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réserve

nf (ré-zèr-v')
  • 1Action de réserver. Dans ce contrat il a fait plusieurs réserves. Donation d'un bien sous réserve d'une pension. Ton intérêt dès lors fit seul cette réserve ; Tu m'as laissé la vie afin qu'elle te serve. [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] N'avez-vous pas quelque coin de réserve ? [La Fontaine, Berc.] Si le conseil général décide que ces réserves et limitations ne borneront plus sa puissance. [Rousseau, Lettres écrites sur la montagne]

    Commerce de réserve, spéculation qui consiste à acheter des marchandises quand elles sont abondantes et à bas prix, pour les revendre quand elles deviendront rares et chères.

    Faire la réserve, tricher à certains jeux de cartes, en faisant la distribution.

  • 2 Au pl. Choses réservées. Les réserves de sa terre montent plus haut que le fermage.
  • 3 Terme de jurisprudence. Réserve légale, portion de biens que la loi déclare non disponible, en la réservant à certains héritiers. Les héritiers au profit desquels la loi fait une réserve. [Code Napoléonien]

    Anciennement. Réserves coutumières, toutes les parts et portions que les coutumes assignaient aux héritiers ab intestat, dans les propres ou les autres biens.

    Réserve ecclésiastique, part réservée à celui des enfants qui avait reçu les ordres.

  • 4Réserves apostoliques, rescrits par lesquels les papes se réservaient la nomination et la collation de certains bénéfices vacants.
  • 5Application qu'on fait des cas réservés. Je vous avoue qu'à la vérité je ne sais pas bien si la réserve a lieu à l'égard des religieuses, et si, en cas qu'elle ait lieu, leurs confesseurs sont censés avoir les cas réservés à leur égard. [Bossuet, Lett. Alb. 44]
  • 6 Terme de liturgie. Saintes espèces conservées pour la communion des malades et des fidèles communiant aux messes où l'on n'a point consacré de petites hosties.
  • 7S. f. pl. Terme de jurisprudence. Protestations faites par une partie contre les inductions que l'on pourrait tirer d'un acte émané d'elle.

    Fig. Faire ses réserves, garder un dissentiment qu'on exprimera plus tard. Je vous écoute en faisant mes réserves ; nous discuterons plus tard.

  • 8Armée de réserve, ou, simplement, réserve, partie de l'armée qu'on n'appelle sous les drapeaux que quand les circonstances l'exigent.

    Corps de réserve, ou, simplement, réserve, troupes qu'on tient un jour de bataille, à distance de l'action, pour les diriger sur les points faibles ou menacés. Les Romains ont trouvé, ou ils ont bientôt appris l'art de diviser les armées en plusieurs bataillons et escadrons, et de former le corps de réserve. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]

  • 9Cadre de réserve, par opposition à cadre d'activité, cadre sur lequel sont portés les officiers généraux arrivés à un certain âge.

    Dans les villes de garnison, toute garde qui n'a pas de surveillance à exercer, et qui est réunie seulement pour attendre des ordres ; c'est ce qu'on nomme autrement piquet.

  • 10 Terme de marine. Un certain nombre de vaisseaux placés hors des lignes et destinés à secourir ceux qui en ont besoin, ou à remplacer ceux qui sont trop désemparés pour conserver leur poste.

    Vieux vaisseau qu'on fait servir, dans les ports, à certains usages.

  • 11 Terme de chasse. Canton de réserve, ou, simplement, réserve, canton qui est réservé pour celui à qui la chasse appartient.
  • 12Bois de réserve, ou, simplement, réserve, partie de bois qu'on laisse croître en futaie, et qu'on ne peut couper qu'après en avoir prévenu l'autorité compétente. Supprimant l'usage arbitraire des permissions, et établissant un temps fixe pour la coupe des réserves. [Buffon, Histoire naturelle générale et particulière]
  • 13 Terme de gravure par les acides. Dissolution de gomme laque ou de toute autre matière résineuse qui protége, réserve une portion de la planche.
  • 14S. f. pl. Terme de teinturier. Substances qu'on applique sur certaines parties des toiles, pour les empêcher de prendre la couleur bleue de la cuve d'indigo, et de manière à obtenir des dessins blancs ou colorés sur le fond bleu.
  • 15 Fig. Sorte de prudence qui nous retient de dire ou de faire. Il y a un autre Anglais qui vaut bien mieux que lui [Bolingbroke] ; c'est Hume, dont on a traduit quelque chose avec trop de réserve. [Voltaire, Correspondance] Vous vous tenez sur la réserve pour une mince explication avec moi ! [Collé, Part. de chasse de Henri IV, I, 6] Plus une femme a de réserve, plus elle doit avoir d'art, même avec son mari. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Les lettres de l'amant sont pleines de chaleur et de force, celles de Julie, de tendresse et de raison ; cependant il y en a quelques-unes où elle me semble manquer de réserve et de modestie. [D'alembert, Jug. Nouv. Hél.] La réserve n'est pas toujours une marque de défiance. [Riccoboni, Oeuv. t. IV, p. 294, dans POUGENS] Et la froide réserve au visage boudeur. [Delille, Les trois règles de la Nature] Il lui trouvait beaucoup de noblesse et de réserve dans les discours et dans le maintien, mais trop d'indulgence dans les opinions. [Staël, Corinne, ou l'Italie]

    N'avoir aucune réserve pour quelqu'un, lui tout dire, ne lui cacher aucun secret. Il n'y avait que le seul Mentor pour lequel il n'avait aucune réserve. [Fénelon, Télémaque]

  • 16À la réserve de, loc. prépos. à l'exception. Je vous supplie.... de faire en sorte que, s'ils [les Anglais] se convertissent de leurs autres hérésies, ce soit à la réserve de celle-ci [la bonne opinion qu'ils ont de moi]. [Guez de Balzac, Correspondance] Despréaux soutint les anciens à la réserve d'un seul moderne [Pascal]. [Sévigné, 614] À la réserve de mes mains et de quelque douleur par-ci, par-là.... je ne suis plus digne d'aucune de vos inquiétudes. [Sévigné, 8 mars 1676] À la réserve de quelques frontières inquiétées quelquefois par les voisins, tout le reste de l'univers jouissait d'une paix profonde. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] À la réserve de quelque ami qui en a été le ministre ou le témoin nécessaire [de ses aumônes], ses plus intimes confidents les ont ignorées. [Bossuet, Oraisons funèbres]

    À la réserve que, loc. conjonct. Je suis hors d'affaire, à la réserve que j'ai les bras, les mains, les jarrets, les pieds gros et enflés. [Sévigné, 31 janv. 1676]

  • 17Sans réserve, loc. adv. Sans faire exception ou restriction. J'obéis sans réserve à tous vos sentiments. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] N'ayant plus rien à craindre au dehors, il [le peuple] s'est abandonné sans réserve à sa passion. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle] Comme j'étais sans défiance, je m'exprimais sans réserve sur toutes les questions qu'ils jugeaient à propos de me faire. [Rousseau, Les confessions]
  • 18En réserve, loc. adv. à part, de côté. L'on a trouvé le nombre de lits, matelas, draps et couvertures que vous marquez par votre mémoire ; la ville en fournit quelques-uns qui étaient en réserve chez le receveur. [Bossuet, Lett. div. 4] La vente des vins et des blés qui restent donne un fonds qu'on laisse en réserve pour les dépenses extraordinaires. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

SYNONYME

RÉSERVE, RETENUE. La réserve est tant dans la conduite que dans les manières et le maintien. La retenue est seulement dans la conduite.

+

19D'après la nouvelle loi militaire, les hommes qui ont fait leur temps de service ou leur volontariat sous les drapeaux, et qui dès lors ne sont plus astreints que tous les deux ans à un mois d'incorporation dans un régiment, mais qui appartiennent à l'armée active où ils seraient rappelés en cas de guerre.
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