Voir les citations avec "railler"

railler

vt (râ-llé, ll mouillées, et non râ-yé)
  • 1Tourner en ridicule avec quelque acerbité. Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue. [Boileau, L'art poétique] Il y a de petits défauts qu'on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés : ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres. [La Bruyère, v.] Quand on est sage, on ne raille ni les grands, ni ceux qu'il y a danger de railler, ni ses amis, ni un ordre, ni une nation. [Thiers, Des jeux, ch. 4] Vous avez si souvent loué le célibat, Vous avez tant raillé, déploré la folie De tout homme d'esprit qui pour jamais se lie. [Destouches, Le philosophe marié] Je sais bien que je suis pauvre ; mais il n'est pas nécessaire de m'en railler, non plus que des secours qu'on a bien voulu me donner. [Marivaux, La Vie de Marianne, ou les aventures de Madame la comtesse de ***]

    Absolument. Il y a une manière de railler délicate et flatteuse qui touche seulement les défauts que les personnes dont on parle veulent bien avouer, qui sait déguiser les louanges qu'on leur donne sous des apparences de blâme, et qui découvre ce qu'elles ont d'aimable, en feignant de le vouloir cacher. [La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions morales] Votre petit esprit se mêle de railler. [Molière, Les femmes savantes] Pour badiner avec grâce et rencontrer heureusement sur les plus petits sujets, il faut trop de manières, trop de politesse, et même trop de fécondité : c'est créer que de railler ainsi, et faire quelque chose de rien. [La Bruyère, V] Et railla bien qui railla le dernier. [Lamotte, Fabl. IV, 6] Tous ceux que j'ai raillés vont railler à leur tour. [Destouches, Le philosophe marié]

  • 2 vi Il se dit des personnes qu'on raille. Vous savez que, dans les triomphes, les soldats ont accoutumé de railler avec leurs empereurs. [Voiture, Lettres] De choquer un auteur qui choque le bon sens, De railler d'un plaisant qui ne sait pas vous plaire, C'est ce que tout lecteur eut toujours droit de faire. [Boileau, Satires] Ne raillons point ici de la magistrature. [Racine, Les plaideurs]

    Il se dit aussi des choses. Pourquoi railler de la conversion de cet homme ? ce qu'il fait, c'est ce qu'il faudra que vous fassiez vous-même un jour. [Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 385]

  • 3Ne pas parler sérieusement, badiner. Ne raillez point. Je vous parle sans feindre, et ne sais point railler, Lorsqu'au salut commun il nous faut travailler. [Corneille, Pulchérie]
  • 4Se railler, vpron Se moquer. C'est une méchante raillerie que de se railler du ciel. [Molière, Dom Juan, ou le Festin de Pierre] Il n'y a maintenant qu'à nier d'un certain air le péché originel, l'immortalité de l'âme, ou se railler de quelque sentiment reçu dans l'Église, pour acquérir la rare qualité d'esprit fort parmi le commun des hommes. [Malebranche, De la Recherche de la vérité] De là vient qu'on s'est raillé de Gorgias pour avoir appelé Xercès le Jupiter des Perses, et les vautours des sépulcres animés. [Boileau, Réflexions critiques sur Longin]

    Se moquer l'un de l'autre. Vous aviez épuisé tout votre voisinage [pour s'en moquer], Et la disette enfin allait nous obliger à nous railler l'un l'autre. [Collin D'harleville, Malice pour malice, I, 2]

  • 5Badiner, ne pas parler sérieusement. Cet homme se raillait assez hors de saison. [La Fontaine, Fables]

+

RAILLER. - ÉTYM. Ajoutez : Railler est le même mot que érailler ; et, comme il est probable que érailler a pour origine eradiculare, il est probable aussi que radiculare est l'origine de railler (voir ÉRAILLER au Supplément).

  • rechercher