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placer [1]

vt (pla-sé. Le c prend une cédille devant a et o ; plaçant, plaçons)
  • 1Mettre dans une place, dans un lieu, en parlant des personnes. Où placerez-vous tout ce monde-là ? ...La garde au dedans par Sillace est placée. [Corneille, Suréna] Je ferais bien de vous dire.... ce que je souffre tous les jours quand je fais réflexion en quel endroit la Providence nous a placées pour la passer [la vie]. [Sévigné, 10 juin 1671] Et déjà les galants chasseurs Ont fait placer sur des feuillées Les dames de neuf habillées. [Perrault, Chasse, dans RICHELET] C'est dans cette troupe innocente et pure [les âmes chéries de Dieu] que la reine a été placée. [Bossuet, Oraisons funèbres] Quoiqu'il [Paul Véronèse] ait placé des pères bénédictins et des soldats suisses dans des sujets de l'Ancien Testament. [Voltaire, Ess. poés. ép. VI]

    Absolument. Indiquer les places dans une cérémonie, dans une assemblée. Il fut chargé de placer.

    Il se dit de la place dans le temps. On reproche à l'auteur d'avoir dit que le grand Condé mourut à Chantilly en 1680 ; cela n'est pas vrai ; l'auteur place cette mort en 1686, non pas à Chantilly, mais à Fontainebleau. [Voltaire, Fragm. hist. XX]

  • 2Il se dit aussi des choses que l'on met dans un lieu. Placer des meubles dans un appartement. Lévite, il faut placer, Joad ainsi l'ordonne, Le glaive de David auprès de la couronne. [Racine, Athalie]
  • 3Au jeu de paume, placer bien la balle, pousser la balle avec la raquette, afin qu'elle aille frapper l'endroit qu'on veut. Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume, c'est une même balle dont on joue l'un et l'autre ; mais l'un la place mieux. [Pascal, Pensées]

    On dit dans le même sens : Ce joueur place bien son coup.

    Terme de manége. Placer un homme à cheval, le mettre à cheval dans la position où il doit être.

    Placer un cheval, le maintenir en équilibre dans tous les mouvements qu'on lui fait exécuter, ou, simplement, le mettre dans une certaine position pour le faire voir.

    À l'escrime, placer bien son coup, porter une botte avec adresse et sûreté.

  • 4 Fig. Faire entrer dans une maison, dans une famille. Il a bien placé sa fille. Non, elle n'était heureuse ni pour avoir placé auprès d'elle la princesse Anne, sa chère fille, ni pour l'avoir placée dans une maison où tout est grand. [Bossuet, Oraisons funèbres] Tibère, que l'hymen plaça dans sa famille. [Racine, Britannicus]

    Procurer un poste, un emploi, un établissement. Quelle majesté n'observent-ils pas [les riches] à l'égard de ces hommes chétifs [les savants] que leur mérite n'a ni placés ni enrichis ! [La, Bruy. VI] Si ceux qu'on appelle gens d'honneur n'en connaissent plus d'autre que celui d'être riches pour être placés, ou placés pour s'enrichir. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes] J'ai placé deux de mes frères, Mes trois fils ont de l'emploi. [Béranger, Ventru.]

    Placer un domestique, lui procurer une condition. Je pourrais, par Chloé, te placer chez Valère. [Gresset, Le méchant] Cette dame qui se mêle de faire des mariages et de placer des domestiques dans les maisons. [Legrand, Métamorph. sc. 4]

  • 5Placer de l'argent, le prêter à intérêt. Ceux qui, sans courir les risques de la mer, veulent tirer quelque profit de leur argent, le placent ou chez les banquiers, ou chez d'autres personnes, à douze pour cent par an, ou plutôt à un pour cent à chaque nouvelle lune [à Athènes]. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis]

    Placer de l'argent, se dit aussi de l'emploi qu'on en fait pour en retirer une rente. J'ai placé mon bien à fonds perdu, en une terre.

  • 6 Terme de commerce. Faire le placement, opérer le débit, la vente. Placer des denrées, des étoffes, des articles de commerce. Placer un ouvrage littéraire.

    Dans un sens analogue, placer des billets de loterie, des billets de spectacle.

  • 7 Fig. Donner un rang, une position. Ses vertus le placent parmi les plus honnêtes citoyens de la ville. Sa disgrâce et ton crime Ont placé dans mon coeur ce héros magnanime. [Racine, Alexandre le grand] Dans le vulgaire obscur si le sort l'a placé [un enfant], Qu'importe qu'au hasard un sang vil soit versé ? [Racine, Athalie] Il [Antoine roi de Navarre] ne mérite d'être placé dans l'histoire que parce qu'il fut le père du grand Henri IV. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII]

    Placer dans un testament, faire un legs. L'abbé de Chateauneuf.... à qui je dois d'avoir été placé dans le testament de Ninon. [Voltaire, Mél. hist. Nouv. doutes testament Richelieu.]

  • 8Il se dit des choses auxquelles on attribue, par métaphore, une place qui n'est qu'idéale. Le philosophe place le bonheur dans la vertu. La Garde, qui revient à Paris, ne saurait-il placer son voyage utilement pour nous ? [Sévigné, 4 nov. 1676] Je plaçai ma saignée brusquement, selon le besoin de mes affaires plutôt que sur celui de ma santé. [Sévigné, 10 juill. 1675] Je dis à M. le Prince en courant : Ah ! que je plains ceux qui ne sont pas ici [à la représentation d'Esther] ! il m'entendit, et tout cela était si pressé, qu'il n'y avait pas moyen de placer une pensée. [Sévigné, 28 fév. 1689]

    Placer un mot, un propos, etc. le dire dans un moment où il peut produire de l'effet. Elles [les femmes] sont heureuses dans le choix des termes qu'elles placent si juste, que, tout connus qu'ils sont, ils ont le charme de la nouveauté. [La Bruyère, I]

    Placer un mot, dire quelques paroles. Il y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n'a pas même de quoi écouter. [La Bruyère, VII]

    Placer un nom sur un visage, dire le nom de la personne que l'on voit. Je n'ai pas le don de placer si juste les noms sur les visages : au contraire je fais tous les jours mille sottises là-dessus. [Sévigné, 29]

    Placer bien, placer en bon lieu son amitié, son affection, sa confiance, les donner à des personnes qui en sont dignes. Il lut le livre, aima l'auteur, et apprit à mieux placer sa confiance. [D'alembert, Éloges, Montesquieu.]

    Placer bien ses grâces, ses faveurs, choisir des personnes de mérite pour leur accorder des grâces, des faveurs.

    Placer bien ses charités, ses aumônes, les faire à des personnes qui les méritent.

  • 9Se placer, vpron Prendre une place. Je ne savais que devenir, ni où me placer. [Marivaux, Le paysan parvenu]

    Terme de manége. Se placer à cheval, être placé à cheval, y être dans une bonne et belle position.

  • 10Être mis en une certaine ordonnance. Mes mots viennent sans peine et courent se placer. [Boileau, Satires]

    Se mettre en une certaine place. L'ombre de Conradin sanglant, percé de coups, Terrible, vous repousse et se place entre nous. [Delavigne, Les vêpres siciliennes]

  • 11Prendre un rang. Parmi tant de héros je n'ose me placer. [Racine, Britannicus]

    Obtenir un emploi, une dignité. Quelque grande difficulté qu'il y ait à se placer à la cour, il est encore plus âpre et plus difficile de se rendre digne d'être placé. [La Bruyère, VIII] Il y a même des stupides et, j'ose dire, des imbéciles qui se placent dans de beaux postes, et qui savent mourir dans l'opulence. [La Bruyère, VI] Dans les guerres civiles.... ceux qui ont du mérite se font jour ; chacun se place et se met à son rang ; au lieu que, dans les autres temps, on est placé, et on l'est presque toujours de travers. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]

    Entrer en condition dans une maison pour quelque travail, quelque service. L'une des deux, pour se tirer d'une extrême misère, cherche à se placer ; elle entre au service d'une fort grande dame.... [La Bruyère, VI]

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