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tu [1]

pron. pers. de la seconde personne du singulier et des deux genres (tu), TOI (toi), TE (te)
  • 1Tu est toujours employé comme sujet. Tu l'as voulu. Que demandes-tu ? Tu y étais. Tu nous parleras. Cléanthis : Ah ! ah ! tu t'en avises, Traître, de t'approcher de nous ! - Sosie : Mon Dieu ! qu'as-tu ? toujours on te voit en courroux. [Molière, L'amphytrion]

    Substantivement, le tu, le toi, l'action de tutoyer. M. de Bussy demande si l'on doit se tutoyer en amour ; et, après avoir dit que cela est indifférent, il finit par ces vers : Le vous me paraît plus galant ; Mais je trouve le toi plus tendre, Dict. de Trévoux, Tu. Les poëtes ont conservé le tu ; et, en vers, cette licence a de la noblesse, parce qu'on paraît s'égaler à son supérieur. [Condillac, Gram. II, 7]

  • 2Toi s'emploie comme régime direct. Qui a-t-on voulu désigner ? toi. Il veut vous voir, toi et ton frère. Il n'y a que toi qui puisses le faire. Aide-toi, le ciel t'aidera. [La Fontaine, Fables] À ta faible raison garde-toi de te rendre ; Dieu t'a fait pour l'aimer, et non pour le comprendre. [Voltaire, La Henriade]

    Comme régime indirect ou comme régime de préposition. Je compte sur toi. On a parlé de toi. C'est par toi que cela se fera. à qui a-t-on voulu parler ? à toi. Ton maître te fait signe, et veut parler à toi. [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants. [Racine, Andromaque]

  • 3 Par abus et par oubli de l'ancienne langue, toi est employé comme sujet dans certains cas déterminés.

    Il l'est, en jonction avec un nom, ou avec un autre pronom. Ta soeur et toi, venez nous voir. Nul autre que toi n'aura l'héritage. Personne que toi n'est si bien placé.

    Il l'est dans les réponses. Qui sera chargé de cette besogne ? toi.

    Il l'est devant le pronom relatif. Voudrais-je t'affliger, toi que j'aime tant ? Que répondras-tu à cela, toi qui.... Et toi, soleil, et toi qui dans cette contrée Reconnais l'héritier et le vrai fils d'Atrée. [Racine, Iphigénie en Aulide] Ô toi, qui vois la honte où je suis descendue, Implacable Vénus, suis-je assez confondue ! [Racine, Phèdre] Toi, qui prévois tout, lui dit-il [Louis XI, à un astrologue], quand mourras-tu ? [Duclos, Oeuv. t. III, p. 345]

    Il l'est par réduplication. Toi, tu oserais le défier ! Toi, tu soutiens telle opinion, et moi telle autre.

    Elliptiquement. Toi me trahir ! faire une bassesse, toi ! serais-tu capable de me trahir, de faire une bassesse ? Pourquoi faut-il encor que ma main trop timide Reconnaisse un ami dans les traits d'un perfide ! Qui ? toi ? tu me trahis ? [Lafosse, Manlius, IV, 4]

    Il l'est par opposition avec un nom ou un autre pronom. Toi et moi nous irons ensemble. Toi et ton frère, que faites-vous aujourd'hui ? Toi et lui, vous êtes deux fripons.

    Il l'est avec c'est, c'était, etc. Le jeune homme s'émeut, voyant peint un lion : Ah ! monstre ! cria-t-il, c'est toi qui me fais vivre Dans l'ombre et dans les fers ! [La Fontaine, Fables] C'est toi dont l'ambassade à tous les deux fatale.... [Racine, Andromaque]

    Toi joue aussi quelquefois le rôle d'un substantif. La première chose que je lui reproche [à un portrait], est de te ressembler et de n'être pas toi, d'avoir ta figure et d'être insensible. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse]

  • 4Te s'emploie comme régime direct. Je veux bien t'attendre. Je te crois un peu fourbe. Pourrais-tu te résoudre à me quitter ainsi ? [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Je devrais sur l'autel où ta main sacrifie Te.... mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter. [Racine, Athalie]

    Comme régime indirect. Je te le promets. ...S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, à qui pourrait-on pardonner ? Toi-même tu te fais ton procès.... [La Fontaine, Fables] Je te les vais montrer l'un et l'autre à la fois. [Racine, Athalie]

    Il t'est parent, voir LEUR.

    L'e de te s'élide devant une h muette ou une voyelle. Tu t'honores par cette conduite. Ne t'amuse pas en chemin.

  • 5Toi-même, voir MÊME.

    Substantivement, un autre toi-même, voir MÊME.

  • 6 Familièrement. Être à tu et à toi avec quelqu'un, être assez intime pour le tutoyer et en être tutoyé.

REMARQUE

1. Lorsque toi se trouve après la seconde personne de l'impératif et qu'il est suivi de en ou de y, on élide oi, on met une apostrophe, et on joint par un trait d'union t' au verbe. Informe-t'en. Fais-t'en donner la moitié. Va-t'en. Garde-t'en bien. Mets-t'y. Jette-t'y. Accroche-t'y. J'en goûterai désormais, attens-t'y. [La Fontaine, Cuv.] Un seul serment suffit à la vie d'un homme : tu en as déjà prêté un, tiens-t'y. [Ch. de Bernard, le Gentilhomme campagnard, II, 28]

2. Il ne serait pas incorrect de dire : mets-y-toi, jettes-y-toi. Mais on évite ces façons de parler peu usitées.

3. On a prétendu que l'usage n'admet pas t'y avec les verbes en ier. Cela n'est pas exact ; on peut dire : réfugie-t'y, fie-t'y.

4. Quand toi est régime indirect ou direct d'un verbe à l'impératif, il se met toujours après, et on l'y joint par un trait d'union. Tais-toi. Retire-toi. Fais-toi donner la bourse.

5. Avec l'impératif, c'est toujours toi qu'on emploie, comme régime soit direct, soit indirect. Cependant, quand il y a deux impératifs de suite, on peut remplacer toi par te dans le second : Approche-toi et te mets en ma place.

6. Te, régime direct ou indirect, se met immédiatement avant le verbe. Je t'aime. Je t'annonce cette nouvelle. Si le verbe a en outre un autre régime exprimé par le, la, les, te se met avant le, la, les. Je te le dis. Je te la recommande. Je te les annonce. Mais cette construction ne se fait pas avec me, avec vous, avec nous, avec leur ; on ne dit pas : je te me recommande, mais : je me recommande à toi.

7. Ta soeur ou toi, ta soeur et toi, vous aurez l'héritage. On peut aussi supprimer vous, et dire : ta soeur et toi aurez l'héritage. Même remarque avec ni. Ni ta soeur ni toi, vous n'aurez ou n'aurez l'héritage.

8. Ton frère aussi bien que toi est digne de louange. On peut dire aussi : ton frère aussi bien que toi, êtes dignes de louange.

9. La seconde personne a deux pronoms pour le singulier, tu et vous. Tu s'emploie dans la familiarité entre camarades, amis, parents, mari et femme, etc. Il s'emploie aussi en parlant à des enfants et quelquefois à des personnes fort inférieures. Quelquefois au contraire il fait partie du style oratoire et poétique, et c'est de lui qu'on se sert pour s'adresser aux personnages qu'on respecte le plus, aux monarques, à Dieu même. Ce tutoiement respectueux est un retour à l'antique manière de parler, où l'on ne disait pas vous à une seule personne ; et c'est cet archaïsme qui lui donne sa majesté. Dans les traductions des auteurs anciens, il est d'usage aujourd'hui d'employer le tu ; dans les traductions du XVIIe siècle, on employait la distinction moderne entre tu et vous.

10. Dans l'ancienne langue, toi était toujours régime ; et partout où nous l'employons comme sujet, nos aïeux mettaient tu : tu qui parles ; autre que tu ne l'auras, etc. Cela était la véritable construction ; car toi, représentant te, ne pouvait être sujet.

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