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voler [2]

vt (vo-lé)
  • 1Prendre furtivement ou par force la chose d'autrui. Voler de l'argent, des hardes, les deniers de l'État. Je ne veux point sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traître dont les yeux maudits assiégent toutes mes actions.... et furètent de tous côtés pour voir s'il n'y a rien à voler. [Molière, L'avare] Je crois qu'ils se font signe l'un à l'autre de me voler ma bourse. [Molière, Le bourgeois gentilhomme] Il prit envie à M. Verrat [un des compagnons de Rousseau], qui n'avait pas beaucoup d'argent, de voler à sa mère des asperges dans leur primeur, et de les vendre pour faire quelques bons déjeunés. [Rousseau, Les confessions]

    Fig. Dès sa première enfance elle [une dame] vola la blancheur à la neige et à l'ivoire, et aux perles l'éclat et la netteté. [Voiture, Lettres]

    Absolument. On vole dans ce quartier. Voler sur les grands chemins.

    Fig. Voler jusque sur l'autel, n'avoir rien de sacré. J'allai répandre mon chagrin dans le sein de Mme Harenc : " Assurément, dit-elle, c'est bien là voler sur l'autel, ". [Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants]

    Fig. et familièrement. Il ne l'a pas volé, il a bien mérité ce qui lui est arrivé.

  • 2Voler quelqu'un, lui prendre quelque chose qui lui appartient. On m'a volé au sortir du spectacle. Ah ! qu'un homme comme cela mériterait bien ce qu'il craint ! et que j'aurais de joie à le voler ! [Molière, L'avare] Ce petit manége [voler des asperges pour le compte d'un autre] dura plusieurs jours, sans qu'il me vînt même à l'esprit de voler le voleur, et de dîmer sur M. Verrat le produit de ses asperges. [Rousseau, Les confessions]

    On dit de même : Voler la diligence. Le coquin dans le bois a volé quelque coche. [Regnard, Démocrite]

    Fig. De son astre opposé telle est la violence Qu'il [Sertorius] me vole partout, même sans qu'il y pense, Et que, toutes les fois qu'il m'enlève mon bien, Son nom fait tout pour lui, sans qu'il en sache rien. [Corneille, Sertorius]

  • 3 Fig. S'emparer d'une façon quelconque d'un bien qui appartient à un autre. Suréna, de l'exil lui seul m'a rappelé, Il m'a rendu lui seul ce qu'on m'avait volé, Mon sceptre.... [Corneille, Suréna] Et si quelque insolent lui volait sa conquête [Hélène]. [Racine, Iphigénie en Aulide]

    Voler un nom, un titre, s'attribuer un nom, un titre. Mais conniver en lâche à ce nom qu'on me vole, Quand son père à mes yeux au lieu de moi l'immole ! [Corneille, Héraclius, empereur d'Orient] C'est un titre qu'en vain il prétend me voler. [Racine, Iphigénie en Aulide]

  • 4 Fig. S'approprier les pensées et les expressions des autres. Voler des pensées à un auteur. Voler des phrases. Il a volé cela dans tel livre. Voler ceux [auteurs] de son siècle en s'appropriant leurs pensées et leurs productions, c'est tirer la laine au coin des rues, c'est voler les manteaux sur le Pont-Neuf. [La Mothe le Vayer, lettre citée par BAYLE, Dict. art. Éphores.] Je vous supplierai de me renvoyer votre dernière copie [de Tancrède] avec la première.... car il faut confronter ; quand il n'y aurait qu'un vers heureux à se voler à soi-même, il ne faut rien négliger. [Voltaire, Correspondance]
  • 5 Fig. Se réserver, comme par un vol, un moment. Je volais un moment à mes douleurs, pour tâcher d'être plaisant dans ce moment-là. [Voltaire, Correspondance]
  • 6Se voler, vpron Se voler soi-même. Ciel ! à qui désormais se fier ! il ne faut plus jurer de rien ; et je crois, après cela, que je suis homme à me voler moi-même. [Molière, L'avare]

    Se voler l'un l'autre. Ces deux coquins se sont volés.

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