tellement
adv. (tè-le-man)
- 1De telle façon.
Les princes sont tellement les ministres de Dieu, qu'ils sont hommes néanmoins et non pas dieux
. [Pascal, Les provinciales]Quand la fortune eut abandonné la reine, elle s'enrichit plus que jamais elle-même de vertus, tellement qu'elle a perdu pour son propre bien cette puissance royale qu'elle avait pour le bien des autres
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Ceux qui se donnent tellement à Dieu, qu'ils ont toujours un regard au monde
. [Bossuet, Panégyrique]Il est tellement éloigné du langage commun, qu'il n'en est pas moins naturel
. [Lamotte, cité dans L. RACINE, Rem. sur le théât. de J. Rac. disc. prélim.]Mon père comprit qu'un intendant placé entre le roi et le peuple doit se regarder comme l'homme de l'un et de l'autre, tellement destiné à être l'organe des volontés du maître qu'il le soit peut-être encore plus des voeux et des prières des sujets
. [D'aguesseau, Vie de son père.] - 2À un si haut degré.
Elle [l'âme] voit un objet [Dieu] au prix duquel elle se compte pour rien, et en est tellement éprise qu'elle le préfère à soi-même, non-seulement par raison, mais par amour
. [Bossuet, Oraisons funèbres]Elle se trouve tellement changée, qu'elle avait peine à le croire
. [Bossuet, Oraisons funèbres]L'esprit est tellement esclave de l'imagination, qu'il lui obéit toujours lorsqu'elle est échauffée
. [Malebranche, De la Recherche de la vérité]On dit aussi : tellement que de, avec l'infinitif.
Thésée n'est pas tellement dépouvu de sens, que d'attacher tant de prix à des conquêtes vulgaires
. [Courier, Éloge d'Hélène.] - 3Tellement que, signifie aussi si bien que. Tellement donc que vous ne voulez plus entendre parler de lui.
- 4Tellement quellement, loc. adv.
Ni bien ni mal, mais plutôt mal que bien, Elle se défit tellement quellement d'une visite sérieuse qui l'assiégeait
. [Hamilton, Mémoires du chevalier de Grammont]Laisser aller le monde comme il va, faire son devoir tellement quellement, et dire toujours du bien do M. le prieur, est une ancienne maxime de moine
. [Voltaire, Pol. et lég. Ce qu'on ne fait pas.]
+
- REM. La locution tellement quellement est plus ancienne que ne le feraient croire les citations rapportées dans le Dictionnaire. Elle est dans Malherbe : Le ballet fut donné tellement quellement, et non comme il est décrit dans le discours qui s'en est imprimé, Lexique, éd. L. Lalanne.
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