tâcher
- 1Faire des efforts pour venir à bout de.
Pour ce qui regarde le conseil que vous me donnez de disposer mes raisons selon la méthode des géomètres.... je vous dirai ici en quelle façon j'ai déjà tâché ci-devant de la suivre, et comment j'y tâcherai encore ci-après
. [Descartes, Rép. aux sec. obj. 48]Je définis la cour un pays où les gens.... Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'ils ne peuvent l'être, Tâchent au moins de le paraître
. [La Fontaine, Fables]Ma foi, monsieur, si vous m'en croyez, vous tâcherez, par quelque autre voie, d'accommoder l'affaire
. [Molière, Le bourgeois gentilhomme]La maison de France, la plus grande sans comparaison de tout l'univers, et à qui les plus puissantes maisons peuvent bien céder sans envie, puisqu'elle tâchent de tirer leur gloire de cette source
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Et sur les pieds en vain tâchant de se hausser
. [Boileau, L'art poétique]Les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu'ils voient, et à tâcher de deviner ce qu'ils ne voient point
. [Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des Mondes]La politique tâche sans cesse de concilier l'erreur reçue et le bien public
. [Voltaire, Dialogue de Pégase et du vieillard] - 2Suivi de à ou de y, travailler à, s'efforcer de.
Je vous assure qu'en courant tant de différents royaumes, je songe toujours à vous, et je tâche à former quelque dessein que vous puissiez un jour exécuter
. [Voiture, Lettres]Et d'un tel contretemps il fait tout ce qu'il fait, Que, quand il tâche à plaire, il offense en effet
. [Corneille, Le menteur]Voilà des raisons solides et qui méritent qu'on y réponde ; il faut y tâcher
. [La Fontaine, Pysché, I, p. 99]Ma foi, je ne sais pas Quand on verra finir ce galimatias ; Depuis assez longtemps je tâche à le comprendre
. [Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire]Je vois qu'envers mon frère on tâche à me noircir
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]J'ai bien senti cette joie [d'être avec Mme de Grignan], je ne me reproche rien ; j'ai bien tâché à retenir tous les moments, et ne les ai laissés passer qu'à l'extrémité
. [Sévigné, 10 nov. 1673]Je tâche tous les jours à profiter de mes réflexions
. [Sévigné, 30 oct. 1673]L'homme, loin de faire Dieu semblable à soi, tâche plutôt, autant que le peut souffrir son infirmité, à devenir semblable à Dieu
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]J'ai l'horreur du vice, je tâche à me tenir exempt de certaines passions
. [Bourdaloue, Pensées, t. II, 450]De belles dents, qui ne sont belles et blanches à leur tour que parce qu'elles se trouvent heureusement ainsi sans qu'on y tâche
. [Marivaux, Le paysan parvenu]Familièrement. Il n'y tâchait pas, il ne l'a pas fait exprès, avec intention.
Familièrement. Pardonnez-lui, il n'y tâchait pas, se dit par plaisanterie, quand un homme a fait quelque chose de bien plutôt par hasard qu'à dessein.
- 3 Absolument, faire des efforts pour une oeuvre à laquelle on n'est pas propre.
Nous ne serons jamais aussi heureux que les sots ; mais tâchons de l'être à notre manière... tâchons... quel mot ! rien ne dépend de nous
. [Voltaire, Correspondance]Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
REMARQUE
1. On a essayé de distinguer un sens entre tâcher de et tâcher à, disant que le premier s'emploie quand il s'agit d'une action qui n'a pas un but marqué hors du sujet : Je tâcherai d'oublier cette injure ; et le second, quand il s'agit d'une action qui a un but marqué hors du sujet : Il tâche à m'embarrasser, à me nuire. Mais cette distinction n'est pas appuyée par l'usage des auteurs ; et il faut en revenir à ce que disait Bouhours, que c'est l'oreille qui doit décider en chaque cas entre à et de.
2. Je tâcherai qu'il soit content, est incorrect. Le subjonctif constitue un régime direct, et tâcher n'en reçoit pas ; on ne dit pas non plus : Tâchez à ce qu'il soit content.
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TÂCHER. - REM.Tâchez surtout que ce soit prompt. [Vitet, États d'Orléans, III, 24]
Il veut faire du scandale ; tâchez qu'il y en ait le moins possible. [Dumas Fils, Étrangère, IV, 5]
Occupe-toi de nos amis, tâche qu'ils ne parlent pas trop haut. [Jalin, Comtesse Romani, II, 2] Après un nouvel examen, il ne paraît pas que la locution doive être condamnée. C'est une locution analogue à : Je vous informe que.... (voir INFORMER au Supplément).
Quand j'ai voulu me taire, en vain je l'ai tâché. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] ; cela n'est plus usité.
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