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serf, erve

nm et nf (sèrf, sèr-v' ; au pluriel, la plupart font entendre l'f ; cependant quelques-uns le prononcent sêr, comme cerfs ; c'est ainsi qu'au XVIe siècle Palsgrave, p. 25, indique la prononciation ; Masson, Helvét. I, l'a fait rimer avec fers : Et fussions-nous vaincus, nous ne serons point serfs ; Ainsi que le vautour sur son rocher sauvage, Tu pourras dominer entouré de carnage ; Mais nos ossements seuls resteront dans tes fers. Au pluriel, l's ne se lie pas : des serf affranchis ; cependant quelques-uns la lient : des serf-z affranchis)
  • 1Celui qui ne jouit pas de la liberté personnelle, esclave. Qu'était Rome, en effet ? qui furent vos ancêtres ? Un vil amas de serfs, échappés à leurs maîtres. [Saurin, Spartacus, III, 4] Athènes eut vingt serfs pour un citoyen ; la disproportion fut encore plus grande à Rome devenue la maîtresse du monde. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Fig. Étant serf du désir d'apprendre et de savoir. [Régnier, Satires] La superstition guide leurs pas errants ; Elle est reine du peuple et serve des tyrans. [Masson, Helvétiens, V]

    Serfs de la sainte Mère de Dieu ou Blancs-Manteaux, ordre religieux fondé à Marseille (au XIIIe siècle).

  • 2En particulier au moyen âge, sous la féodalité et dans les pays qui sont encore régis par des institutions féodales, personne attachée à la glèbe et ne pouvant disposer ni de sa personne ni de son bien. Les serfs du domaine du roi furent affranchis par un édit de Louis XVI. [Dictionnaire de l'Académie Française] Un serf n'a point de famille, ni par conséquent de nation. [Montesquieu, L'esprit des lois] Les seigneurs, en affranchissant leurs serfs, se privèrent de leurs biens ; il fallut donc régler les droits que les seigneurs se réservaient pour l'équivalent de leurs biens. [Montesquieu, ib. XXVIII, 45] Louis VI déclara par une charte que les serfs ou hommes de corps de l'église de Paris pourraient témoigner contre qui ce fût. [Saint-foix, Ess. Paris, Oeuv. t. III, p. 214, dans POUGENS] C'est en vertu de cette loi [du pape Alexandre III, que tous les chrétiens devaient être exempts de la servitude] que, longtemps après, le roi Louis Hutin dans ses chartes déclara que tous les serfs qui restaient encore en France devaient être affranchis, parce que c'est, dit-il, le royaume des Francs. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] J'ai eu la visite d'un serf et d'une serve des chanoines de Saint-Claude. [Voltaire, Correspondance] Les moines possèdent la moitié des terres de la Franche-Comté, et toutes ces terres ne sont peuplées que de serfs. [Voltaire, Pol. et lég. Extrait d'un mémoire.] La Pologne serait beaucoup plus riche, plus peuplée, plus heureuse, si les serfs étaient affranchis, s'ils avaient la liberté du corps et de l'âme. [Voltaire, Correspondance] Les possessions ordinaires des serfs, le fond de leur existence, consistaient moins en propriétés qu'en amodiations de terres concédées à charge de service et de cens. [Naudet, Instit. Mém. inscr. et bell. lett. t. VIII, p. 585]
  • 3 Terme d'alchimie. Le serf rouge, la magnésie.
  • 4 Adj. Qui appartient au servage. Les hommes serfs. Condition serve. Ces moines [de Saint-Claude] prétendent justifier cet abominable usage [le servage conservé chez eux] ; ils répandent partout que ces serfs sont les plus heureux de tous les hommes, et que les terres serves sont les plus peuplées. [Voltaire, Pol. et lég. Extrait d'un mémoire.]

    Héritage serf, héritage pour lequel il était dû une somme au seigneur.

    Fig. Qui est sans indépendance. Des esprits serfs. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard]

    Serf arbitre, se dit, par opposition à libre arbitre, de la volonté déterminée par l'ordre de Dieu ou par l'ordre des choses. Luther a écrit un livre sur le serf arbitre.

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