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poste [1]

nf (po-st')
  • 1Établissement de chevaux, placé de distance en distance pour le service des voyageurs. Chevaux de poste. Chaise de poste. Afin que les ordres du prince pussent être portés avec plus de diligence, Cyrus établit d'espace en espace des postes où des courriers qui marchaient jour et nuit trouvaient des chevaux tout prêts et, par ce moyen, faisaient une diligence incroyable. [Rollin, Histoire ancienne] L'établissement des postes en France date du mois de juin 1474, sous le règne de Louis XI ; le gouvernement profita des relais et messagers qu'avait établis l'université de Paris dans toutes les provinces du royaume, au moyen desquels elle entretenait des correspondances avec les familles qui y envoyaient leurs enfants. [Gouin, Ess. hist. sur les postes, p. 1, 1823]

    Maître de poste, celui qui, moyennant certains avantages, fournit des relais aux voitures de l'administration des postes. Jusqu'au moment de la Révolution, les maîtres de poste ont joui des priviléges qui leur avaient été accordés par nos rois ; ils consistaient dans l'exemption de la taille sur cent arpents de terre qu'ils faisaient valoir comme propriétaires ou comme locataires ; exemption de logements de guerre, de milice pour l'aîné de leurs enfants et le premier de leurs postillons. [Gouin, ib. p. 6]

  • 2La manière de voyager avec des chevaux de poste. La poste fatigue beaucoup. Il est venu de son armée en poste répondre lui-même. [Sévigné, 134] M. de la Feuillade a pris la poste, et s'en est venu droit à Versailles. [Sévigné, 206]

    Fig. En poste, avec une extrême rapidité. Ils vont bizarrement en poste à l'hôpital. [Régnier, Satires]

    On dit dans le même sens : prendre la poste. Voilà donc le bon homme enfin à sa seconde [femme], C'est-à-dire qu'il prend la poste à l'autre monde ; Un peu moins de deux mois le met dans le cercueil. [Corneille, Le menteur]

    Courir la poste, courir sur des chevaux de poste, ou en chaise avec des chevaux de poste. Laquelle est de toutes ces choses qui se pourra faire en courant la poste. [Malherbe, Sénèque, X]

    Fig. Courir la poste, aller un train de poste, marcher précipitamment, et, en général, faire trop vite. L'un va en tortue et l'autre court la poste. [Molière, L'amour médecin]

    On dit aussi : faire tout en courant la poste, faire tout à la hâte.

    Ce n'est pas une chose qui se fasse en courant la poste, c'est une chose qui demande du temps et du soin.

  • 3La maison où sont les chevaux de poste. Il n'a pu se procurer des chevaux à la poste.
  • 4Mesure de chemin ordinairement de deux lieues. Il y a six postes de telle ville à telle autre. Ne me retarde point de grâce ; Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer. [La Fontaine, Fables] Vous venez de courir quarante postes sans vous arrêter. [Campistron, l'Amante amant.] Poste trois quarts, huit francs soixante-quinze centimes ; tiens, voilà dix francs. [Scribe, le Tête à tête ou Trente lieues en poste, dans les Historiettes et proverbes]

    Fig. et dans le langage libre de la Fontaine. Plaisirs amoureux. Gaillardement six postes se sont faites. [La Fontaine, Berc.]

    Poste royale, poste qui se payait double à l'entrée et à la sortie de certaines villes et des lieux où est la cour.

  • 5Administration publique pour le transport des lettres. Vous jugez bien que je ne suis point en colère contre la poste. [Sévigné, 104] Votre lettre est venue par la poste. [Bossuet, Lett. abb. 50] Les conspirations dans l'État sont devenues difficiles, parce que, depuis l'invention des postes, tous les secrets des particuliers sont dans le pouvoir du public. [Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence] La poste est le lien de toutes les affaires, de toutes les négociations ; les absents deviennent par elle présents ; elle est la consolation de la vie. [Voltaire, Dictionnaire philosophique] Jamais le ministère qui a eu le département des postes n'a ouvert les lettres d'aucun particulier, excepté quand il a eu besoin de savoir ce qu'elles contenaient. [Voltaire, ib.] Je suis sûr que, si j'étais plus jeune, je verrais le temps où l'on pourrait écrire de Paris à Pékin par la poste, et recevoir réponse au bout de sept ou huit mois. [Voltaire, Correspondance] Voyons un peu sui le livre de poste où nous pourrons nous arrêter pour déjeuner. [Scribe, le Tête à tête ou Trente lieues en poste]

    Malle-poste, voir MALLE.

    Grande poste, celle qui porte les lettres dans les provinces et dans les pays étrangers.

    Petite poste, poste pour la distribution des lettres dans la ville et la banlieue ; elle fut établie en 1759, sous le ministère de M. de Silhouette. On paye au bureau de la petite poste pour faire faire des visites de bonne année, à deux sous la pièce ; le député est habillé de noir, l'épée au côté. [Lemierre, Fastes] (XVIIIe siècle, cela ne se fait plus).

    Poste restante, suscription qui indique qu'une lettre doit rester au bureau jusqu'à ce qu'on la réclame.

  • 6Le courrier qui porte les lettres. La poste vient d'arriver. Je ne comprends rien aux postes, elles sont déréglées, et ces gens si obligeants qui partent à minuit pour porter mes lettres, n'ont point assez de soin de me rapporter vos réponses. [Sévigné, 28] Je n'ai point de nouvelles de la Russie, vous pensez bien, Monseigneur, qu'on ne m'écrit pas toutes les postes. [Voltaire, Correspondance]
  • 7La maison, le bureau où l'on porte les lettres. Porter une lettre à la poste. Vendredi j'arrive à Laval, j'arrête à la poste ; je vois arriver justement cet honnête homme, cet homme si obligeant [l'employé].... qui m'apportait votre lettre. [Sévigné, 104]
  • 8Train-poste, voir TRAIN.

    Le bâtiment-poste, bâtiment destiné à faire le service de la correspondance et du transport des voyageurs entre deux ou plusieurs ports de mer.

    La poste aux choux, se dit, par plaisanterie, du petit canot qui va chercher les provisions, pendant le séjour en rade.

  • 9À sa poste, à sa disposition, à sa convenance (locution vieillie). J'avais songé en moi-même que ç'aurait été une bonne affaire de pouvoir introduire ici un médecin à notre poste, pour le dégoûter de son monsieur Purgon. [Molière, Le malade imaginaire] Dieu fasse paix au gentil Arioste, Et daigne aussi mettre en lieu de repos Jean la Fontaine auteur fait à la poste Du Ferrarois, adoptant ses bons mots. [Senecé, Camille.]

    À poste, c'est-à-dire à certains termes différents dont on est convenu (locution vieillie). Payer à poste. Acheter à poste.

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