l'art de parler. [Condillac, Gramm. Disc. prél. Oeuv. t. v, p. XL.]

    Il n'y a que pour lui à parler, se dit d'une personne qui, dans une conversation, garde constamment la parole. Nous allâmes chez la reine ; j'étais avec Mme de Chaulnes ; il n'y eut que pour moi à parler. [Sévigné, 27 janv. 1674]

    Vous qui parlez, se dit à quelqu'un pour lui faire quelque avertissement, quelque reproche. Non, ce n'est pas moi qui ne réponds point aux articles des lettres, c'est vous, vous qui parlez. [Voltaire, Correspondance] Mais vous qui parlez, il s'en faut bien que vous soyez disculpée auprès de moi pour ce chapitre. [Rousseau, Correspondance]

    Par menace. Je lui apprendrai à parler, je saurai le forcer de parler avec plus de retenue.

    Parler en public, tenir un discours devant une assistance nombreuse. Voilà la seule fois de ma vie que j'aie parlé en public et devant un souverain, et la seule fois aussi peut-être que j'aie parlé hardiment et bien. [Rousseau, Les confessions]

    Parler comme un livre, voir LIVRE 1, n° 4.

    Parler pour parler, parler sans avoir rien à dire.

    Parler légèrement, parler sans être suffisamment informé, et aussi sans mesurer suffisamment ses paroles.

    Parler au hasard, parler sans réflexion, parler de ce qu'on ne sait pas bien.

    Parler avec passion, dire des choses que la passion suggère.

    Parler en maître, parler en qualité de maître ou comme ferait un maître. C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître ; La maison m'appartient, je le ferai connaître. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Élie aux éléments parlant en souverain. [Racine, Athalie] Ils [ces murs].... ne s'attendaient pas, lorsqu'ils nous virent naître, Qu'un jour Domitius me dût parler en maître. [Racine, Britannicus]

    Parler d'or, voir OR 2.

    Parler d'abondance, parler sans être préparé, ou du moins sans réciter de mémoire.

    Parler d'abondance de coeur, parler avec épanchement, avec une pleine confiance.

    Parler le coeur dans la main, parler à coeur ouvert, parler sincèrement, avec une entière franchise.

    Parler sur-le-champ, s'est dit autrefois pour improviser. Vous n'allez entendre chanter que de la prose cadencée ou des manières de vers libres, tels que la passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux personnes qui disent les choses d'eux-mêmes et parlent sur-le-champ. [Molière, Le malade imaginaire]Parler bien, parler avec élégance et pureté. C'est une grande misère que de n'avoir pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. [La Bruyère, V]

    Parler mal, parler sans élégance, ni correction.

    On dit dans le même sens : ne savoir pas parler.

    Parler juste, raisonner et s'exprimer avec justesse.

    Parler en l'air, parler sans attacher d'importance à ce que l'on dit, ou sans bons renseignements. Jésus-Christ ne parle pas en l'air, à Dieu ne plaise : il adresse manifestement sa parole à ceux qui enseignent et qui administrent les sacrements. [Bossuet, 2e instr. past. 37]

    Parler à bâtons rompus, parler sans ordre et sans suite.

    Parler à tort et à travers, parler sans discernement. C'est un homme.... qui parle à tort et à travers de toutes choses. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

  • 5Parler que, au sens de dire, avec un verbe suivant subordonné. Vous avez ouï parler que ce monsieur Oronte a une fille ? [Molière, Monsieur de Pourceaugnac] Il [le prince d'Orange] fut surpris, comme s'il n'avait pas ouï parler qu'il y eût une armée en Flandre. [Sévigné, 25 août 1677] Vous me parlez dans votre lettre, ma bonne, qu'il faudra songer aux moyens de vous envoyer votre fille. [Sévigné, 29 juill. 1671]

    Parler de, avec le verbe à l'infinitif, dire, annoncer vaguement que.... Il parle de se marier. Oui, oui, j'ai su que ce traître d'amant Parle de m'obtenir par un enlèvement. [Molière, L'école des maris]

  • 6Parler à, adresser la parole à. Il est ce que tu dis, s'il embrasse leur foi ; Mais il est mon époux, et tu parles à moi. [Corneille, Polyeucte] Je dis que voilà un homme qui veut parler à vous. [Molière, Le malade imaginaire] Qui sait parler aux rois, c'est peut-être où se termine toute la prudence et toute la souplesse du courtisan. [La Bruyère, VIII] Enseignez premièrement aux enfants à parler aux hommes ; ils sauront bien parler aux femmes quand il faudra. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Apprenez à ne point oublier à qui vous parlez, et qui vous êtes. [Genlis, Théât. d'éduc. le Vrai sage, II, 5]

    Il vaudrait autant parler à un sourd, se dit de quelqu'un que l'on désespère de persuader. Ne pas louer son siècle est parler à des sourds. [La Fontaine, Épître à Huet.]

    Fig. Parler à un mur, aux rochers, parler à des gens que rien ne touche.

    Parler à cheval à quelqu'un, lui parler avec emportement, avec empire.

    Je n'ai trouvé personne à qui parler dans cette maison, tout le monde était sorti, je n'y ai rencontré personne. Ah ! ah ! voici une drôle de maison ; on ne trouve personne à qui parler. [Dancourt, les Agioteurs, III, 9]

    Je n'ai pu trouver à qui parler dans cette société, dans ce salon, je n'y ai rencontré personne de connaissance.

    Fig. Trouver à qui parler, rencontrer une personne qui nous comprenne, qui nous convienne. Quand on pense aussi agréablement que vous, il est doux d'avoir quelqu'un à qui parler, qui vous entende. [Bussy-rabutin, Lett. t. III, p. 92, dans POUGENS]

    Ironiquement. Trouver à qui parler, trouver des gens qui vous tiennent tête. Parbleu ! il trouva à qui parler. [Molière, Monsieur de Pourceaugnac]

    Moi qui vous parle, se dit pour appeler l'attention. C'est tout ce que je puis faire, moi qui vous parle. [Sévigné, 16 avr. 1670]

    Fig. Parler à son bonnet, se parler à soi-même, parler sans adresser la parole à personne. Harpagon : Je veux que tu me dises à qui tu parles quand tu dis cela. - La Flèche : Je parle.... je parle à mon bonnet. [Molière, L'avare]

    Fig. J'ai bien parlé à sa barrette, je l'ai réprimandé vertement. Et moi, je pourrais bien parler à ta barrette. [Molière, L'avare]

    Fig. Parler des grosses dents à quelqu'un, le réprimander, lui parler avec menace.

    Parler à, avec un nom de chose pour régime, parler de manière à exercer une action sur cette chose. Tâchons de parler à la fois aux yeux, aux oreilles et à l'âme ; on critiquera, mais ce sera en pleurant. [Voltaire, Correspondance] Parlons à l'intérêt, semons, prodiguons l'or. [Lafosse, Marius à Mint. I, 3] La sainteté de l'Évangile parle à mon coeur. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation]

    Parler au coeur, à l'imagination, aux passions, parler de manière à intéresser le coeur, à plaire à l'imagination, à exciter les passions. C'est peu de charmer l'oeil, il faut parler au coeur. [Delille, Les jardins ou L'art d'embellir les paysages]

    Fig. Dieu parle au coeur des pécheurs, c'est-à-dire il leur envoie de saintes inspirations, il leur donne de bons mouvements.

    Fig. Cet adagio parle au coeur. Ce tableau ne parle qu'aux yeux.

  • 7Parler de, prononcer des paroles relatives à. Que parlez-vous, seigneur, de tête et de tyran ? [Corneille, Sertorius] Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous ? [Molière, L'avare] On parle fort du mariage de Bavière. [Sévigné, 382] Il serait superflu de parler au long de la glorieuse naissance de cette princesse. [Bossuet, Oraisons funèbres] Boileau.... Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l'histoire. [Boileau, Epîtres] Que parlez-vous de Rome et de son alliance ? Pourquoi tout ce discours et cette défiance ? [Racine, Mithridate] Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier. [La Bruyère, IX.] Un homme vain trouve son compte à dire du bien ou du mal de soi ; un homme modeste ne parle point de soi. [La Bruyère, XI] Ce concile, ce jugement et surtout le président du concile indignèrent toute la France ; et au bout de deux jours on n'en parla plus. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV] Elle répondit avec douceur et avec cette brièveté qui est de si bon goût, lorsqu'on est forcé de parler de soi. [Genlis, Voeux téméraires, t. I, p. 136, dans POUGENS]

    Parler de la pluie et du beau temps, s'entretenir de choses indifférentes.

    Il en parle bien à son aise, se dit quand quelqu'un, à l'abri des inconvénients de la chose dont on parle, conseille ou excite. Vous en parlez fort à votre aise ; et le métier de plaisant n'est pas comme celui d'astrologue. [Molière, Les amants magnifiques]

    Il en parle comme un aveugle des couleurs, c'est-à-dire il se mêle de parler de choses dont il n'a aucune connaissance.

    Il en parle en maître, c'est-à-dire il parle sur une matière qu'il possède à fond ; il en parle en écolier, il n'a qu'une connaissance superficielle de ce dont il parle.

    Familièrement. Ce que j'en dis n'est pas que j'en parle, c'est-à-dire ne faites pas attention à mes paroles, je parle en l'air. Ce que j'en dis n'est pas que j'en parle. [Dancourt, Retour des officiers, sc. 1]

    Cela ne vaut pas la peine d'en parler, se dit des choses peu importantes.

    Ironiquement, cela ne vaut pas la peine d'en parler, se dit aussi pour relever l'importance de la chose dont on parle. Il lui a volé cent mille francs, cela ne vaut pas la peine d'en parler, qu'on en parle, ce n'est pas la peine d'en parler. Monsieur mon frère aîné, car, Dieu merci, vous l'êtes D'une vingtaine d'ans, à ne rien vous céler, Et cela ne vaut pas la peine d'en parler. [Molière, L'école des maris]

    Ne m'en parlez pas, ne me parlez pas de cette affaire, c'est-à-dire ne me mettez pas sur ce chapitre.

    Ne me parlez pas d'un tel, ne dites pas qu'on puisse compter sur lui. Protégés, protecteurs, au dessert ne font qu'un : Mais ne me parlez pas d'un protecteur à jeun. [Delavigne, Éc. des vieill. I, 5]

    Dans un sens affirmatif et laudatif. Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d'un art. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]

    Parlez-moi de.... se dit pour vanter. Parlez-moi de ces oncles et de ces pères-là, plutôt que de ceux qui dévorent leur patrimoine pour prévenir leurs héritiers. [Lesage, Histoire d'Estevanille Gonzalez, surnommé le garçon de bonne humeur] Peste ! comme l'utilité vous a bientôt rapproché les distances ! parlez-moi des gens passionnés ! [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

  • 8Se parler, se dit de personnes qui ont des entretiens ensemble. Il est vrai qu'elle et moi nous nous sommes parlé des yeux. [Molière, Le sicilien, ou L'amour peintre] Cependant voulez-vous qu'avec moins de contrainte L'un et l'autre une fois nous nous parlions sans feinte ? [Racine, Britannicus] Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher ? [Racine, Phèdre]

    Se parler, s'adresser la parole à soi-même. Je me parle à moi-même. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

  • 9 Terme de palais. Plaider. Cet avocat parle pour un tel.
  • 10Parler bien, parler mal d'une personne, en dire du bien, du mal. Souvenez-vous de ne parler jamais ni en bien ni en mal de votre femme ; c'est le plus sot des personnages. [Maintenon, Lettres] Je répondis que j'avais grand soin de ne parler mal de personne ; que, pour Sa Majesté, j'aimerais mieux être mort. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Nos ancêtres chassaient des assemblées et des tournois ceux qui étaient accusés d'avoir mal parlé des femmes. [Saint-foix, Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 190, dans POUGENS]
  • 11Parler pour quelqu'un, intercéder pour lui auprès d'un autre. Vous parlez mieux pour lui qu'il ne parle lui-même. [Racine, Bajazet]

    Fig. La nature ou l'amour parle pour chacun d'eux. [Corneille, Horace] Deux sceptres en ma main, Albe à Rome asservie, Parlent bien hautement en faveur de sa vie. [Corneille, ib. v, 3] Il ne sait pas l'amour qui vous parle pour lui. [Racine, Bajazet] Tous les avantages du corps parlaient pour lui. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] Quel nouvel intérêt vous parle en sa faveur ? [Voltaire, La méroppe française]

    Tout parle pour lui, c'est-à-dire toutes les circonstances sont en sa faveur. Tout parle pour lui. [Sévigné, 589]

    Son mérite, ses services parlent pour lui, parlent en sa faveur, son mérite, ses services le rendent recommandable, rendent ses prétentions légitimes.

    Parler contre, parler de manière à nuire. Une parole échappe, et elle tombe de l'oreille du prince bien avant dans sa mémoire.... si ce n'est que contre nous-mêmes que nous ayons parlé.... il y a encore un prompt remède qui est de nous instruire par notre faute, et de souffrir la peine de notre légèreté ; mais si c'est contre quelque autre, quel abattement ! quel repentir ! [La Bruyère, VIII] Il échappe à un troisième [ami] de parler contre mes intérêts. [La Bruyère, ib.] Fig. Ce long amas d'aïeux que vous diffamez tous, Sont autant de témoins qui parlent contre vous. [Boileau, Satires]

    Il n'a rien qui parle pour lui, rien ne parle en sa faveur ; tout parle contre lui, c'est-à-dire il n'est recommandable, ou simplement agréable, par aucun côté.

    En matière d'affaires et de procès, cette pièce parle contre lui, elle est contraire à ses prétentions.

  • 12Expliquer ses sentiments, ses opinions, ses volontés. Expliquez-vous mieux, ce n'est pas là parler. Le roi a parlé par la bouche de son ministre. Quand vous lui parlerez, parlez au nom de tous. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Ou laissez-moi parler, sire, ou faites-moi taire ; Je ne sais point répondre autrement pour un roi. [Corneille, Nicomède] Ne paraissez point si savant, de grâce ; humanisez votre discours, et parlez pour être entendu. [Molière, Critique de l'école des femmes] En est-on quitte pour dire toujours : on ne nous entend pas, sans jamais vouloir parler nettement ? [Bossuet, Quiétisme, 4e écrit, I, 22] Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix. [Racine, Andromaque] ...Enfin je puis parler en liberté ; Je puis dans tout son jour mettre la vérité. [Racine, Athalie] Dieu parle, et d'un mortel vous craignez le courroux. [Racine, Esther] Parlez, quel est le sang que nous devons verser ? [Voltaire, Å’dipe] C'est assez si ma voix Parle encore au conseil et règle vos exploits. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

    N'avoir qu'à parler, se dit quand, pour qu'une chose se fasse, il n'est besoin que d'une parole. Titus m'aime ; il peut tout ; il n'a plus qu'à parler, Il verra le sénat m'apporter ses hommages. [Racine, Bérénice]

    Il sait aller et parler, se dit d'un homme habile qu'on envoie négocier quelque chose.

  • 13Faire connaître quelque chose qui devait être tu. Il faut que quelqu'un ait parlé. Vous êtes fille, Eudoxe, et vous avez parlé. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] Gardez bien de le dire ; On m'appellerait poule ; enfin n'en parlez pas. [La Fontaine, Fables]
  • 14Recommander, appuyer. Il est difficile à la cour que de toutes les pièces qu'on emploie à l'édifice de sa fortune, il n'y en ait quelqu'une qui porte à faux : l'un de mes amis qui a promis de parler ne parle point ; l'autre parle mollement. [La Bruyère, VIII]
  • 15Parler se dit quelquefois pour faire des propositions, et, particulièrement, des propositions d'argent. Le compagnon ne put rien tirer d'elle Qu'il ne parlât. [La Fontaine, F. avare] Perrin : Monsieu, ma mère est malade ; et vlà deux écus que je vous apportons pour nous bailler quelque remède. - Sganarelle : Ah ! je vous entends, vous ; voilà un garçon qui parle clairement, et qui s'explique comme il faut. [Molière, Le médecin malgré lui]

    Voilà ce qui s'appelle parler, ou, simplement, voilà parler, ou encore, c'est parler cela, se dit lorsqu'une personne fait des propositions avantageuses, ou tranche un débat par des raisons claires. Voilà mon dernier mot. - Voilà parler cela ! [Gresset, Le méchant]

  • 16Parler se dit des bruits qui courent dans le monde. Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement : Les gens en parleront, n'en doutez nullement. [La Fontaine, Fables]

    On parle, on en parle, se dit de bruits défavorables qui courent sur quelqu'un ou quelque chose. Je veux croire qu'au fond il ne se passe rien, Mais enfin on en parle, et cela n'est pas bien. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]

    En un autre sens, on en parle, se dit d'hommes ou de choses dont la réputation dure. De Troie en ce pays réveillons les misères, Et qu'on parle de nous ainsi que de nos pères ! [Racine, Andromaque] Combien d'hommes admirables et qui avaient de très beaux génies sont morts sans qu'on en ait parlé ! [La Bruyère, II] Charles IX, auteur de quelques vers, dont on n'aurait peut-être jamais parlé s'ils n'eussent été d'un souverain. [D'alembert, Ess. sur la soc. des g. de lett. Oeuv. t. III, p. 27, dans POUGENS] On parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps. [Béranger, Souv. du peuple]

    Il faut laisser parler le monde, ou, simplement, il faut laisser parler, c'est-à-dire il ne faut pas se mettre en peine de ce que le monde dit mal à propos.

    On en parle fort, c'est une chose qui fait le sujet de l'entretien public.

    On en parle diversement, se dit d'une action, d'un événement qui est raconté de différentes manières, ou d'une chose que les uns louent et que les autres blâment.

    C'est une femme, une fille dont on a parlé, c'est une femme, une fille dont la réputation n'est pas intacte.

    On en entendra parler, cela fera du bruit, de l'éclat dans le monde.

  • 17 Fig. Manifester ses sentiments par un autre moyen que par celui de la parole. Les muets parlent par signes. Vois-je pas vos bontés à mon aide paraître, Et parler dans vos yeux un signe qui me dit, Que c'est assez payer que de bien reconnaître ? [Malherbe, IV, 4] Tu lui parles du coeur, tu la cherches des yeux. [Racine, Andromaque] Votre trouble à Mathan n'a-t-il point trop parlé ? [Racine, Athalie] Astarté est femme ; elle laisse parler ses regards avec d'autant plus d'imprudence qu'elle ne se croit pas encore coupable. [Voltaire, Zadig, ou La destinée] Vous voyez quel effroi me trouble et me confond ; Il parle dans mes yeux, il est peint sur mon front. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] Après avoir entendu, avec quelque peine, un langage qui parle plus aux oreilles qu'aux yeux, nous en sentirons mieux les avantages d'un langage qui parle plus aux yeux qu'aux oreilles. [Condillac, Lang. calc : II, 16]
  • 18 Fig. Il se dit des choses inanimées qui ont ou qui semblent avoir une sorte de langage. La peinture parle aux yeux. Son visage parle. Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire. [Corneille, Horace] Car tout parle dans l'univers ; Il n'est rien qui n'ait son langage. [La Fontaine, Fables] Toutes choses parlent de Dieu à ceux qui le connaissent. [Pascal, Lettres] Vous me dites que je suis en peine de votre maigreur : je vous l'avoue ; c'est qu'elle parle et dit votre mauvaise santé. [Sévigné, 3. juill. 1677] Vous dites quelquefois que votre estomac vous parle ; vous voyez que votre tête vous parle aussi : on ne peut pas vous dire plus nettement que vous la cassez, que vous la mettez en pièces.... [Sévigné, 1er avr. 1689] Le coeur d'une grande reine, autrefois élevée par une si longue suite de prospérités, et puis plongée tout à coup dans un abîme d'amertume, parlera assez haut. [Bossuet, Oraisons funèbres] Hélas ! jusqu'au silence même Tout me parle de ce que j'aime. [Quin. Amad. II, 2] Venez, fuyez l'aspect de ce climat sauvage Qui ne parle à vos yeux que d'un triste esclavage. [Racine, Mithridate] Leurs postures suppliantes parlaient pour eux. [Fénelon, Télémaque] Ces deux grands yeux qui ne savent que voir, Auront d'abord une beauté nouvelle : Ils regardaient, Philis : ils parleront. [St-lamb. Pièc. fug. Épître A....]

    Les murailles parlent, c'est-à-dire il se trouve souvent des témoins des choses même les plus cachées.

    Il se dit de même des choses morales. On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant ; Tout ce qu'il a fait parle au moment qu'il m'approche ; Et sa seule présence est un secret reproche. [Corneille, Nicomède] De vos hauts faits pour vous laissez parler l'éclat. [Corneille, Pulchérie] Laissons, laissons parler mon chagrin et le vôtre. [Molière, Psyché] Et, quand la gloire parle, il n'écoute plus rien. [Racine, Alexandre le grand] L'honneur parle, il suffit ; ce sont là nos oracles. [Racine, Iphigénie en Aulide] Est-ce donc votre coeur qui vient de nous parler ? [Racine, ib. I, 3] C'est la nature qui parle, qui se fait sentir. [Fénelon, Télémaque] Elle laisse parler son coeur, elle s'abandonne à toute sa tendresse. [Massillon, Carême, Prière, 1] Quand l'amour veut parler, la raison doit se taire. [Regnard, Le joueur] Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera. [Marivaux, Les fausses confidences] Et tu n'y peux rester sans renier ton père, Ton honneur qui te parle et ton Dieu qui t'éclaire. [Voltaire, Zaïre] L'humanité vous parle ainsi que votre père. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] La mort de l'un et de l'autre a fait taire l'amitié et la haine, et ne laisse plus parler que la justice. [D'alembert, Élog. Crébillon.] Un repentir tardif vous parle et vous éclaire. [Chénier M. J. Charles IX, v, 3]

    Cela parle de soi, cela parle tout seul, ou, la chose parle d'elle-même, c'est-à-dire cela se comprend sans qu'il soit besoin de l'expliquer. Allez, indigne époux, le fait parle de soi. [Molière, L'amphytrion] Cela parle tout seul : voici la suite. [Sévigné, 591] Si les paroles nous manquent, si les expressions ne répondent pas à un sujet si vaste et si relevé, les choses parleront assez d'elles-mêmes. [Bossuet, Oraisons funèbres] Rosine : C'est par pure amitié tout ce que je fais. - Figaro : Cela parle de soi ; tudieu ! l'amour a bien une autre allure. [Beaumarchais, Le barbier de Séville, ou La précaution inutile]

    La vérité parle par sa bouche, ce qu'il dit est rempli de vérité. L'indulgente vertu parle par votre bouche. [Voltaire, Alzire, ou Les américains]

  • 19Expliquer sa pensée par écrit. Les auteurs qui ont parlé de ce sujet. De quoi vous parle-t-il dans sa lettre ? Comme parle l'apôtre. [Fléchier, Sermons de morale]

    Parler dans un contrat, parler au contrat, déclarer sa volonté dans un contrat, intervenir au contrat, s'obliger par le contrat.

  • 20Il se dit de ce qui est exprimé dans un écrit. La loi est formelle là-dessus et parle très clairement. L'ordonnance avec soi porte sa fin expresse ; C'est à nous qu'elle parle, à nous qu'elle s'adresse. [Rotrou, Antigone] Vous diriez, à entendre parler l'Écriture, que Jésus-Christ.... [Bourdaloue, Myst. Circonc. t. I, p. 55]
  • 21On dit que les tuyaux d'un orgue parlent bien, pour exprimer que le son est juste, clair et net.

    On le dit aussi de quelques autres instruments. Vous avez Dracon le joueur de flûte.... c'est une chose infinie que le nombre des instruments qu'il fait parler. [La Bruyère, III]

    Voilà une note qui ne parle pas, se dit d'une touche de piano qui est muette.

  • 22 Terme de vénerie. Aboyer. Le limier ne parle pas.

    Parler aux chiens, allonger les mots, et, pour ainsi dire, les chanter, afin d'exciter les chiens à la chasse. Terme de jeux. Dire ce que l'on veut faire sur le coup qui se joue, ou, au piquet, dire ce qu'on veut compter. C'est à vous à parler.

  • 24Faire parler quelqu'un, tirer de lui ce qu'il sait. Ils tâchaient de me faire parler. [Fénelon, Télémaque]

    Fig. Il [un auteur né copiste] doit éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux.... que le coeur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures. [La Bruyère, I]

    Par forme de menace. Ne me faites pas parler, craignez que je ne dise des choses qui ne seraient pas à votre avantage.

    Faire parler, mettre un langage dans la bouche de. Ne faites point parler vos acteurs au hasard, Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard. [Boileau, L'art poétique] Cet autre, abject en son langage, Fait parler les bergers comme on parle au village. [Boileau, ib. II]

    Fig. Faire parler quelqu'un, lui prêter des paroles, des discours. Pourquoi faut-il au moins que, pour me consoler, L'ingrat ne parle pas comme on le fait parler ? [Racine, Bajazet] Non, ce n'est pas lui qui parle ainsi ; c'est ainsi qu'on le fait parler. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]

    On m'a fait parler, on m'a prêté des discours que je n'ai pas tenus.

    Fig. Faire parler, se dit des choses inanimées auxquelles on prête un langage. Savoir faire parler et son front et ses yeux. [Rotrou, Venceslas] Elle aura devant lui fait parler ses douleurs. [Racine, Bajazet] Je devrais faire ici parler la vérité. [Racine, Phèdre] Quoique Thomas Corneille eût pris son frère pour modèle, on voit que, malgré lui, il ne pouvait s'empêcher de chercher à suivre Racine quand il s'agissait de faire parler les passions. [Voltaire, Comm. Corn. Rem. Ariane, IV, 3]

    Faire parler à quelqu'un, procurer un entretien avec quelqu'un. Je lui conseille comme la vieille femme, de prier Sa Majesté de la faire parler à M. Colbert. [Sévigné, 311]

    Faire parler, être cause de bruits qui se répandent. Assez de sots sans moi feront parler la ville. [Boileau, Satires]

    Faire parler de soi, se faire une réputation bonne ou mauvaise. Et comme elle recommençait à faire parler d'elle.... [Patin, Nouvelles lettres choisies] Et, de la maison de la Prudoterie, il y a plus de trois cents ans qu'on n'a pas remarqué qu'il y ait eu une femme, Dieu merci, qui ait fait parler d'elle. [Molière, George Dandin]

    Cet homme n'a point fait parler de lui, il n'a rien fait qui lui ait donné de la réputation.

    Cette femme n'a jamais fait parler d'elle, elle a toujours eu une conduite régulière, elle n'a jamais donné prise à la médisance.

  • 25 vt Dire, prononcer. Je vous demande, ce que je parle avec vous, ce que je vous dis à cette heure, qu'est-ce que c'est ? [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Si un animal.... parlait par esprit ce qu'il parle par instinct, pour la chasse et pour avertir ses camarades que la proie est trouvée ou perdue. [Pascal, Pensées]

    Prononcer comme on parle. Je rirais d'un homme qui voudrait sérieusement parler mon ton de voix, ou me ressembler de visage. [La Bruyère, I] À l'égard des acteurs, j'oserais presque dire que la pièce [les Guèbres] n'en a pas besoin ; c'est une tragédie qu'il faut plutôt parler que déclamer. [Voltaire, Correspondance]

  • 26S'exprimer en une langue. Il parle français et italien. Il parle l'allemand. Il parle plusieurs langues. Je me plais à répéter ces paroles [de dévotion, chez la princesse Anne].... et je voudrais ne parler plus que ce langage. [Bossuet, Oraisons funèbres] L'évêque de Meaux a créé une langue que lui seul a parlée. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Fig. Parler un langage, s'exprimer d'une certaine façon. Je sais qu'un empereur doit parler ce langage. [Corneille, Tite et Bérénice] On l'entend, mes pères, ce langage de votre école ; et c'est une chose étonnante que vous ayez le front de le parler si haut. [Pascal, Les provinciales] Chaque passion parle un différent langage. [Boileau, L'art poétique] Il vous est utile qu'un homme sans intérêt et sans conséquence vous parle en secret un langage dur. [Fénelon, Télémaque] J'ai compris.... comment sa plume devait mieux que sa langue parler le langage des passions. [Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues]

    Parler français, voir FRANÇAIS, n° 3.

    Parler chrétien, parler clairement, sans ambiguïté. Par ma foi.... il faut parler chrétien, si vous voulez que je vous entende. [Molière, Les précieuses ridicules]

    Fig. Parler grec, bas-breton, haut-allemand, s'exprimer d'une façon inintelligible.

    Parler gascon, parler normand, parler français avec un accent gascon, normand.

    Familièrement. Parler phébus, s'exprimer avec emphase, en termes ampoulés.

  • 27S'entretenir de. Parler géométrie, musique, peinture. Parler affaires. Ore [tantôt] ils parlaient soldat, et ore citoyen. [Régnier, Satires] Et sans parler curé, doyen, chantre ou Sorbonne.... [Régnier, ib. X] Moi, j'irais me charger d'une spirituelle, Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle. [Molière, L'école des femmes] Parler affaires, c'est en faire son unique objet ; au lieu que parler d'affaires n'exclut pas tout autre objet dont on voudrait parler par occasion. [Condillac, Gramm. I, 13] Je parlerai belles-lettres une autre fois ; je ne parle aujourd'hui que tristesse et tendresse. [Voltaire, Correspondance] À parler sentiment son mérite consiste. [Desmahis, l'Impertinent, sc. 2] J'osais vous parler bataille, Et chanter nos fiers soldats. [Béranger, Plus de pol.]

    Parler chicane, s'exprimer en termes de procès, parler de procès.

    Parler raison, parler raisonnablement, sagement.

    Parler raison, signifie aussi quelquefois se mettre à la raison. Voilà parler raison.

    Parler Voiture, parler comme Voiture. [Richelet] Et voilà qu'on la chasse avec un grand fracas, à cause qu'elle manque à parler Vaugelas. [Molière, Les femmes savantes]

    Avoir sans cesse à la bouche. Il faut laisser Aronce parler proverbe. [La Bruyère, v.]

  • 28Au passif et impersonnellement. Vous voulez que j'en écrive dans la même liberté qu'il en fut parlé. [Guez de Balzac, Entretien 18] Dans les traités il n'est point parlé d'eux. [Corneille, Médée]

    Il en est fort parlé dans le monde, se dit d'une chose qui fait l'objet de l'entretien public.

    Il en sera parlé, cela fera du bruit, de l'éclat dans le monde.

    Il en sera parlé à jamais, la postérité en conservera le souvenir.

  • 29Se parler, vpron Être parlé. La langue française se parle au Canada.

    Impersonnellement. Il se parle de, on parle de. En vérité, est-ce là une question entre les chrétiens [de parler de Jésus-Christ, homme], et peut-on parmi eux chercher un état où il ne se parle pas de Jésus-Christ ? [Bossuet, Instructions sur les états d'oraison] Les histories seront abolies avec les empires, et il ne se parlera plus de tous ces faits éclatants dont elles sont pleines. [Bossuet, Oraisons funèbres] Il ne se parlait que de liberté dans ces assemblées. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

  • 30Généralement parlant, loc. adv. à prendre la chose en général. Toutes les choses, généralement parlant, qui sont comprises dans l'objet de la géométrie spéculative. [Descartes, Méditations]

    Humainement parlant, en parlant comme un homme. Il semble, humainement parlant, que ce soit le climat qui a prescrit des bornes à la religion chrétienne. [Montesquieu, L'esprit des lois]

  • 31Sans parler de, indépendamment de.

PROVERBES

Il parle latin devant les cordeliers, il parle d'une chose à un homme qui la sait fort bien.

Quand les ânes parleront latin, se dit pour indiquer un temps fort éloigné.

Il est aisé de parler, mais il est malaisé de faire.

Trop gratter cuit, trop parler nuit.

De l'abondance du coeur la bouche parle, nous parlons surtout de ce qui nous touche le plus.

Qui parle du loup le tient par la queue, quand on parle du loup on en voit la queue, se dit quand quelqu'un arrive dans une compagnie où l'on parlait de lui.

Il y a un temps de parler et un temps de se taire.

REMARQUE

1. Parler mal et mal parler sont deux expressions différentes : parler mal, c'est manquer aux principes de la grammaire ; mal parler, c'est dire des paroles offensantes, médire. Mais les écrivains n'ont pas observé scrupuleusement cette distinction. D'ailleurs il faut remarquer qu'aux temps simples mal se met toujours après le verbe : Cet homme parle mal, il s'exprime incorrectement ; il parle mal de vous, il en dit du mal.

2. Trouver à qui parler, signifie que nous trouvons des gens qui nous répondent, qui nous rabattent le caquet. Trouver avec qui parler signifie que l'on trouve des gens avec qui l'on peut s'entretenir.

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