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perte

nf (pèr-t')
  • 1Privation de quelque chose d'avantageux, d'agréable. La perte de nos biens et de nos libertés. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Nous sommes très sensibles à la perte que vous allez faire de votre aimable Comtat. [Sévigné, 584] Ô homme, ne te trompe pas.... les pertes et les ruines entrent par trop d'endroits dans la fortune des hommes pour pouvoir être arrêtées de toutes parts. [Bossuet, Sermons] À la vue de la perte prochaine d'un grand bien, il se forme naturellement sur le visage des caractères de rage et de désespoir. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] Il n'y a qu'une affliction qui dure, qui est celle de la perte des biens. [La Bruyère, VI]

    Privation parce qu'on a égaré, perdu. Celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose, peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour de la perte ou du vol.... [Code Napoléonien]

    Il se dit aussi de la privation de l'esprit, du sommeil, etc. La perte des forces. La perte totale du sommeil me livre aux plus tristes idées. [Rousseau, Correspondance]

  • 2Particulièrement, se dit des personnes dont on est privé par la mort. La perte d'un époux ne va point sans soupirs. [La Fontaine, Fables] Je ne pouvais faire dans l'amitié une plus grande perte [que celle de Mme de Lavardin] ; je la sens très vivement. [Sévigné, 10 avr. 1691] Vous parlerai-je de ses pertes et de la mort de ses chers enfants ? [Bossuet, Oraisons funèbres] Qui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse, en mourant, un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ? [La Bruyère, II] Nos pères ont été heureux de passer leur vie sous un si bon roi ; pour nous, nous ne l'avons vu que pour sentir sa perte. [Fénelon, Télémaque] Mme Geoffrin est réellement une perte ; je ne crois pas qu'elle soit de mon âge ; mais la mort consulte rarement les extraits baptistaires. [Voltaire, Correspondance]

    Ma perte, la perte que j'ai faite. C'est tout ce que je puis, seigneur, après ma perte, Elle est irréparable. [Corneille, Sertorius]

    Je prends part à la perte que vous avez faite, voir PART 2.

  • 3 Terme de marine. Destruction. Il y a perte d'un navire, lorsque ce navire fait naufrage, se perd ou périt.
  • 4Portion perdue en choses, en argent, en espace, etc. Il y aura de la perte dans la coupe de cet habit, dans la taille de ce bois, de cette pierre, de ce marbre. Quand on range, on dit aussi qu'il y a de la perte, quand on perd de la place. Il est, dans ce commerce, tous les ans en perte de tant. Ce qu'on a le plus désiré diminue de prix dès qu'on l'obtient, et les choses ne passent pas de notre imagination à la réalité sans qu'il n'y ait de la perte. [Fontenelle, Dial. des morts mod. 9]

    Être en perte d'une somme, l'avoir perdue.

    Absolument. Depuis longtemps il était toujours en perte.

  • 5Se dit, au jeu, de ce qui passe entre les mains de l'adversaire. Une perte de dix mille francs. Ces petites pertes fréquentes sont comme les petites pluies qui gâtent bien les chemins. [Sévigné, 32] Un jeu effroyable, continuel.... où l'on est transporté du désir du gain, désespéré sur la perte.... [La Bruyère, VI]

    Se retirer sur sa perte, quitter le jeu quand on perd ; et fig. Se retirer du monde ou des affaires après un mauvais succès.

  • 6On le dit des hommes tués et blessés dans les batailles. Le Maure voit sa perte, et perd soudain courage. [Corneille, Le Cid] La vue des pertes de l'ennemi ne consolait pas ; elle n'était pas double de la nôtre, et leurs blessés seraient sauvés ; on se rappelait d'ailleurs que, dans une pareille position, Pierre Ier, en sacrifiant dix Russes contre un Suédois, avait cru non-seulement ne faire qu'une perte égale, mais même gagner à ce terrible marché. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

    Être repoussé avec perte, en parlant d'une troupe, reculer en laissant des morts, des blessés ; et fig. avoir le désavantage dans une discussion.

  • 7Il se dit de ce qui s'échappe et se perd par des pertuis. [Dans un canal] les pertes d'eau dues aux filtrations. [Girard, Instit. Mém. scienc. 1821 et 1822, t. v, p. 27]

    La perte du Rhône, le lieu où il s'enfonce dans un trajet souterrain, pour reparaître plus loin ; on dit aussi perdition. Il [le Rhône] a pénétré dans ces rochers beaucoup plus avant que dans les terres ; il les a même creusés au point de se cacher et de disparaître entièrement ; c'est là ce qu'on appelle la perte du Rhône. [Saussure, Voir aux Alpes, t. II, p. 60, dans POUGENS]

  • 8Perte de sang, ou, absolument, perte, écoulement de sang, chez les femmes, irrégulier et abondant (en termes techniques, métrorrhagie, hémorrhagie utérine). Vous savez tout ce que la fortune a soufflé sur la duchesse de Fontanges ; voici ce qu'elle lui garde : une perte de sang si considérable qu'elle est encore à Maubuisson, dans son lit, avec la fièvre qui s'y est mêlée ; elle commence même à enfler. [Sévigné, 422]

    Perte blanche, la leucorrhée.

    Pertes séminales, émission involontaire du sperme.

  • 9Ruine en ce qui regarde le gouvernement, la fortune, la réputation, les moeurs, etc. Ce serait la perte des affaires, de l'État. La perte de son crédit, de sa fortune. J'attends la liberté qu'ici tu m'as offerte, Afin de l'employer tout entière à ta perte. [Corneille, La mort de Pompée] Misérable, tu cours à ta perte infaillible. [Racine, Phèdre] Les jeunes gens quelquefois se passionnent pour l'étude ; c'est la perte assurée de quiconque aspire aux emplois de la littérature, c'est la mort à tout avancement. [Courier, Lettres de France et d'Italie]

    Jurer, résoudre la perte de quelqu'un, jurer, résoudre sa mort, sa ruine. Les dieux ont résolu sa perte. [Fénelon, Télémaque]

  • 10 Terme de théologie. La perte de l'âme, la damnation éternelle. Que devons-nous éviter avec plus de soin que la perte entière de nous-mêmes et une perte irréparable ? [Bourdaloue, Serm. 19e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. IV, p. 185] Il y a des hommes qui sont mal logés.... plus mal nourris.... et qui ont ainsi trouvé le secret d'aller à leur perte par le chemin le plus pénible : ce sont les avares. [La Bruyère, XI]
  • 11Mauvais succès, issue fâcheuse d'une affaire, etc. La perte d'une gageure, d'une partie de jeu, d'un procès, d'une bataille. Et nos deux frères morts.... Sont trop payés de sang pour exiger des larmes : Quand la perte est vengée, on n'a plus rien perdu. [Corneille, Horace] Perte sur perte est importune. [Corneille, Agésilas] Toutes les fois qu'une hérésie l'a diminuée [l'Église], elle a réparé ses pertes, et en s'étendant au dehors, et en augmentant au dedans la lumière et la piété. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]
  • 12Mauvais ou inutile emploi d'une chose. Voilà une grande perte de temps. La perte des occasions.
  • 13À perte, loc. adv. Avec perte, en perdant. Vendre à perte.

    Travailler à perte, se dit d'une usine dont les produits ne suffisent pas à payer un intérêt pour les actions, et à créer un fonds d'amortissement.

  • 14À perte de vue, loc. adv. voir VUE.
  • 15À perte d'haleine, jusqu'à ne pouvoir plus respirer. Courir à perte d'haleine.
  • 16En pure perte, loc. adv. Sans utilité, sans résultat. Il y a de certaines philosophies qui sont en pure perte, et dont personne ne nous sait gré. [Sévigné, 28 juill. 1677] Ils n'aiment pas à donner en pure perte des louanges. [Massillon, Petit carême] Qui l'aurait dit en ces jours pleins de charmes, Qu'en pure perte on cultivait ses moeurs ? [Gresset, Ver-Vert]

    On dit aussi à pure perte. Ce que je dirais dans une adhésion aux censures.... je le dirais à pure perte. [Fénelon, Lett. au card. de Noailles, 8 juin 1697] La prévoyance a toujours gâté chez moi la jouissance, j'ai vu l'avenir à pure perte : je n'ai jamais pu l'éviter. [Rousseau, Les confessions]

+

PERTE.
16Ajoutez :

En pure perte, s'est dit d'une troupe auxiliaire qui vit à discrétion et aux dépens de l'habitant. Je viens d'établir dans les Cévennes le quartier d'hiver en pure perte, c'est-à-dire y causer une grande désolation. [Boislisle, Correspond. contrôl. gén. 1686, p. 88]

17 Terme de jeu de billard. Action de se perdre, de mettre sa propre bille dans une blouse.
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