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patron, onne [1]

nm et nf (pa-tron, tro-n')
  • 1 Terme d'antiquité. Chez les Romains, le maître à l'égard de l'affranchi, le protecteur à l'égard du client. Sous les noms séduisants de patrons et de pères Ils [les patriciens de Rome] affectent des rois les démarches altières. [Voltaire, Brutus] Cette admirable institution des patrons et des clients fut un chef-d'oeuvre de politique et d'humanité. [Rousseau, Du contrat social, ou Principes du droit politique]

    S'est dit, sous les empereurs romains, des citoyens qui faisaient métier de plaider devant les tribunaux.

  • 2Celui, celle qui sert de protection, d'appui ; celui, celle qui s'intéresse à notre fortune et qui cherche à la pousser. La cour fit une peur épouvantable à Mme de Montbazon, qu'on savait être la patronne de la Boulaye. [Retz, III, 28] Il s'était porté pour patron des Irlandais opprimés. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont] D'ailleurs ne dit-on pas : telles gens, tel patron ; Et dès que je le sers, peut-il être un poltron ? [Piron, La métromanie, ou Le poète] David Hume, étroitement lié à Paris avec vos messieurs, sans oublier les dames, devient, on ne sait comment, le patron, le zélé protecteur, le bienfaiteur à toute outrance de Jean-Jacques. [Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues] Un eunuque au front noir est le patron d'Athènes [avant l'indépendance]. [P. Lebrun, Voir de Grèce, III, 5]
  • 3Saint, sainte, dont on porte le nom. C'est le jour de mon saint patron que je vous écris. [Bossuet, Lett. abb. 32] Quel moyen de s'appeler Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur ?... qu'elle [la multitude] s'approprie les douze apôtres, leurs disciples, les premiers martyrs (telles gens, tels patrons).... pour nous autres grands, ayons retours aux noms profanes.... [La Bruyère, IX]

    Saint, sainte, à qui une église est dédiée ou qui protège particulièrement une ville, un pays, etc. Notre-Dame de Bon Secours, patronne des mariniers. Saint Denis, patron de la France. Sainte Geneviève, la patronne de Paris. Cette opinion [que les Moscovites n'avaient pu être vaincus que par un pouvoir surnaturel] fut si générale, que l'on ordonna à ce sujet des prières publiques à saint Nicolas, patron de la Moscovie. [Voltaire, Histoire de Charles XII] Le moine Lazare, digne de devenir le patron des peintres. [Chateaubriand, Le génie du christianisme, ou Les beautés de la religion chrétienne]

    Fig. Personnage sous qui on se met, bien qu'il ne soit pas un saint. Job, un de mes patrons, dit que l'homme est né pour travailler, comme l'oiseau pour voler. [Voltaire, Correspondance] Et mon patron à moi, c'est le joyeux Chapelle. [Collin D'harleville, Artistes, I, 3]

    Fig. Il se dit aussi de celui qui donne crédit, autorité à quelque chose. Je porte une infinité de remèdes bons ou mauvais.... il n'y en a pas un qui n'ait son patron et qui ne soit la médecine de mes voisins. [Sévigné, 6 sept. 1675]

  • 4 Familièrement. Le maître d'une maison. Où est le patron ? La fortune cruelle A ramené des champs le patron de la belle. [Molière, L'école des femmes]

    On dit dans le même sens : le patron de la case ; ce qui s'applique aussi à un homme qui, sans être le maître d'une maison, y a tout pouvoir. Le Génois, qui devint à son tour le patron de la case. [Lesage, Guzman d'Alfarache] Sur les deux ou trois cents invités, il n'en est aucun qui n'ait un rôle à jouer pour les patrons de la case, les plus francs égoïstes que le siècle ait créés. [Musset-pathay, Contes histor. p. 58]

  • 5Dans l'industrie, nom que les ouvriers donnent au maître de l'établissement. Le patron est sorti. Querelles des ouvriers avec les patrons.
  • 6Patron se dit aussi, par manière de qualification amicale, à un homme d'un rang inférieur. Bonjour, patron.
  • 7 Terme de marine. Patron d'une chaloupe, quartier-maître ou contre-maître chargé du commandement d'une embarcation.

    Anciennement, patron de galère, homme pratique qui conduisait la galère et en était le capitaine marin, sous l'autorité du capitaine militaire. Je suis empereur, lui dit-il [Théophile à sa femme Théodora], et vous me faites patron de galère. [Montesquieu, L'esprit des lois]

    Dans l'ancienne Venise, patron du port, plébéien qui dirigeait les affaires du port. Votre prédécesseur, mais non pas votre égal, Me fit patron du port et chef de l'arsenal. [Delavigne, Mar. Fal. I, 8]

    Fig. Il est le patron de la barque, c'est-à-dire c'est lui qui a le plus de crédit dans une société, dans une affaire, etc.

  • 8Galère patronne, ou, simplement, la patronne, galère que, dans l'escadre des navires de son espèce, montait le lieutenant général ou celui qui avait le commandement après le chef d'escadre ; elle avait le second rang, la réale ayant le premier ; elle tenait entre les galères le même rang que le vice-amiral entre les vaisseaux de haut bord. La patronne n'était que la troisième galère des États maritimes qui avaient une capitane, outre la réale.
  • 9Titre d'une dignité princière, dans quelques villes, au moyen âge. Patron de Salonique.
  • 10Dans le Levant, le maître à l'égard de l'esclave. Réduit en esclavage, il eut le bonheur d'avoir pour patron un homme compatissant.
  • 11Autrefois, le prélat ou le seigneur laïque qui nommait à un bénéfice. Le roi est patron de toutes les églises cathédrales et collégiales, des abbayes et des monastères, s'il n'y a point de titre au contraire. [Fevet, De l'abus, ch. 8, dans RICHELET]

    Patron d'une église, celui qui avait bâti, fondé ou doté une église.

  • 12Cardinal patron s'est dit, à la cour de Rome, du cardinal qui gouvernait comme premier ministre.
  • 13Nom qu'on a d'abord donné à la giberne. On disait aussi la patronne (c'est de là que cartouche se dit en allemand Patrone).
  • 14Patron des maréchaux et des charbonniers, la mésange charbonnière.
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